Migliaro (Vincenzo)
Peintre italien (Naples 1858 – id. 1938).
Il se forma d'abord près de Stanislao Lista, puis étudia avec Morelli à l'Istituto di Belle Arti de Naples. Il fut également sculpteur, ciseleur et graveur. Très jeune, il s'affirme avec des œuvres qui restent parmi les plus intéressantes de sa vaste production. Il se plaît dans les narrations aux descriptions attentives et minutieuses de la vie des quartiers populeux de Naples au XIXe s. À coups de traits incisifs, la toile s'anime de femmes du peuple et de gamins des rues, de prostituées et de marchands ambulants dans la bigarrure ondoyante d'un linge qui sèche au soleil, dans les ruelles et les bas-fonds d'une ville désormais à son déclin. D'abord sensible aux misères de Naples dans ses premières œuvres réalistes, Migliaro se tourne par la suite vers un style plus séduisant empreint du colorisme de Fortuny ; il fut parfois surnommé " le Renoir napolitain ". La plus grande partie de son œuvre se partage entre le Museo di San Martino (Ruelle populaire ; Sur la place des Français) et Capodimonte (Gitane ; la Place du marché) à Naples.
Mignard (Nicolas) , dit Mignard d'Avignon
Peintre français (Troyes 1606 – Paris 1668).
Il fut formé à Troyes, à Fontainebleau et à Paris, comme son frère Pierre. À part un séjour à Rome (1635-36) au cours duquel il étudia attentivement A. Carracci, Nicolas Mignard fit la plus grande partie de sa carrière en Avignon. Ce n'est qu'en 1660 qu'il gagne Paris ; il est reçu à l'Académie en 1663 et consacre ses dernières années à la décoration du palais des Tuileries ; sa réputation est alors l'égale de celle de son frère. Si ses portraits ne sont plus connus que par la gravure (citons pourtant son Molière, Paris, Comédie-Française) si ses œuvres mythologiques sont devenues rares (Mars et Vénus, 1658, musée d'Aix-en-Provence ; cycle décoratif, en partie d'atelier, au musée d'Avignon), ses compositions religieuses — conservées en grand nombre à Avignon (église Saint-Pierre, chapelle des Pénitents gris et des Pénitents noirs, 6 tableaux à Notre-Dame-des-Doms ; Saint Bruno, 1638, Saint Simon Stock, 1644, Déploration du Christ, 1655, au musée) ou dans la région (bel ensemble au musée, notamment le Christ et les Docteurs, 1649, et à l'église de Villeneuve-lès-Avignon, églises de Tarascon, Apt, Cavaillon notamment) — font de lui l'un des peintres français les plus importants de sa génération. D'abord proche de Vouet, son art évolue autour de 1650 vers un style plus dépouillé et plus lourd, parfois assez proche de celui de son frère. La quasi-totalité des dessins de l'artiste est entrée au Louvre en 1978. Une exposition a été consacrée à Nicolas Mignard à Avignon (palais des Papes) en 1979.
Mignard (Pierre)
Peintre français (Troyes 1612– Paris 1695).
Après un apprentissage auprès de Jean Boucher à Bourges, il étudie les grands décors de Fontainebleau, comme son frère Nicolas. Protégé par le maréchal de Vitry, il entre à Paris dans l'atelier de Simon Vouet, où il se lie d'amitié avec le peintre et écrivain Dufresnoy ; il retrouve celui-ci en Italie, où il se rend en 1635 et où il passera plus de vingt ans. Son activité d'alors reste mal connue ; plutôt que de grandes compositions religieuses (Saint Charles Borromée, largement diffusé par la gravure bien que seul le modello, musée du Havre, paraisse avoir été réalisé ; peintures à Saint-Charles-aux-Quatre-Fontaines, Rome), où il semble avoir combiné le style bolonais avec l'influence de Pierre de Cortone, il a vécu de ses tableaux de dévotion (ses célèbres Vierges, les " mignardes ", ne nous sont plus connues que par les gravures de F. de Poilly ou des exemplaires médiocres) et de ses portraits, dont les 2 seuls actuellement connus sont tardifs : Dignitaire de l'ordre de Malte, daté de 1653 (Malte, palais S. Anton), et Portrait d'homme (1654, musée de Prague). Allant à Venise en 1654, il rencontre l'Albane à Bologne, dont l'influence le marquera peut-être moins que celle de Dominiquin.
De retour en France en 1657, il suscite l'admiration par ses portraits de femmes, souvent flatteurs (Duchesse de Portsmouth, 1682, Londres, N. P. G.), par différents plafonds, tous disparus, pour des hôtels parisiens et par sa grande composition à fresque dans la coupole de l'église du Val-de-Grâce (1663). Le coloris en est un peu gris (à la suite, nous disent les sources, de l'emploi d'une chaux mal éteinte dans le mortier), mais l'ordonnance claire et rigoureuse de ce ciel peuplé de quelque 200 figures, la seule grande coupole peinte au XVIIe s. qui subsiste en France, reste saisissante. Mignard se pose alors en rival de Le Brun et prend la tête de l'Académie de Saint-Luc, en lutte avec l'Académie royale. Longtemps écarté des chantiers royaux, il peut enfin exécuter de grandes décorations, d'abord pour le duc d'Orléans à Saint-Cloud (1677-1680, détruites mais en partie gravées par J.-B. de Poilly ; cet ensemble était complété par une Pietà, peinte pour la chapelle du château en 1682, auj. à l'église Sainte-Marie-Madeleine de Gennevilliers), pour le Grand Condé (Andromède, 1679, Louvre), puis pour Monseigneur à Versailles (1683-84), enfin pour Louis XIV lui-même : en 1685, il peint les plafonds de la Petite Galerie (gravés par G. Audran) et les 2 salons qui l'accompagnent. Tous ces plafonds sont malheureusement détruits ; or, ils formaient la part que le peintre lui-même jugeait la plus importante de son œuvre. Appuyé par Louvois, Mignard supplante progressivement Le Brun, avec qui il mène une lutte ouverte. Épisodes de cette lutte, un Portement de croix offert au roi en 1684 (Louvre), une Famille de Darius (Ermitage) qui rivalise en 1689 avec le tableau qui avait jadis fait la gloire de Le Brun. À la mort de celui-ci (1690), Mignard, presque octogénaire, lui succède dans ses charges et dignités et déploie une incroyable activité. Il multiplie les projets pour la décoration de l'église des Invalides (dessins au Louvre), entreprend 2 plafonds pour le petit appartement du roi à Versailles (fragments aux musées de Grenoble, de Lille, de Toulouse, de Dinan, au château de Fontainebleau) et peint une série de tableaux religieux au coloris rare et subtil : le Christ et la Samaritaine (1690, Louvre ; une version antérieure à Raleigh, North Carolina Museum), le Christ au roseau et le Christ entre les soldats (1690, musées de Toulouse et de Rouen), Sainte Cécile (1691, Louvre), la Foi, l'Espérance (1692, musée de Quimper). Il meurt en mettant la dernière main à son Autoportrait en saint Luc (musée de Troyes).
Paradoxalement, la plupart de ses œuvres qui ont échappé à l'oubli (y compris la presque totalité des quelque 300 dessins que conserve le Louvre) datent des dernières années de sa longue vie. Il reste célèbre comme portraitiste, bien que la plupart des œuvres qui lui sont attribuées soient douteuses ou copiées et accentuent les défauts des originaux : modelé rond et mou, sentiment trop suave. Dans ce domaine aussi, des découvertes futures, que laisse espérer la haute qualité du dessinateur, devraient prendre place aux côtés des quelques portraits qui nous paraissent aujourd'hui échapper à la convention par leur riche orchestration (Famille du Grand Dauphin, Versailles), la sincérité du sentiment (Fillette aux bulles de savon, dite Mademoiselle de Blois, id.), l'attention au réel : portraits de Madame de Maintenon (1691, id.), de Tubeuf (1663, id.), de Colbert de Villacerf (1693, id.).