Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Wilkie (sir David)

Peintre britannique (Cults, près d'Édimbourg, 1785  – mort en mer au large de Gibraltar 1841).

Il se forma à Édimbourg, à la Trustee's Academy — Autoportrait, la Foire de Pitlessie (1804, Édimbourg, N. G.) —, voyagea en Écosse en 1804-1805, où il exerça une activité de portraitiste marquée par l'influence de Raeburn, puis se rendit à Londres en 1805 et y connut un succès immédiat : le Violoneux aveugle (1806, Londres, Tate Gal.). Il fut nommé A. R. A. en 1809 et R. A. en 1811. Son adaptation à la peinture historique du style de la peinture de genre, telle que la pratiquaient Téniers et Van Ostade, prenant souvent comme base la réalité écossaise (Distraining For Rent, 1815, Édimbourg, N. G.), fut considérée comme une grande innovation et, sa vie durant, on tint Wilkie pour l'un des plus grands artistes anglais, comme en France, où il avait été popularisé par la gravure après son séjour de 1814 : la Lettre d'introduction (1813, Édimbourg, N. G. ; esquisse à Londres, V. A. M.), le Colin-Maillard (1811, Tate Gal. ; autre version, 1812, Londres, Buckingham Palace) ; The Penny Weddling, (1818, id.). Le roi de Bavière acheta à l'artiste l'Ouverture du testament (1820, Munich, Neue Pin.) et celui-ci fut l'un des peintres préférés de George IV ; vers 1820, Wilkie délaissa la manière hollandaise pour une facture plus large : Prédication de John Knox, commandé en 1822 par lord Liverpool, acheté en 1832 par sir Robert Peel, et surtout les Pensionnaires de Chelsea apprenant la nouvelle de la victoire de Waterloo (1817-1821, Londres, Wellington Museum), son œuvre la plus célèbre ; exposée à la Royal Academy, elle lui valut un succès si prodigieux que, pour la première fois, on dut réglementer et organiser l'accès du public. Après avoir effectué un long voyage sur le continent (1825-1828), Wilkie subit de manière assez forte l'influence de l'art italien et espagnol. L'échelle de ses personnages devint plus grande, ses compositions devinrent plus fermes et son coloris fut plus brillant, dérivé en fait de celui de Rubens : la Fille de Saragosse (1828, coll. royale britannique), George IV reçu par les nobles et le peuple écossais à Holyrood, 15 août 1822 (1828-1830, Holyrood House, Édimbourg), Joséphine et la diseuse de bonne aventure (1837, Édimbourg, N. G.), la Toilette de la mariée (1838, id.). Nommé peintre ordinaire du roi à la mort de Lawrence, Wilkie fut anobli en 1836, consacrant ces années à de nombreux portraits de la famille royale. Profondément religieux, l'artiste visita la Terre sainte en 1840-41, désireux de trouver une inspiration nouvelle et exacte pour traiter l'histoire sainte (on sait que, plus tard, les préraphaélites s'engagèrent dans une voie identique). Son voyage oriental lui inspira quelques portraits : Mehemet Ali, Mrs. Elizabeth Young en costume oriental (1841, Tate Gal.), le Sultan Abdul Meedgid (1841, Londres, Buckingham Palace). Il mourut en mer sur le chemin du retour, ses funérailles formant le sujet de la célèbre toile de Turner : la Paix, funérailles en mer (1842, Londres, Tate Gal.). Wilkie fut aussi un grand portraitiste, dans la lignée de Reynolds et de Lawrence (Viscount Arbuthnot, Lawrencekirk Council, Saint Lawrence's Hall), et un dessinateur habile, à la ligne sinueuse et à la technique précise, et l'on en trouve des exemples en Angleterre, à Windsor Castle, Oxford (Ashmolean Museum), Birmingham (City Museum), Édimbourg (N. G.), Londres (V. A. M. ; Tate Gal. ; British Museum ; Witt Coll.), ainsi qu'aux États-Unis, aux musées de Philadelphie, Princeton et New Haven (Yale University, où une exposition a eu lieu en 1986).

Willaerts (les)

Peintres néerlandais.

 
Adam (Anvers 1577  – Utrecht 1664). Comptant parmi les fondateurs de la gilde d'Utrecht, dont il fut à plusieurs reprises le doyen entre 1611 et 1637, il se spécialise dans les marines et les vues de côtes, qu'il décrit avec minutie, dans un réalisme gauche mais plein de saveur inspiré par Bruegel de Velours et, d'une façon plus proche, par H. Vroom : détails quasi énumératifs des poissons ramenés de la pêche, notes multicolores et vives des costumes, gréements rendus avec beaucoup de finesse et de précision et, à partir de 1630 environ, moutonnement mécanique et quelque peu artificiel des vagues. Il utilise les procédés archaïques de composition par étalement des objets et fait appel à la présentation frontale selon le vieux système des trois plans échelonnés en profondeur : avant-plan brun sombre, milieu vert sombre, arrière-plan bleuâtre. Plusieurs fois, Willem Ormea a collaboré à ses tableaux pour y peindre les poissons.

   Adam Willaerts est particulièrement bien représenté à Amsterdam (Rijksmuseum et Musée maritime) : batailles navales, comme celle de Gibraltar (1617), Tempêtes en mer (1614), et à Rotterdam (B. V. B.) avec l'immense représentation de l'Embouchure de la Meuse à Den Briel (1633), l'un de ses chefs-d'œuvre.

   On doit faire, dans l'œuvre du peintre, une place spéciale à ses tableaux plus anecdotiques, comme ses Bords de mer (1621, Rijksmuseum ; Dresde, Gg ; 1620, Hambourg, Kunsthalle), où les rochers et la nature sauvage, qui annoncent déjà les sites norvégiens chers à Allaert Everdingen, sont traités avec un talent d'inspiration nettement flamande. Adam Willaerts s'est parfois servi pour représenter l'eau de prétextes bibliques (Sermon sur le lac de Génésareth, musée de Saratov, Russie).

 
Abraham (Utrecht v. 1603 – id. 1669) . Fils du précédent, il a peint lui aussi des Marines et des Côtes dans le goût de son père, avec lequel on le confond parfois, bien qu'il utilise une coloration plus souple et sensible aux nuances atmosphériques. Mais toute une partie de sa carrière et de son œuvre — ne se bornant point à l'atelier paternel — échappe au milieu mariniste. Ainsi, on vient de retrouver à Angers un Joueur de violon, signé, d'inspiration nettement caravagesque. Abraham étudia également chez Bylert, puis chez Vouet à Paris, et voyagea en Italie, notamment à Naples et à Rome (en 1659, son surnom dans la Bent était " Indian ", sans doute à cause de sa participation à l'expédition de Jean Maurice de Nassau au Brésil, en 1637-1644). On connaît ainsi de lui des Paysanneries, d'un goût rustique proche de celui des Le Nain et de certains de leurs imitateurs, de Kalf et Sorgh (Maternité, musée de Grenoble ; Pâtres dans un paysage italianisant, musée de La Fère). Abraham a exécuté également d'assez nombreux portraits (musées de Grenoble, d'Utrecht, de Cambridge).

 
D'autres fils d'Adam furent eux aussi peintres : Cornelis ( ? – Utrecht 1666) , maître en 1622, qui a laissé des tableaux mythologiques : Bacchus et Ariane (Ermitage) ; Isaac (Utrecht v. 1620 – Utrecht 1693) , maître en 1637, dont on voit des œuvres dans les musées d'Emden (Poissons morts), d'Utrecht et de Rotterdam (B. V. B. : Marines).