Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Diebenkorn (Richard)

Peintre américain (Portland 1922  – Berkeley 1993).

Il étudie à l'université Stanford puis à Berkeley de 1940 à 1943. Il reçoit son Master of Art en 1952 à l'université de New Mexico. Dans ces années-là, Diebenkorn devient un artiste dans la lignée de l'Expressionnisme américain et il subit l'influence de Rothko, Still, Motherwell. Les œuvres de cette période représentent des paysages abstraits conçus simplement, mais brossés avec emphase  : Untitled (Albuquerque) [1951, Raleigh, Museum of Art]. Il connaît ensuite une période figurative (1956-1967) où se révèle sa connaissance de la tradition moderniste européenne de Manet à Matisse. En effet, c'est pendant son service militaire à Washington qu'il découvrit la peinture française à la Phillips Collection. Les œuvres de cette période sont des natures mortes (Sink, 1967, Baltimore, Museum of Art), des nus, des portraits (Woman in a Window, 1957, Buffalo, Albright-Knox Art Gal.), des intérieurs et des paysages (Invented Landscape, 1966, Oakland). Une troisième période s'annonce en 1967 avec une série dite " Ocean Park ". Ces œuvres, caractérisées par un format vertical et une grande échelle, sont organisées à partir de plans rectangulaires aux couleurs raffinées et sensuelles. Ce paysage architectural, toujours recommencé — l'artiste ne cesse depuis plus de 20 ans de travailler cette série —, montre les infinies possibilités d'une œuvre abstraite.

   Des expositions rétrospectives ont été consacrées à l'artiste en 1976 à Buffalo (Albright-Knox Art Gal.) et en 1983 à San Francisco (Museum of Modern Art). Son œuvre est présenté dans les plus importants musées américains.

Diepenbeek (Abraham Van)

Peintre flamand (Bois-le-Duc 1596  – Anvers 1675).

Fils et élève du peintre verrier Jan Roelofsz, peintre verrier lui-même, il est à Anvers v. 1623 et devient doyen de la gilde en 1641. Vers 1630, il peint de grands tableaux d'autel (musées de Mayence et de Haarlem). Il réalisa aussi pour les églises anversoises des vitraux, dont quelques-uns ont été conservés, notamment à la cathédrale Saint-Jacques, et de nombreux projets dessinés ou peints en grisaille pour des illustrations d'ouvrages théologiques ou scientifiques. Il joua un rôle important dans la diffusion des gravures d'après Rubens assimilant bien son style sans avoir été lui-même l'élève du maître.

Dietman (Erik)

Artiste suédois (Jönköping, Suède, 1937-Paris 2002).

Dietman quitte la Suède en 1959, date à laquelle il arrive à Paris. Il fera de nombreux séjours et voyages en Europe (Pays-Bas, Italie, R. F. A.) avant de s'installer en France en 1979. Créant des assemblages avec des objets récupérés, il est, au cours des années 60, proche des nouveaux réalistes avec lesquels il expose à Paris (Salon Comparaison et Salon de la Jeune Peinture en 1965). Pour Dietman, l'objet est toujours un prétexte qui lui permet de développer, dans l'héritage de Dada, un art critique et provocateur. Dietman témoignera d'une grande liberté dans le choix des supports et des matériaux. Il utilise l'écrit avec ironie dans nombre de ses travaux, sous forme de poésie visuelle.

   Ses premières réalisations les plus connues sont les objets " pensés ", de 1959-1960, recouverts de gaze chirurgicale. Par le geste qui consiste à envelopper les objets pour mieux les dissimuler, Dietman réalise une sorte de chirurgie de l'objet, soit curative, soit mortelle, dressant la critique du pop art. C'est aux côtés de Robert Filliou, de Georges Brecht, de Ben que Dietman devient sympathisant du groupe Fluxus, sans toutefois participer à ses activités. Ses recherches sur le langage trouvent pleinement leur développement dans les tableaux-objets réalisés au cours des années 70, associant images et textes en plusieurs langues sous la forme de titres, de notes et de commentaires. Certains demandent la participation du spectateur : les Reading-objects (1973) présentent des images retournées que le spectateur doit repositionner à l'endroit pour les découvrir.

   Après 1980, Dietman utilise les matériaux de la sculpture traditionnelle, pierre, bronze, marbre, pour créer des pièces de petites et de moyennes dimensions qui, réunies, constituent des installations monumentales. Elles consacrent, parfois avec dérision, parfois avec humour, les travers des vanités humaines : M. Têtu sans pardessus (1983) est un Sisyphe vaincu par sa pierre ; l'Explorateur en retraite (1984) est dédié aux héros fatigués du colonialisme ; Discours sur la sculpture moderne (1984) est la critique acide de la modernité triomphante.

   Les monuments les plus graves sont dédiés aux morts et rappellent d'étonnants Memento Mori : " L'art mol et raide ou l'épilepsisme-sismographe pour têtes épilées : mini male head coiffée du grand mal laid comme une aide minimale " (1985-1986 — collection musée Saint-Pierre Art contemporain, Lyon). L'un des plus significatifs est un environnement de crânes humains, disposés sur des petits socles cylindriques en béton et surmontés de pièces en bronze. Des œuvres importantes de Dietman (sculptures) ont été présentées (Sans toi la maison est chauve, 1991 ; Cannibal, 1993 ; etc.) à Paris, M. N. A. M., en 1994. Le Württembergischer Kunstverein de Stuttgart lui a consacré une exposition en 1996.

Dietrich (Christian Wilhelm Ernst, dit Dietricy)

Peintre, dessinateur et graveur allemand (Weimar  1712  – Dresde  1774).

Enfant précoce, il reçoit les rudiments de la peinture de son père Johann Georg, peintre à la cour de Weimar, qui l'envoie à Dresde en 1724 chez le paysagiste Alexandre Thiele. Il commence à graver en 1728. Dès 1731, il est nommé peintre à la cour de l'Électeur de Saxe et placé sous la protection de son ministre le comte de Brühl, pour lequel il réalise des peintures décoratives de 1731 à 1733.

   Cette protection lui permet d'entreprendre des voyages : de 1734 à 1737, il séjourne à Brunswick et Weimar, mais vraisemblablement pas en Hollande, comme il le souhaitait ; de 1743 jusqu'au début de 1744, il est en Italie, à Venise, puis à Rome, où il se lie avec Ismaël Mengs et son jeune fils Anton Raphaël. Nommé inspecteur de la Galerie de peinture de Dresde en 1748, il sera chargé d'enseigner la peinture de paysage à l'Académie des arts en 1764, puis deviendra directeur de l'école artistique de la manufacture de porcelaine de Meissen.

   Exemple parfait de l'éclectisme de son époque, il utilisa sa grande habileté pour pasticher les maîtres des XVIIe et XVIIIe s. Contrairement à ce que l'on a souvent dit, ses copies — qu'il prend d'ailleurs soin de signer et de dater — sont fort rares. Il doit essentiellement sa réputation, qui s'étendit jusqu'à Paris, à ses pastiches de Rembrandt — telle la Femme adultère (Louvre), dont le visage est cependant empreint d'une douceur caractéristique de son temps —, à ses paysages (Paysage de rochers, musée de Varsovie, d'après Salvator Rosa) et à ses peintures de genre (les Musiciens ambulants, Londres, N. G., d'après Van Ostade). Son talent se mesure à la variété de sa facture, qui peut être, suivant le cas, légère, empâtée ou méticuleuse.

   Dans ses portraits et têtes d'expression — qui sont la seule partie vraiment originale de son œuvre —, il montre, outre sa virtuosité, une vraie sensibilité face au modèle (la Dame au chapeau de paille, Hanovre, Niedersächsische Landesgalerie). Pour répondre à l'importante demande des amateurs, il produisit un millier de tableaux, au moins autant de dessins et environ 180 gravures.