Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Luchian (Stefan)

Peintre roumain (Stefanesti  1868  – Bucarest  1916).

Il fit ses études à l'École des beaux-arts de Bucarest avec Grigorescu (1883-1888), à Munich et à l'Académie Julian de Paris (1891-92) et fut l'un des fondateurs du Salon des artistes indépendants de Bucarest (1896) et de l'association la Jeunesse artistique, où il exposa de 1902 à 1914. Terrassé en 1901 par une terrible maladie, menacé de cécité, il livra, pendant les quinze dernières années de sa vie, un combat acharné contre la mort. Son Autoportrait (musée d'Art de la R. S. R. de Bucarest) de 1907 est un témoignage de ce martyre. Par l'éclat de la lumière intense et de sa couleur dense, par l'intensité dramatique du langage pictural, par la modulation des tons chauds et froids, ses tableaux nous révèlent la dimension poétique du réel. Empruntant aux indépendants français une manière solide et expressive, il y mêle sa finesse et son sens des nuances ; il livre des compositions fortement charpentées (la Distribution du maïs, 1905, Bucarest, id. ; la Mer Noire à Tuzla, 1904, id.). Sa pâte dense se fait ensuite plus allusive (Scieur de bois, 1906, id. ; Cour de couvent de Breslau, 1908.). Toute la peinture roumaine de la première moitié du XXe s. est marquée par l'influence de Luchian.

   Les œuvres de l'artiste se trouvent à Bucarest au musée Zambaccian, et dans la plupart des musées de Roumanie.

Luini (Bernardino)

Peintre italien (Luino ?, lac Majeur, v. 1485 – Milan ? 1532).

La formation et la première activité de ce peintre sont encore actuellement sujettes à controverse et l'on ne connaît ni son lieu de naissance ni celui de sa mort ; l'hypothèse d'un voyage de jeunesse à Florence et à Rome ainsi que de contacts en cette occasion avec Raphaël n'est fondée que sur l'attribution par R. Longhi d'une copie de la Mise au tombeau de la Gal. Borghèse (Venise, coll. part.) ; d'autre part, la paternité de la Vierge et des saints du musée Jacquemart-André (Paris), datée de 1507 et signée " Bernardinus Mediolanesis ", a été discutée. Seule la fresque de la Vierge avec des anges, peinte à l'abbaye de Chiaravalle en 1512 dans la tradition lombarde de Foppa et de Bergognone, avec quelques rappels du sfumato léonardesque, constitue un point de départ certain.

   Luini, narrateur fécond aux amples rythmes plastiques dérivés de Bramantino, donne à Milan le meilleur de lui-même dans le grand cycle de fresques de la chapelle du Corpus Domini de l'église S. Giorgio al Palazzo (1516), dans celui de la chapelle S. Giuseppe de l'église S. Maria della Pace (reconstitué à la Brera), celui de la Villa Rabia alla Pelucca (Brera ; Louvre ; musée Condé de Chantilly), celui du palais Rabia à Milan (divisé entre les musées de Berlin et la N. G. de Washington), ainsi que ceux de l'oratoire de Greco Milanese (Louvre) et de la chapelle Besozzi à l'église S. Maurizio, le chef-d'œuvre auquel il travailla jusqu'en 1530. Parallèlement, il peint une abondante série de Vierges (Louvre ; Ermitage ; Brera ; Londres, Wallace Coll. ; Naples, Capodimonte), auxquelles il doit la célébrité que lui assurèrent les romantiques au XIXe s. Léonardesques par leur iconographie, elles sont surtout marquées par l'art de Solario. Parmi les meilleurs tableaux de l'artiste, on peut encore citer la Déposition de S. Maria della Passione à Milan, l'Annonciation de la Brera, la Pietà (1516) de S. Giorgio al Palazzo à Milan, Saint Jérôme (Milan, musée Poldi-Pezzoli), le Polyptyque (1523) de S. Magno à Legnano, le Polyptyque Torriani (autref. à Turin, coll. Di Rovasenda ; prédelle, Pasadena, Norton Simon Museum). Le style tardif de Luini est représenté par les fresques de S. Maria degli Angeli à Lugano (1529-30) et celles du sanctuaire de Saronno (1525-1532), qui montrent les affinités du maître avec Gaudenzio Ferrari.

Luminais (Évariste)

Peintre français (Nantes 1822  – Paris 1896).

Fils d'un député de l'Assemblée nationale de 1848, Luminais entre à l'École des beaux-arts de Paris vers 1840 et suit l'enseignement de Cogniet, puis de Troyon. Dès 1843, il expose régulièrement au Salon. Peignant tout d'abord des scènes de genre sur la vie quotidienne en basse Bretagne (Pâtre de Kerlat, 1857, musée de Caen ; Braconniers bretons, 1868, musée de Poitiers), il aborde ensuite la peinture d'histoire avec des sujets gaulois (Combat de Romains et de Gaulois, 1835, musée de Carcassonne) et se consacre enfin exclusivement à l'histoire de la dynastie mérovingienne, ce qui lui vaut d'être surnommé " l'Augustin Thierry de la peinture " (la Mort de Chilpéric Ier, hôtel de ville de Lyon ; les Énervés de Jumièges, 1880, musée de Rouen ; le Dernier des Mérovingiens, 1883, musée de Carcassonne). Par la sobriété de ses compositions, son traitement dramatique de la lumière allié à une approche naturaliste, voire historiciste, du sujet, sa peinture participe de la même tentative de renouveler la peinture d'histoire de peintres tels que J.P. Laurens, à la fin du XIXe siècle.

Lundberg (Gustaf)

Peintre suédois (Stockholm 1695  – id. 1786).

Il se forma d'abord chez le portraitiste David von Krafft à Stockholm, puis vint en 1717 à Paris, où il eut, entre autres, Rigaud et Largillière pour professeurs. Tenté par le succès de la pastelliste Rosalba Carriera à Paris, en 1720-21, il adopta le pastel, dont il devint un praticien virtuose. À partir de 1720, et durant une vingtaine d'années, il domina le genre du portrait au pastel à Paris et fut submergé de commandes, tant à la Cour qu'auprès de l'aristocratie. En 1741, il devint membre de l'Académie. Ses portraits sont d'une spirituelle vivacité, mais s'attachent peu à la psychologie ; leur composition est soigneusement étudiée, et leurs couleurs sont raffinées ; le bleu azur et le rose (François Boucher, Louvre) dominent. Sa production peinte est peut-être trop abondante, mais ses portraits de femmes, en particulier, illustrent avec bonheur le gracieux idéal de la vie de l'époque rococo (portrait inachevé de Juliana Henck, v. 1750, Stockholm, Konstakademien). Lundberg revint à Stockholm en 1754 et la virtuosité de sa technique fit de lui l'un des portraitistes les plus prisés de cette fastueuse époque. En 1776, il devint directeur de l'Académie des beaux-arts. Ses œuvres figurent notamment au Nm et à la Konstakademien de Stockholm, et au musée de Göteborg.