Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Stuck (Franz, puis, à partir de 1906, Franz von)

Peintre et décorateur allemand (Tetenweis, Bavière,  1863  – Munich  1928).

Il est élève de l'École d'art décoratif et de l'École polytechnique de Munich de 1882 à 1884, puis de l'Académie de cette ville (1885-1889), où, dix ans plus tard, en 1895, il succédera comme professeur à son maître Lindenschmit. Il est lié à Böcklin et à Lenbach. Il participe à la création de la Sécession munichoise en 1892 et entretient des relations avec l'avant-garde de Berlin — il donne par exemple des illustrations pour les revues Pan et Jugend — et de Vienne, avec une exposition retentissante à la Sécession au début de 1898.

   Il est influencé par ses aînés Hans Thoma et Max Klinger, mais apparaît surtout à ses contemporains comme un disciple de Böcklin. Après des débuts de caricaturiste, il est connu comme peintre à partir de 1889 (le Gardien du paradis, Munich, villa Stuck) par des compositions allégoriques et symboliques, souvent tirées de la légende antique ; son pinceau anime faunes, sirènes, centaures d'un souffle nouveau mais ténébreux, et ses couleurs saturées et sourdes leur confèrent une sensualité énigmatique et lascive. Il cherche un rajeunissement de la mythologie classique par l'utilisation d'un symbolisme de lignes et de couleurs et par la création d'un type de nus monumentaux et sensuels. Voulant glorifier la force, il apparaît à la manière de Nietzsche comme l'interprète de l'âme germanique de son temps, ce qui explique l'immense succès qu'il eut de son vivant à Munich, où il fut anobli en 1906. Parmi ses compositions les plus célèbres, on peut citer le Péché (1893, Munich, Neue Pin.), représentant une femme et un serpent traités dans les tonalités jaune safran et noire de la perversité et de la tristesse, Oreste et les Furies (Rome, G. A. M.), la Guerre, réutilisée par Heartfield dans un photomontage (1895, Munich, Neue Pin.), le Sphinx (1895, id.), Salomé (1906, Munich, villa Stuck), Méduse (1908, Venise, G. A. M. Ca'Pesaro).

   Pratiquant aussi la sculpture et l'architecture, Stuck se fit édifier, en 1898, une villa à Munich, d'un style néo-classique dépouillé et rigoureux, non sans lien avec celui de l'école viennoise. Son mobilier remporte la grande médaille d'or à l'Exposition universelle de 1900 ; cette villa est transformée, depuis 1968, en musée consacré à son œuvre. Stuck eut pour élèves Kandinsky et Klee. Une exposition lui a été consacrée (Amsterdam, musée Van-Gogh) en 1995-1996.

studiolo

Les princes italiens de la Renaissance aimèrent se faire aménager dans leur palais un studiolo, ou cabinet de travail, où ils se retiraient pour lire ou écrire. Les plus célèbres sont ceux que Frédéric de Montefeltre se fit installer dans ses demeures de Gubbio et d'Urbino. Le studiolo d'Urbino, pièce de dimensions très réduites, fut terminé en 1476 ; il se composait d'un soubassement en marqueterie, exécuté probablement sur des cartons de Botticelli, qui est sûrement le chef-d'œuvre de cette technique propre à l'Italie renaissante ; à l'étage supérieur, on pouvait voir une suite de 28 figures d'Hommes illustres (auj. partagée entre le Louvre et le palais ducal d'Urbino), qui fut peinte par Juste de Gand et Pedro Berruguete. La mode du studiolo, au programme iconographique typique des recherches humanistes, se poursuivit au XVIe s. à Mantoue, où Isabelle d'Este, entre 1493 et 1506, fit décorer son studiolo du palais ducal par Mantegna, Costa et Pérugin (ensemble des tableaux au Louvre), et à Florence, où François Ier de Médicis, v. 1570, fit décorer son studiolo du Palazzo Vecchio par les plus célèbres des maniéristes florentins : Vasari, Zucchi, Cavalori, Santi di Tito, Alessandro Allori et Bronzino.

Stupica (Gabriel)

Peintre d'origine slovène (Dražgoše-Gorenjsko  1913-Ljubljana 1990).

Il termina ses études à l'Académie des beaux-arts de Zagreb, où il résida jusqu'à 1946, date à laquelle il fut nommé professeur à l'Académie des beaux-arts de Ljubljana.

   Il interpréta d'abord la réalité dans une peinture dense pénétrée par une dramatique lumière intérieure (Autoportrait avec un ami, 1941, Zagreb, G. A. M. ; Jeune Fille à la lampe, 1948, Ljubljana, G. A. M.). À partir de 1953, dans une phase " expressionniste " marquée par une tendance analytique (la Table aux jouets, 1954, Ljubljana, Assemblée nationale ; Portrait de l'artiste avec sa fille, 1956, Ljubljana, G. A. M.), il est proche du Surréalisme. Cette recherche de synthèse expressive conduisit l'artiste à simplifier ses moyens, et des surfaces blanches des tableaux n'émergent que quelques repères : enveloppe à lettre, fragment d'un journal, ligne d'un dessin incrusté dans la pâte d'une matière en relief (série des Jeunes Mariés, 1962-1967 ; le Peintre et son modèle, 1965, Rijeka, G.A. M. ; Deux Personnages, 1967, appart. à l'artiste).

   C'est toujours le même travail de blanc sur blanc que Gabriel Stupica présente dans des profils de jeunes mariés à la Biennale de São Paulo en 1983. Une exposition rétrospective de son œuvre a eu lieu à Ljubljana, G. A. M., en 1968.

Sturm (Ferdinand)

Peintre néerlandais actif en Espagne (Ziericksee, Hollande ? – Séville, 1556).

Le Néerlandais Sturm (ou Storm) est, avec le Bruxellois Kempener (Campaña), la figure dominante de la peinture sévillane au milieu du XVIe s. et l'un des introducteurs du Romanisme en Andalousie, où il apparaît sous le nom de Hernando de Esturmio. Bien que les circonstances de sa venue restent ignorées, de même que les dates limites de son séjour, sa présence et la renommée dont il jouit dans toute la région sont attestées par de nombreux documents entre 1537 et 1556. Sturm a laissé des œuvres à Arcos de la Frontera (San Pedro : Vie de la Vierge et Passion, 1539-1542) et à Osuna (collégiale : Immaculée, 1555). Si les retables qu'il peignit en 1551 et en 1554 pour des hôpitaux sévillans ont disparu, la cathédrale conserve son œuvre maîtresse, le retable de la chapelle des Évangélistes, signé et daté " Hernandus Sturmius Ziriczeensis 1555 ", dont la grande Résurrection révèle un maniérisme anguleux et gothicisant, influencé par Heemskerck et par les gravures d'Aldegrever.

   D'autres compositions, plus détendues, s'adaptent davantage au goût andalou (Messe de saint Grégoire, bustes de saintes, notamment les Saintes Justine et Rufine avec la Giralda). Ces dernières se situent dans une lignée typiquement sévillane, celle qui va d'Alejo Fernández à Zurbarán, Murillo et Valdés Leal, alors que l'on a pu attribuer à sa jeunesse des œuvres typiquement septentrionales, qui se situent entre la tradition brugeoise méticuleuse d'Isenbrant et du Maître des Demi-Figures et les apports de Scorel et Heemskerck (Mise au tombeau, musée d'Arras).