Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Johnson (Jonathan Eastman)

Peintre américain (Lovell, Maine, 1824  – New York 1906).

Fils d'un homme politique local, il se forma à Boston chez le lithographe Bufford. Avant de s'embarquer pour l'Europe, en 1849, Johnson avait acquis une certaine réputation à Boston et à Washington comme portraitiste de la bourgeoisie locale (Dolley Madison, 1846, Cambridge, Mass., Fogg Art Museum). Il avait aussi dépeint la vie de l'Amérique rurale.

   En Europe, il séjourna d'abord à Düsseldorf, où il étudia avec Emmanuel Leutze, peintre américain établi dans cette ville. En 1851, cependant, mécontent de l'enseignement qu'il recevait, il se rendit à La Haye, où il étudia surtout les maîtres anciens et devint un portraitiste en renom. En 1855, enfin, il s'établit à Paris et fréquenta l'atelier de Couture. Son tempérament l'inclinait d'ailleurs naturellement à l'enseignement professé par Couture (le Jeune Savoyard, 1853, New York, Brooklyn Museum). De retour aux États-Unis en 1855, Johnson rechercha des sujets nouveaux. Il abandonna les compositions de genre de type hollandais (les Faux Monnayeurs, 1851-1855, IBM Corporation ; les Joueurs de cartes, 1853, coll. part.) pour des scènes plus typiquement américaines. Comme Catlin, il s'intéressa d'abord à la vie des Indiens (Canoe of Indians, 1857, musée de Duluth, Minnesota), mais il acquit une grande réputation pour des compositions pittoresques retraçant la vie des Noirs dans le Sud (Life in the South, 1859, New York, Historical Society, qui fut lancé à la fois par les partisans et les adversaires de l'esclavage) ou celle des paysans américains (Corn Husking, 1860, Syracuse, New York, Everson Museum of Art ; Sugaring off [la Préparation du sirop d'érable], 1861-1866, musée de Providence, Rhode Island). Il continua par la suite à traiter les mêmes thèmes (Cornhusking Bee, 1876, Chicago, Art Inst. ; Cranberry Pickers, 1875-1880, San Diego, Timben Art Gal.), mais il ajouta à son répertoire de merveilleuses scènes d'intérieurs et des portraits, reflets somptueux de la bourgeoisie triomphante (The Blodgett Family, 1864 ; The Hatch Family, 1871, Metropolitan Museum ; la Discussion d'affaires, 1881, New York, id.) ou parfois d'une intimité plus troublante (The Earring, 1873, Washington, Corcoran Gal. ; Not at Home, 1872-1880, New York, Brooklyn Museum ; The Little Convalescent, 1872-1880, Boston, M. F. A.). Johnson se consacra progressivement à ce genre dans les années 1880. Il avait été élu en 1860 à la National Academy of Design.

   Il est représenté dans les musées suivants : Andover, Mass., Phillips Academy ; Deerfield (Mass.), Academy ; Detroit (Inst. of Arts) ; San Diego, Fine Arts Gal. ; Milwaukee (Art Center) ; Newark Museum ; Philadelphie (Museum of Art) ; Smith College.

Jolli (Antonio)
ou Antonio Joli

Peintre et décorateur de théâtre italien (Modène v. 1700  – Naples 1777).

Élève à Modène de R. M. Rinaldi, il se perfectionna à Rome auprès de Pannini. Après un séjour à Pérouse et à Modène (1725), où il décora divers palais (palais Donnini de Pérouse), il travailla comme décorateur de théâtre de 1725 à 1744, et plus tard (1754) à Venise, où il fut l'un des fondateurs de l'Académie et l'un des propagateurs du goût émilien pour la scénographie, mais, de nombreux projets pour les théâtres vénitiens, il ne reste que de rares dessins (Albertina) et des gravures de Cristoforo Dall'Acqua et de Francesco Benerdi. Jolli voyagea beaucoup : en Allemagne, en Angleterre (1744-1750), où il travailla comme décorateur de théâtres ou de villas (Richmond, villa Heidegger) et comme védutiste (San Giorgio, Londres, coll. Railing), puis en Espagne (1750), où il fut nommé au théâtre du Buen Retiro. Il finit sa vie à Naples (1762-1777), où il travailla au théâtre San Carlo. De cette ultime période restent deux grandes peintures, représentant l'Embarquement de Charles III à Naples (Prado) et diverses Perspectives architecturales (Naples, Capodimonte).

Jones (Allen)

Peintre britannique (Southampton 1937).

Après des études de peinture à Hornsey et au Royal College of Art de Londres, il domine très vite le pop art anglais avec ses amis Hockney et Kitaj. L'une de ses premières grandes toiles, la Bataille d'Hastings (1961-62), se présente comme une juxtaposition d'éléments figuratifs, parfois géométriques, et de surfaces où la peinture est directement appliquée, quelquefois en coulées. Sunplane (1963, musée de Sunderland) est sa première peinture répondant aux critères du pop art : bandes de couleurs saturées juxtaposées, stylisation extrême des formes. L'année suivante, Jones introduit l'érotisme avec Dress (1964), où seule une partie du corps féminin est représentée : cette concentration sur le détail, stylisé ou minutieusement peint, et les couleurs saturées sont alors les caractéristiques de son œuvre. Attiré vers 1965 par l'" image en trois dimensions ", Jones réalise quelques objets en Plexiglas peint et corde (7th man, 1965), avant de revenir à la surface de la toile par des compositions où figurent toujours des jambes féminines sur un fond en camaïeu de couleur pure (Sheer Magic, 1967 ; Evening Incandescence, 1967, Londres, coll. A. Tooth). Tournant son attention vers des mannequins de cire habillés ou déshabillés (Hatstand, 1969), il exécute également de nombreux dessins et lithographies et les costumes et décors de la comédie musicale O Calcutta. Il est représenté notamment à Liverpool (Walker Art Gal.), à New York (M. O. M. A.), à Amsterdam (Stedelijk Museum) et à Londres (Tate Gal.). Une rétrospective lui fut consacrée en 1979 à Cologne, au W. R. M.

Jongh (Ludolf de)

Peintre néerlandais (Rotterdam ou Overschie 1616  – Hillegersberg 1679).

Portraitiste, paysagiste et peintre de genre, il fut l'élève de Cornelis Saftleven à Rotterdam, de Palamedes à Delft et de Jan Van Bylert d'Utrecht. Il voyagea en France en 1635 et rentra à Rotterdam en 1643. Artiste éclectique, il est l'auteur de paysages qui relèvent de la manière italianisante. Ses portraits, tels celui d'une Femme et sa fille (1653, Dresde, Gg) ou le Portrait de femme (1660, Mauritshuis), gardent un aspect ample et sévère. Ses scènes intimes constituent la meilleure part de son œuvre (la Lecture du billet, 1657, musée de Mayence ; Cour d'une maison de campagne, Detroit, Institute of Arts).