Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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marines (suite)

La mer et les impressionnistes

C'est un phénomène météorologique — lever de soleil, montée d'un orage, rouleaux de brumes envahissant le ciel — qui intéresse les impressionnistes. Cette ultime transposition, préparée par Turner et qui amène les peintres à fixer, comme disait Baudelaire, " des états de l'atmosphère selon le lieu, l'heure et le vent ", s'accomplit grâce à un Néerlandais, d'ailleurs élève d'Isabey, Jongkind, et au peintre que Corot appelait " le roi des ciels ", Eugène Boudin. Après ce dernier, Claude Monet saura trouver dans le spectacle de la mer le prétexte d'innombrables variations sur le thème de l'eau. Manet, lui, préférera représenter l'animation des ports ou la détente sur la plage.

Le XXe siècle

Puis les effets d'atmosphère se diluent en brumes irrisées avec Signac, Seurat et les néo-impressionnistes. Viennent les Fauves, qui exaltent ou suggèrent le bleu de la mer par les accents jaunes des voiles, les mâts rouges, les drapeaux tricolores. Marquet opte ensuite pour des fluidités d'aquarelle, Dufy pour d'amusants coloriages. La mer participe aux incantations surréalistes d'un Magritte par exemple. Elle fascine Permeke ou Nicolas de Staël.

Marinetti (Filippo Tommaso)

Écrivain, peintre et critique d'art italien (Alexandrie, Égypte, 1876  – Bellagio, Italie, 1944).

Fondateur du mouvement futuriste, il étudie à Paris, où il se fait connaître notamment par ses premières œuvres littéraires : poésies écrites en français (les Vieux Marins, 1897). Destruction (1904) annonce la violence futuriste en exprimant violemment l'opposition du poète au rationalisme positiviste. Son activité critique commence à Milan avec la fondation de la revue Poesia (1904), destinée à introduire en Italie la poésie symboliste, qui réunit les écrivains symbolistes français et italiens. Dans sa comédie le Roi Bombance (1905), représentée à Paris en 1909, Marinetti formule déjà, à travers une violente satire de la société bourgeoise, les grandes lignes de la poétique futuriste. La même année, il publie dans le Figaro le premier manifeste futuriste, jetant ainsi les bases du mouvement, qui sont précisées par le Manifeste de la peinture futuriste (lancé en 1910 avec les artistes du mouvement), le Manifeste technique de la littérature (1912), le Manifeste du théâtre futuriste. Refus du passé, désacralisation de l'art et patriotisme trouvent leur expression dans l'agressivité de la poétique vers-libriste futuriste (le Monoplan du pape, 1911 ; manifeste Imagination sans fil et les mots en liberté, 1913). Faisant de nombreuses conférences et participant à des manifestations dans toute l'Europe, il devient rapidement le porte-parole du groupe. L'idéologie politique du Futurisme dépend alors étroitement de sa position. D'abord nationaliste et interventionniste, puis fasciste, Marinetti quitte les Faisceaux en 1920. Il s'explique alors dans des œuvres politiques : Démocratie futuriste (Milan, 1919) ; cependant, en 1923-24, il réintègre le fascisme, où les futuristes sont tolérés. Il est, en outre, l'auteur de nombreux essais critiques : le Futurisme (Paris, 1911), Il Teatro sintetico futurista (Milan, 1916-17), Futurismo e Novecento (Milan, 1930). Dans la seconde phase du Futurisme (1921-1944), il écrit de l'aéropoésie : l'Aéropoème du golfe de La Spezia (1935), le Poème non humain des technicismes (1940).

Marini (Marino)

Sculpteur et peintre italien (Pistoia, Toscane, 1901  – Viareggio 1980).

Sculpteur, Marini n'a jamais pour autant cessé d'être peintre. Dans de grandes compositions à l'huile, dans ses gouaches, ses aquarelles, ses dessins et ses lithographies, on retrouve les thèmes de sa sculpture, mais on découvre une plus grande liberté qui l'amène parfois aux limites de l'abstraction. Marini est bien représenté dans les musées européens (Amsterdam, Düsseldorf, Florence, Londres, Otterlo, Paris, Rome, Stockholm, Turin, Vienne et Zurich). La G. A. M. de Milan conserve un bel ensemble d'œuvres de l'artiste et la pinacothèque de Munich a présenté ses sculptures. Le M. A. M. de la Ville de Paris a présenté son œuvre gravé complet en 1978.

Marinot (Maurice)

Verrier et peintre français (Troyes 1882  – id. 1960).

Venu à Paris en 1901, il entre aux Beaux-Arts dans l'atelier de Cormon. Influencé par Gauguin et Cézanne, il peint à partir de 1905 des toiles aux tons très vifs qui l'apparentent aux fauves (belle série de toiles à Troyes, musée, donation P. Lévy, et Jeune Femme et son enfant, Paris, M. N. A. M.). Vers 1912, il regagne Troyes et apprend le métier de verrier, auquel il se consacre jusqu'en 1937, puis il pratique de nouveau, exclusivement, la peinture. Le musée des Arts décoratifs de Paris conserve un ensemble de ses verreries. Ses toiles, grâce aux donations faites par sa fille, sont nombreuses dans les musées français.

Mariotto di Nardo

Peintre italien (Florence, connu de 1394 à 1431).

Il débuta dans le cercle de l'académisme néogiottesque en rapport avec Niccolò di Pietro Gerini (retable de l'église S. Donnino à Villamagna, 1394-95) ; sensible à l'influence de Spinello Aretino et à celle de Lorenzo Monaco, il adoucit ses compositions d'une recherche de rythmes linéaires et d'élégance chromatique, qui le rattachent modestement au style gothique international. Dans sa production, considérable, on distinguera surtout les œuvres de petites dimensions, où se manifeste, mieux que dans les grands retables ou les fresques (pharmacie de S. Maria Novella), une sensibilité assez fine (le Jardin d'amour, anc. coll. Liechtenstein ; série de petits panneaux de la Passion, partagés entre les musées de Nantes, de Princeton, de Brunswick, la fondation Longhi à Florence et diverses coll. part.).

Maris (les)

Peintres néerlandais.

 
Jacobus Hendrikus (La Haye 1837  – Carlsbad 1899). Il fut élève de l'Académie de La Haye (1849-1850), puis de celle d'Anvers (1853-1856). Il travailla d'abord à Oosterbeek et à La Haye (1861-1865), et il fit ensuite un long séjour à Paris (1865-1871), où il subit l'influence des paysagistes de Barbizon et celle de Corot (Vue de Montigny-sur-Loing, 1870, Rotterdam, B. V. B.). De retour à La Haye, il associa cette leçon à celle du paysage hollandais, rustique et urbain, traditionnel (Canal sous la lune, 1882, Rijksmuseum) ; il a laissé également des scènes de genre (Londres, N. G.). Le musée d'Orsay conserve un paysage de l'artiste peint en 1883, Ville hollandaise au bord de l'eau.

   Jacobus Hendrikus Maris a exercé une très forte influence mais n'a eu qu'un seul élève, Willem de Zwart (1862-1931).

 
Matthijs (La Haye 1839 – Londres 1917). Frère du précédent, il se forma à l'Académie de La Haye (1853-1855) et à celle d'Anvers (1855-1858). La Haye (1858-1868), Paris (1869-1877), puis Londres marquèrent les principales étapes de sa carrière. Ce peintre est l'auteur de scènes urbaines (Souvenir d'Amsterdam, 1873, Amsterdam, Stedelijk Museum) et de scènes de genre d'un franc réalisme et d'une probe exécution teintée quelque peu de symbolisme.

 
Willem (La Haye 1844 – id. 1910). Élève de ses frères et de l'Académie de sa ville natale, il voyagea en Allemagne (1865-1866) et en Norvège (1870). La campagne hollandaise et ses animaux familiers furent la source essentielle de son inspiration (Amsterdam, Stedelijk Museum ; La Haye, Gemeentemuseum et musée Mesdag).