Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
B

Beekman (Chris Hendrik)

Peintre néerlandais (La Haye 1887  – Amsterdam 1964).

Chris Hendrik Beekman commence en 1900 son apprentissage dans un atelier de céramique, puis se consacre à partir de 1907 à la peinture : il est marqué par l'esthétique de l'école de La Haye. Il se rend à Paris en 1913, où il subit l'influence du Néo-Impressionnisme. De retour aux Pays-Bas en 1914, il va devenir un peintre non figuratif après sa rencontre avec Bart Van der Leck. Ses œuvres sont alors marquées par l'esthétique du Stijl : utilisation des horizontales et des verticales, mais aussi diagonales, couleurs primaires, peintures en aplat, absence de profondeur, jeu sur les rapports. Il adhère au parti communiste néerlandais, entre en contact dès 1919 avec des artistes soviétiques et en particulier Malévitch, mais retourne vers la figuration en 1923. Il s'installe à Laren, en 1923, puis en 1928 à Amsterdam, qu'il ne quittera plus.

Beer (Jan de)

Peintre flamand (Anvers v. 1475  – id. apr. 1520).

Véritable initiateur du Maniérisme anversois, élève de Gillis Van Everen, il est à Anvers en 1504 et devient doyen de la gilde de cette ville en 1515. L'étude de son style repose sur sa seule œuvre signée connue : un dessin du British Museum qui représente diverses têtes d'hommes et que Friedländer a rapproché du triptyque de l'Adoration des mages (Brera). À partir de cette identification a été reconstituée l'œuvre de ce peintre, que caractérisent les mêmes effets violents et compliqués, les mêmes combinaisons surprenantes de tons qu'offrent les Adorations des mages d'Écouen (Musée national de la Renaissance) et de Munich (Alte Pin.) ou l'Adoration des bergers de Cologne (W. R. M.).

Beerstraten (les)

Famille de peintres néerlandais (actifs à Amsterdam au XVIIe s.).

Ils travaillèrent tous aux mêmes sujets : vues urbaines souvent imaginaires, batailles navales, paysages d'hiver. Leurs biographies sont souvent ignorées. Le plus connu et aussi le plus doué reste Jan Abrahamsz (1622-1666), frère présumé d'Abraham et fils d'Abraham-Daniel. Il est l'auteur d'architectures et de marines peintes dans des tons bruns où l'on peut déceler un certain souvenir de Momper. Sa Oudekerk par temps d'hiver (1659, Rijksmuseum) donne une bonne idée de son talent. Un bel exemple de sa manière (Hiver en Hollande, 1645 ou 1646) est conservé au musée de Douai. Très proches, Johannes (né en 1652), aux œuvres plus tardives que celles de Jan Abrahamsz, et Anthonie (mentionné entre 1639 et 1671) sont des artistes assez secs et de moyens limités, surtout spécialisés dans l'évocation de ports imaginaires d'Italie, où s'insèrent des monuments réels (Port, d'Anthonie, 1661, musée d'Utrecht ; Port avec la façade de Sainte-Marie Majeure, signé en toutes lettres Johannes, 1662, Louvre ; d'Anthonie, le Buitenhof à La Haye).

Beert (Osias)

Peintre flamand (Anvers v.  1580  – id. 1624).

Il est, à partir de 1602, date de sa maîtrise, l'un des peintres flamands les plus importants de fleurs et de natures mortes, au même titre que Bosschaert, Jan I Bruegel et Jacob III de Gheyn. Très brillantes, ses œuvres sont denses et complexes et d'un réalisme précis. Une trentaine de peintures (musées de Berlin, de Varsovie, d'Amsterdam, de Bruxelles) sont groupées autour de 8 tableaux signés, dont : Huîtres et friandises (Bruxelles, M. R. B. A.) et Huîtres et verres (Prado). Peu prisé en son temps, cet archaïsant ignorait, comme Clara Peeters, le style baroque, refusait aussi le maniérisme de Beuckelaer et revenait au vérisme d'un Van Eyck. Dans certaines natures mortes, il montre la table entière dont un angle coïncide souvent avec l'extrémité du panneau. Il dispose les objets horizontalement, les isole, les disperse, les définit avec précision (Légumes, fruits et coupes, musée de Grenoble). Sa redécouverte date d'une exposition en 1934 à la galerie De Boer d'Amsterdam. On lui attribue souvent des œuvres qui, en réalité, sont plutôt de la main de l'un ou l'autre de ses nombreux élèves : Hans Ickens, Paul Pontius, Jan Willemsen. En revanche, on donne à son fils, Osias le Jeune, devenu maître en 1645, des tableaux qui sont certainement de lui. D'après Bergström, il aurait collaboré avec Rubens.

Bega (Cornelis Pietersz)

Peintre et graveur néerlandais (Haarlem 1631/32  – id. 1664).

Élève d'Adriaen Van Ostade, il fit peut-être un voyage à Rome v. 1640 et séjourna, en 1653, en Allemagne et en Suisse, avant de se fixer à Haarlem. Spécialisé dans le genre rustique (intérieurs de paysans et scènes d'auberge conservés dans de nombreux musées, dont ceux d'Amsterdam, de La Haye, de Kassel, de Dunkerque, de Saint-Omer), il est très marqué par Van Ostade, mais donne plus de fermeté plastique à ses figures, au profil presque vulgaire, et se révèle coloriste fin et personnel dans sa prédilection pour les tons bleus et mauves. Ses études à la sanguine et à la pierre noire sont de très haute qualité.

Beham (les)

Peintres allemands.

 
Hans Sebald (Nuremberg 1500  – Francfort 1550). Il est, avec son frère Barthel, une des figures les plus intéressantes du groupe des " petits maîtres " de l'école de Dürer. Banni de Nuremberg en 1525 à cause de ses idées hérétiques, il se réfugia à Francfort et obtint la protection du cardinal Albert de Brandebourg, archevêque de Mayence et électeur du Saint Empire. C'est pour lui qu'il peignit en 1534 le curieux " plateau de la table " (Louvre) où les quatres scènes de la Vie de David sont transposées avec minutie et fraîcheur (les Femmes sortent de Jérusalem à la rencontre de Saül et David ; le Bain de Bethsabée, avec le portrait du cardinal Albert de Brandebourg à droite ; David envoie Urie au siège de Rabbath ; le Prophète Nathan devant David, avec le portrait de l'artiste à gauche). Le parfait état de conservation de cette œuvre exceptionnelle permet d'apprécier la précision du dessin, digne d'un miniaturiste, mais aussi la fantaisie d'une imagination qui se plaît à multiplier les détails savoureux du point de vue tant narratif que chromatique. Si les exemples de sa peinture sont extrêmement rares (quelques miniatures dans un livre de prières d'Albert de Brandebourg, à la bibl. d'Aschaffenburg), il n'en est pas de même pour ses gravures, sur cuivre ou sur bois, qui ont établi sa renommée (plus d'un millier de pièces). Influencé à ses débuts par Dürer et Raimondi, l'artiste acquit par la suite une originalité propre, créant des compositions où s'allient élégance et fantaisie.

 
Barthel (Nuremberg v. 1502 – Bologne 1540). Il se forma à Nuremberg, sans doute dans l'atelier de Dürer, puis à Munich, dans celui de Hans Müelich. Peintre de Guillaume IV, il exécuta pour ce dernier en 1530 une Invention de la Croix (Munich, Alte Pin.), où abondent les réminiscences de Dürer et de l'Italie. Plus à l'aise dans le portrait, il a laissé d'intéressantes et sobres effigies des divers membres de la Cour (Comte palatin Ottheinrich, 1535, Munich, Alte Pin. ; Comte palatin Johann, id.) ainsi que de personnages de naissance moins illustre (Hans Ligsalz, 1528, Oslo, Ng. ; Magdalena Pittrichin, id. ; Ruprecht Stüpf, Ursula Stüpf, Madrid, fondation Thyssen-Bornemisza ; la Femme au perroquet, Vienne, K. M.). C'est toutefois dans le domaine de la gravure que se manifeste toute la variété de son talent (env. 100 pièces). Habile à composer des petites scènes populaires, Barthel Beham compte parmi les meilleurs maîtres secondaires de l'école de Nuremberg.