Domingo Marques (Francisco)
Peintre espagnol (Valence 1842 – Madrid 1920).
Élève de l'École des beaux-arts de Valence et de celle de Madrid, pensionné à Rome, il participa à partir de 1867 aux expositions de Madrid. Il abandonna bientôt les grandes machines " historiques " et les sujets religieux, qui lui avaient valu ses premières médailles (Sainte Claire, 1871, musée de Valence), pour des sujets de genre (le Vieux cordonnier, Casón) ou d'histoire anecdotique, comme son Duel au XVIIe siècle (1867, musée de Valence), l'un des plus anciens d'une longue série. En 1875, peu après son mariage, il s'installa en France et résida presque constamment dans sa villa de Saint-Cloud, jusqu'à ce que la Première Guerre mondiale le ramenât en Espagne. Il resta fidèle à ces thèmes faciles, qui lui valurent le succès — mousquetaires, andalouses, personnages picaresques ou goyesques —, traités avec un brio incontestable et que sauvent parfois la qualité de la matière et le sens espagnol de la couleur. Nous sommes sans doute plus sensibles aujourd'hui à l'attrait de certains intérieurs (l'Atelier de Muñoz Degrain, Casón ; l'Atelier de Goya, New York, Hispanic Society), à la solidité de ses portraits, dont le musée de Valence possède un bon choix (le Peintre Peiro, Garica Rubio), et de ses dessins.
Dominguez (Oscar)
Peintre espagnol (Ténériffe, Canaries, 1906 – Paris 1957).
Fils d'un exportateur de bananes, il vint à Paris en 1929, subit d'abord l'influence de Dalí et d'Ernst. En 1933, il organise une exposition d'art surréaliste à Ténériffe ; il se joint au groupe parisien en 1934, peint, entre autres toiles, Désir d'été et la Machine à coudre électro-sexuelle et réalise en 1935 ses premières " décalcomanies sans objet ". Sa période " cosmique " de 1937, où il pratique l'automatisme surréaliste, est l'une des meilleures de son œuvre : Nostalgie de l'espace (1939, New York, M. O. M. A.). À l'exposition surréaliste de la gal. des Beaux-Arts (Paris, 1938), il présente de remarquables " objets surréalistes ", comme Jamais (des jambes de femmes enfouies dans un pavillon de Gramophone). Resté à Paris pendant l'Occupation, il participe au groupe la Main à plume, alors que la plupart des peintres surréalistes sont en Amérique. Son exposition de 1943, chez Carré à Paris, présente des toiles dans le style de De Chirico. Après la guerre, Dominguez cherche à se renouveler ; il cesse de graviter dans l'orbite du mouvement surréaliste. Le Cheval de Troie (1947) l'apparente à Picasso. Son œuvre devient alors multiple et un peu tâtonnante. Il s'est suicidé le 31 décembre 1957, à Paris. Une exposition lui a été consacrée (Las Palmas, Santa Cruz, Madrid) en 1996.
Domínguez Bécquer (les)
Famille de peintres espagnols.
José (Séville 1805 – id. 1841). Précurseur du " costumbrismo " sévillan, il a établi, dans des œuvres de petit format, appréciées des étrangers, les principes et les thèmes de cette peinture populaire : scènes de marché, d'église, de danse ; l'influence de Pérez Villaamil et surtout de David Roberts (à Séville en 1833) nuance son utilisation de la lumière et des couleurs (la Giralda vue de Placentinas, Séville, coll. part.). Professeur au Liceo de Séville, il fut aussi portraitiste et surtout illustrateur, avec une série de lithographies et de gravures (Album Sevillano, España artística, fort diffusés). Il eut comme fils le poète Gustavo-Adolfo Becquer et le peintre Valeriano.
Valeriano (1833-1870). Il est l'un des plus intéressants peintres romantiques espagnols. Élevé, après la mort de son père, par son oncle, le peintre Joaquin D.B., il peignit d'abord à Séville dans un esprit " costumbriste " subtilement teinté de romantisme (le Fumeur et le Porteur d'eau, Séville, coll. part.). Sa vie, minée par la maladie et les difficultés financières, se situe dans l'ombre de son frère. Il l'accompagne à Madrid en 1861 et participe à la décoration du palais du marquis de Remisa. De 1865 à 1868, il réalise sur ordre du gouvernement une série de dessins des Types, costumes et coutumes d'Aragon et de Castille, accompagnée de peintures de paysages et de mœurs qui manifestent son sens très aigu de l'observation (Fontaine de l'ermitage de Sonsoles, 1867, Madrid, Museo Romántico). L'année de sa mort, il est nommé dessinateur de la Ilustración de Madrid. Il est aussi remarquable portraitiste (Intérieur Isabelin, 1856, musée de Cadiz), et le portrait de son frère, Gustavo Adolfo Becquer (1862, Séville, coll. part) peut compter parmi les grands portraits du romantisme européen.
Joaquín (1817-1879). Il est le frère de José et l'oncle de Valeriano, qu'il éleva. Il connut une carrière officielle longue et brillante : professeur puis directeur de l'école des Beaux-Arts de Séville, dont il avait été élève, membre de l'Académie sévillane en 1874, professeur de dessin des enfants du duc de Montpensier, restaurateur de l'Alcázar de Séville, il forma de nombreux disciples. Ses œuvres " costumbristes ", comme Scène de carnaval à Séville près de la Lonja (Madrid, Museo Romántico) ou La Cruz del Campo en Sevilla (Museo de San Telmo, San Sebastián), montrent sa capacité à réunir vastes panoramas et études détaillées et vibrantes des personnages dans des coloris lumineux et délicats. Bon portraitiste, il laisse un intéressant Autoportrait en chasseur et plusieurs portraits du duc et de la duchesse de Montpensier. Pour la mairie de Séville, il peignit un grand tableau d'histoire, la Paix avec le Maroc (in situ).
Dominiquin (Domenico Zampieri, dit il Domenichino, en français le)
Peintre italien (Bologne 1581 – Naples 1641).
Après un court apprentissage auprès du maniériste Calvaert, qui le marqua fort peu, il passa à l'académie des Carrache, où il se distingua rapidement comme un dessinateur remarquable. Il travaille alors avec les Carrache à la décoration de l'oratoire de S. Colombano (Descente du Christ aux Limbes, vers 1598-1600). Peu après, il se rend à Rome pour étudier dans le milieu classicisant dominé par Annibale Carracci et collabore avec ce dernier à de nombreux travaux (palais Farnèse : Jeune Fille à la licorne, Narcisse).
Bien qu'il fût conduit à adopter assez tôt une peinture monumentale à sujets nobles, il s'adonna également toute sa vie à la peinture de paysage, le plus souvent en de petites toiles témoignant d'une fraîche observation du réel et d'un sens profond de la beauté de la nature. Ces œuvres, difficiles à dater, trouvent d'ailleurs un écho, tout au long de sa carrière, dans le fond de paysage de nombreuses " pale " d'autels. Les plus beaux exemples de paysages sont le Gué (Rome, Gal. Doria-Pamphili), Saint Jérôme (Glasgow, Art Gal.), les deux Histoires d'Hercule, Herminie chez les bergers et la Fuite en Égypte (tous les quatre au Louvre). Le premier succès public de Dominiquin, une fresque relatant la Flagellation de saint André, peinte dans l'oratoire S. Andrea à S. Gregorio al Celio, fut exécuté en 1609 (en concurrence avec Guido Reni, qui travaillait à la décoration du mur opposé). Viennent ensuite ses deux chefs-d'œuvre : la décoration à fresque de la chapelle des Saints-Nil-et-Barthélemy à l'abbaye de Grottaferrata (Latium), entre 1608 et 1610, et celle de la chapelle Polet, dédiée à sainte Cécile, à Saint-Louis-des-Français (Rome).
Avant d'achever la Vie de sainte Cécile (1612-15), il avait exécuté, pour l'église romaine de S. Girolamo della Carità, un grand tableau d'autel avec la Dernière Communion de saint Jérôme (1614, auj. Vatican). Cette œuvre présente un chromatisme brillant, inusité chez un artiste qui, sauf pour ses paysages, se soumettait habituellement à la rigueur des normes classicisantes élaborées sur l'exemple de l'Antiquité et de Raphaël. Cette même force picturale, particulière à ce moment de son évolution, se retrouve dans les fresques de Saint-Louis-des-Français. Dans le cadre d'une mise en scène calculée sur les modèles fameux de Raphaël, Dominiquin offre ici de vibrantes observations naturalistes, révélant un artiste plus proche de la vie et de la réalité que des images idéales issues des théories de la Beauté qu'il avait lui-même élaborées et que développait alors Giovanni Battista Agucchi.
Au cours des années suivantes, Dominiquin finit par adhérer sans restrictions aux normes classiques, au risque même d'étouffer son inspiration la plus originale sous des réminiscences trop intellectuelles.
De sa meilleure veine créatrice, inspirée par la poétique du Beau idéal, sont nés la Chasse de Diane (1616-17, Rome, Gal. Borghèse), les fresques mythologiques de la villa Aldobrandini de Frascati (1616-18, Londres, N. G.), les fresques de la voûte du chœur de S. Andrea della Valle (Scènes de la vie de saint André, 1622-1627) et quelques beaux portraits (Monsignor Agucchi, York, City Art Gallery). Mais, durant cette période, Dominiquin donne également de nombreuses œuvres qui ne peuvent se situer sur le même plan et reflètent en outre les atteintes d'une crise personnelle qui se révéla sans remède. Il séjourna quelque temps à Fano, plus longtemps à Bologne, enfin à Rome, où le pape Grégoire XV, son concitoyen, l'avait nommé architecte pontifical (1621) et lui avait procuré la commande de la décoration de S. Andrea della Valle. Malgré la mort prématurée de Grégoire XV (1623) et l'ascension de peintres beaucoup plus " modernes ", comme Lanfranco et Pierre de Cortone, Dominiquin continua à recevoir d'importantes commandes pour des tableaux d'autels à Rome. Il quitte cependant cette ville pour se rendre à Naples, où il s'installe en 1630 après avoir accepté la commande de la décoration de la chapelle S. Gennaro, au Dôme. Après un séjour peu heureux, tant sur le plan personnel que sur le plan artistique, il mourut sans avoir achevé cette œuvre et sans avoir obtenu l'estime des peintres napolitains.
Une importante exposition est consacrée à l'artiste (Rome, M. N. di Palazzo Venezia) en 1996-1997.