Vuillard (Édouard) (suite)
Retour au réalisme précis et minutieux (1900-1940)
Après 1900, la carrière de Vuillard s'écartera délibérément des voies nouvelles de l'art moderne. Ses compositions deviennent de plus en plus grandes et monumentales ; elles acquièrent une profondeur et un volume que n'avaient pas les œuvres antérieures. Elles sont destinées à de grandes maisons de campagne (celles des Bernheim-Jeune à Bois-Lurette [1913] ou des Hessel), au théâtre de la Comédie des Champs-Élysées (1913, avec Denis, Bonnard et Roussel), au palais de la S. D. N. à Genève (1936, avec Roussel, Denis et Chastel), au palais de Chaillot (1937, avec Roussel et Bonnard). L'analyse des bourgeois dans leurs appartements est fine et parfois teintée d'humour (la Famille du peintre ou le Dîner vert, Londres, coll. part. ; la Visite, Paris, coll. part. ; la Conversation ou la Veuve en visite, Toronto, Art Gal. of Ontario ; la Famille). La description des intérieurs n'empêche pas la profondeur et la sensibilité des portraits : les Natanson, les Bernheim-Jeune, les Hessel, le Dr Viau, Mme Bénard, la comtesse de Noailles, les Nabis (Paris, Petit Palais), Mme Vasquez, le Dr Widmer, Jeanne Lanvin (1928) et sa fille la Comtesse de Polignac (1929), la Comtesse de Blignac, entre tant d'autres, ont posé pour l'artiste.
Les nus sont assez rares dans ces appartements cossus et encombrés de mobilier 1900 ; Vuillard en a toutefois exécuté quelques-uns au début du siècle (Femme se coiffant ; Intérieur). S'ils n'ont ni la splendeur ni la liberté d'inspiration de ceux de Bonnard, ces nus évoquent pourtant ces derniers par leur intimisme, leurs relations avec les objets qui les entourent. Malgré quelques belles réussites (Paysage à l'Étang-la-Ville, 1899 ; la Maison de Mallarmé à Valvins, 1895, Paris, musée d'Orsay), Vuillard se sent également moins à l'aise en plein air. Embarrassé par le paysage, il est mieux inspiré par les rues et les jardins de Paris : Paysage de Paris (v. 1905), Jardins publics (1894, Paris, musée d'Orsay), la Place Vintimille (1907) ; il mêle les souvenirs de Bazille et Monet, de Puvis de Chavannes et le thème des rues de Paris vues en hauteur traité par Bonnard (1891-92). Après 1930, pendant ses vacances dans le château des Clayes, propriété de ses amis Hessel, il exécute des natures mortes, vases de fleurs simples, souvent placés devant une fenêtre, œuvres toutes de détente et d'harmonie où le talent du coloriste apparaît là encore sous son meilleur jour. Vuillard est largement représenté au musée d'Orsay, au Petit Palais à Paris, dans les musées de province (Toulouse-Lautrec, musée d'Albi ; peintures provenant du legs verbal de Vuillard exécuté grâce à M. et Mme K.X. Roussel, beau-frère et sœur de l'artiste, déposées dans plusieurs musées) et dans la plupart des grands musées européens et américains. Une exposition Vuillard a été organisée en 1990 (Lyon, Nantes, Barcelone).