Moser (Koloman)
Artiste autrichien (Vienne 1868 – id. 1918).
Créateur aux activités multiples — peintre, graphiste, illustrateur, organisateur d'expositions, créateur d'objets d'art et de mobilier —, Koloman Moser exerce une grande influence sur la vie artistique de Vienne au tournant du siècle. Après s'être initié aux techniques artisanales dans les ateliers du Theresianum dirigé par son père, Moser suit les cours de l'Académie de Vienne (Ch. Griepenkerl, F. Rumpler, M. Trenkwald), puis de l'École d'art appliqué de 1892 à 1895. Il y rencontre Klimt, tout en étant en contact avec le club des Sept (J. M. Olbrich et J. Hoffmann). Cofondateur, en 1897, de la Sécession, il devient l'un des collaborateurs les plus remarquables de la revue Ver Sacrum. En 1897, il voyage à Munich, Leipzig, Prague, et, l'année suivante, il participe au projet de bâtiment de la Sécession de Olbrich (vitrail pour l'entrée, décoration de façades latérales). Enseignant à partir de 1899 à l'École d'art appliqué, il réalise de nombreux dessins pour du mobilier, des tissus, des objets variés. En 1903, il fonde à Vienne, avec Josef Hoffmann, les Wiener Werkstätte, qu'il quitte en 1907. Dès 1903, il s'est lié avec Hodler, dont l'art exerce une profonde influence sur sa peinture (Trois Femmes, Vienne, M. A. M.). La même année, il réalise l'aménagement de l'exposition Beethoven au palais de la Sécession. Tout en collaborant à la réalisation du palais Stoclet à Bruxelles, il propose des esquisses pour la décoration de l'église " Am Steinhof " conçue par Otto Wagner à Vienne, projets qui seront refusés. À partir de 1907, il se consacre principalement à la peinture, reprenant contact en 1913 avec Hodler ; il atteint alors à une réelle monumentalité des figures. Une exposition rétrospective lui a été consacrée par le Musée d'art décoratif de Vienne en 1979.
Moser (Lukas)
Peintre allemand (première moitié du XVe s.).
Il est l'auteur d'un Retable de sainte Madeleine conservé dans l'église de Tiefenbronn, près de Pforzheim (Forêt-Noire), daté de 1432 ; une inscription portée sur le cadre désigne ce retable comme œuvre de " Lucas Moser peintre de Weil " (probablement Weil der Stadt, non loin d'Ulm, où l'artiste devait avoir son atelier).
Le retable, dont la forme particulière s'explique par sa destination (il a été substitué à une fresque sur le mur du bras sud du transept, sous un arc brisé), est exécuté en bois de chêne (exceptionnel en Allemagne du Sud) recouvert de parchemin ; certaines parties ont été dorées, et d'autres, comme la mer, peintes sur feuille d'argent. Il n'a subi que deux modifications : l'une v. 1525, lorsque la statuaire du coffre fut remplacée par la Sainte Madeleine portée par les anges qui s'y trouve encore aujourd'hui, ce qui provoqua une augmentation de la hauteur du coffre et l'adjonction d'une petite frise décorative en haut des volets mobiles et des ailes fixes, et l'autre en 1891, quand la pose d'un nouveau cadre extérieur entraîna la disparition d'une partie des inscriptions. Celles qui demeurent ont été repeintes, mais sans que la forme des lettres et le sens des phrases aient été altérés.
Fermé, le retable montre plusieurs scènes de la légende de sainte Madeleine : à gauche (aile fixe), le Voyage en mer ; au centre (les 2 volets mobiles), le Sommeil des saints arrivés à Marseille et, au-dessus, à travers une fenêtre, Sainte Madeleine apparaissant à l'épouse du prince ; à droite (aile fixe), la Dernière Communion de la sainte dans la cathédrale d'Aix. Sur la face interne des volets mobiles sont représentés Sainte Marthe à gauche et Saint Lazare à droite, les 2 figures se dressant devant un fond d'or sur un sol composé de nuages, d'étoiles et d'une multitude de monstres — allusion peut-être à leur action évangélisatrice en Provence. Aucune des hypothèses concernant l'état original du coffre n'a pu être confirmée. Sur la lunette, toujours visible, la Madeleine est représentée essuyant les pieds du Christ pendant le repas chez Simon ; la prédelle montre le Christ avec les vierges sages et les vierges folles. L'œuvre est d'une haute qualité picturale, sans exemple dans l'Allemagne de l'époque. Il est difficile de déterminer où son auteur a reçu sa première formation — peut-être en Basse-Rhénanie —, mais certaines particularités de l'iconographie et du style le montrent parfaitement informé des développements les plus récents de la peinture flamande, en particulier des œuvres du Maître de Flémalle : symbolisme dans les figures du portail et dans l'état d'inachèvement de la cathédrale d'Aix ; composition architecturale unique pour 2 scènes différentes (l'Arrivée à Marseille et la Communion) ; rendu de l'eau comparable à celui que l'on trouve dans les miniatures les plus modernes à l'époque ; attention apportée aux effets de la lumière (par exemple l'ombre d'un anneau sur un mur). Cependant, le traitement des formes se ressent encore très nettement des habitudes de la génération antérieure, du " style doux " rhénan.
La célèbre inscription " Crie, art, crie et plains-toi amèrement de ce que personne désormais ne te désire plus, hélas ! ", portée sur le cadre, a suscité de nombreux commentaires. On tend à y voir non pas la protestation d'un peintre traditionnel hostile aux nouveautés, mais bien plutôt la plainte d'un artiste conscient de sa valeur et de sa modernité dans un milieu ne pouvant l'apprécier.
Moses (Anne Mary Robertson, dite Grand-Maman, ou Grand'Ma')
Peintre américain (Greenwich, New York, 1860 – Hoosick Falls, New York, 1961).
Fermière, installée en 1905 dans la ferme d'Eagle Bridge, mère de famille, elle ne se consacre à la peinture qu'à partir de l'âge de 70 ans. " Lancée " en 1939, elle peint plus de 1 000 tableaux " naïfs ", dont elle emprunte les sujets à la vie quotidienne de la ferme et de la campagne, dans des paysages et des scènes chaleureux et familiers (la Ferme McDonell, 1943, Phillips Collection, Washington ; l'Arbre mort, 1948, Paris, M. N. A. M.) du Vermont. La vie, l'animation, la clarté font le charme de cette peinture étonnamment enfantine, jusque dans les maladresses savoureuses du dessin. Anne Mary Moses est représentée dans de nombreux musées américains, notamment au M. O. M. A. de New York et en Europe. La National Gallery de Washington a consacré à son œuvre, en 1979, une exposition rétrospective.