Arteaga (Sebastián de)
Peintre espagnol actif au Mexique (Séville 1610 – Mexico 1656).
Malgré la brièveté de sa carrière et le petit nombre d'œuvres qu'on peut lui attribuer avec certitude, Arteaga est un des peintres les plus importants du Mexique au XVIIe s., et celui qui marque un tournant : le triomphe — à retardement — du Ténébrisme.
Fils d'un orfèvre sévillan, Arteaga a pu travailler avec Zurbarán à Séville. En tout cas, il a vu les œuvres de sa maturité avant de s'embarquer pour le Mexique, où il arrive en 1643, comme notaire du Saint-Office. De cette même année 1643 date son chef-d'œuvre, l'Incrédulité de saint Thomas (Mexico, pin. Virreinal), saisissant par l'éclat des contrastes lumineux autant que par l'impérieuse sérénité du Christ en face de l'apôtre hésitant. Les Christ en croix (pin. Virreinal et sanctuaire de Guadalupe) sont aussi vigoureusement ténébristes et plus tourmentés de lignes que ceux de Zurbarán. Quant au Mariage de la Vierge (pin. Virreinal) signé par Arteaga, il offre de telles parentés avec les œuvres certaines de son élève et continuateur José Juarez qu'on tend aujourd'hui à considérer la signature comme postiche, ou de complaisance. Mais ce fait même prouve l'emprise exercée par le style d'Arteaga. À l'art probe et sympathique, mais timide et d'une placidité encore marquée par le Maniérisme qu'incarnaient les Echave — quarante ans après Caravage —, va succéder un style plus ample et monumental, issu de Herrera et de Zurbarán, auquel l'art colonial restera fidèle jusqu'au milieu du XVIIIe s.
Arthois (Jacques d')
Paysagiste flamand (Bruxelles 1613 – id. v. 1686).
Nommé maître en 1634, ce paysagiste fécond, aux vigoureuses qualités décoratives, amateur de grandes surfaces, s'inspira principalement des forêts des environs de Bruxelles (Soignies) et continua, avec une largeur toute rubénienne, la tradition du paysage sylvestre inauguré par Bril et Coninxloo. Bien caractéristiques de son goût baroque sont ses talus de chemins et ses sablonnières, violemment éclairés par contraste avec d'épaisses masses de verdure sombre. Son influence et ses nombreux élèves le font apparaître comme le chef de toute une école bruxelloise de paysagistes au XVIIe s. Le musée de Montpellier conserve un beau tableau, signé par le maître et par Teniers (pour les figures). Le peintre est représenté à Madrid (14 tableaux au Prado), à Bruxelles (M. R. B. A.) et au musée de Quimper.
Artschwager (Richard)
Artiste américain (Washington 1923).
Après des études de chimie et de mathématique, il fréquente en 1949 l'atelier d'Amédée Ozenfant à New York. À partir de 1953, il dessine et produit des meubles. Son œuvre, commencé vers 1960, se décompose en deux parties. D'une part, des travaux démarqués du mobilier, des objets dont l'origine fonctionnelle et utilitaire subsiste en arrière-plan. En bois ou en Formica, ces " meubles " sont détournés par une géométrisation et une simplification des formes (Table et chaise, 1963-64, Londres, Tate Gal.), parfois complétées par le désir de transcrire dans le domaine sculptural des valeurs picturales (Table avec une nappe rose, 1964, Londres, coll. Saatchi ; Triptyque II, 1964, Paris, M. N. A. M.). L'autre pan de son œuvre est constitué (à partir de 1962) par des peintures, en noir et blanc, sur Cellotex, réalisées d'après des photographies avec un intérêt particulier sur les sujets en perspective (Scène de bureau, 1966). Il exploite les mêmes règles de perspectives dans des volumes géométriques à partir de 1966 (Logus, 1967, Cologne, musée Ludwig), traités dans un Formica marbré. Au début des années 70, il confronte, dans des peintures représentant des intérieurs (le Cavalier polonais, IV, 1971, Bâle, Kunstmuseum), les thèmes perspectifs et le mobilier, souvent traités en diptyque ou en triptyque, parallèlement à des vues de gratte-ciel ou à des paysages. Plus récemment, Artschwager accentue les aspects ironiques de son œuvre, intensifiant les distorsions de formes familières (Orgue de cause et effet, III, 1986, New York, Whitney Museum) ou introduisant des ponctuations en trois dimensions. Une rétrospective a fait le point sur son œuvre à New York (Whitney Museum) et à Paris (M. N. A. M.) en 1988.
Asam (Cosmas Damian)
Peintre et architecte allemand (Benediktbeuern 1686 – Munich 1739).
Son frère Egid Quirin (1692-1750) , sculpteur et stucateur, fut son collaborateur. Après la mort de leur père, Hans Georg (1649-1711) , qui leur avait appris la technique de la fresque, ils allèrent compléter leur formation à Rome (1712-1714). Les décors des églises d'Ensdorf (1714), de Michelsfeld (1716), d'Amberg (1717), exécutés à leur retour, sont encore traditionnels, et ce n'est qu'à Weingarten (1717, décor des six travées de la nef et de la coupole du carré du transept) qu'Asam met en application les principes d'Andrea Pozzo. L'une des travées répète très exactement l'architecture réelle en quadrature sur la voûte ; cette continuation illusionniste de l'espace vrai est destinée à donner plus de vraisemblance à l'apparition divine dans la coupole à ciel ouvert, représentant la Vision de saint Benoît. À Aldersbach (1720), il tenta, pour la première fois, de dissimuler l'architecture au moyen du stuc, qui sert ainsi de relais à la peinture. L'esthétique d'Asam est parfaitement au point à l'église de Weltenburg (1721, Glorification de la Vierge à la coupole) dont il est également l'architecte. L'espace clos avec une trouée permettant l'intervention du monde céleste est exploité dans l'Adoration des bergers à la voûte de l'église d'Einsiedeln (1724-1726), où la complexité de la composition et la profusion des figures répondent au décor rococo sinueux et pesant. Le plafond de S. Maria Victoria à Ingolstadt : Marie, reine du monde (1732-1736), se développe en hauteur. Les personnages figurant les quatre parties du monde occupent les angles et la zone inférieure ; puis, à partir d'une série de scènes en paliers, on accède à une grande architecture triomphale abritant Marie et traitée avec tous les artifices de l'illusionnisme ; enfin les nuances d'un coloris léger et dématérialisé caractérisent le monde divin. Cette œuvre majeure influencera bien des peintres d'Allemagne du Sud (Strauder, Kraus, Hermann, Wenzinger, Zeiller), des peintres tessinois (Giorgioli, Torricelli) et milanais (Appiani). Dans les œuvres profanes, tel le Triomphe d'Apollon (1730) qui décore un plafond octogonal du château d'Alteglofsheim, son talent se déploie avec une aisance encore plus grande, évidente dans la liberté des mouvements, l'éclatant coloris aux dominantes violet et or et le dessin libre avec une tendance à la déformation. La renommée d'Asam le fit appeler dans tout le monde germanique, jusqu'en Silésie ainsi qu'à Prague. S'inscrivant dans la lignée des grands fresquistes italiens, il représente le sommet du Baroque tardif et annonce le Rococo bavarois.