Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Schut (Cornelis)

Peintre flamand (Anvers 1597  – id. 1655).

Peintre de sujets religieux, il est mentionné pour la première fois en 1618-19 comme maître de la gilde de Saint-Luc d'Anvers, puis comme membre de la chambre de rhétorique de Violieren en 1620-21. Il voyagea en Espagne et en Italie. À Rome entre 1624 et 1627, il y est connu sous le nom de Cornelio Fiammingo ; il peint des fresques à Frascati dans le " casino " de Pietro Pescatore, en collaboration avec Timan Craft, puis un Massacre des Innocents et une Adoration des mages qui firent partie de la coll. Vincenzo Giustiniani (auj. à l'église de la Trinité de Caen).

   Il n'est pas prouvé qu'il fut élève de Rubens, dont il subit en tout cas fortement l'influence. Il prit part à la décoration de l'Entrée du Cardinal-Infant (1635), décora d'une Assomption la coupole du transept de Notre-Dame d'Anvers (1645-1647). On lui doit des tableaux d'autel pour des églises en Flandres (Pietà à Saint-Jacques d'Anvers ; la Portiuncula, musée d'Anvers ; la Décollation de saint Georges, id. ; la Purification de la Vierge, id.) et de Cologne. Il réalisa, pour une série de tapisseries, les Sept Arts libéraux, un ensemble de cartons (dont trois huiles grandeur nature à Anvers, Rubenshuis) ; celles-ci eurent un grand succès, et nous en connaissons 11 tissages, réalisés entre 1654 et 1676. L'artiste peignit aussi les figures de certains tableaux de Pieter Neeffs II.

   L'art puissant et original de Cornelis Schut, caractérisé par un dessin ample et violent, d'audacieux effets de lumière et des couleurs fortement contrastées, n'a été remis au premier plan que récemment. L'artiste exerça une influence certaine sur Murillo, mentionnée par l'historien d'art Ceán Bermúdez.

Schwabe (Carlos)

Peintre suisse (Altona, Holstein, 1866  – Paris 1926).

Élève de Mittey à l'École des arts industriels de Genève (où il se fait naturaliser en 1888), il se fixe en France et vit à Paris et Barbizon. Il acquiert rapidement une notoriété dans les milieux symbolistes de Paris et expose au Salon de la Rose-Croix, dont il dessine l'affiche en 1892. Ses œuvres font preuve d'une pureté de ligne alliée à une minutie dans le traitement du détail et apportent une contribution notable au Jugendstil (le Jour des morts, 1892, Rio de Janeiro, M. N. B. A. ; la Douleur, 1893, Genève, musée d'Art et d'Histoire).

   Carlos Schwabe eut une activité d'illustrateur féconde, entre autres pour les Évangiles de l'écrivain " décadent " Catulle Mendès (1891-1894), le Rêve de Zola (1892, dessins au Louvre, fonds du musée d'Orsay), les Fleurs du mal de Baudelaire (1897). La stylisation du dessin, la création d'une iconographie personnelle et un sens prononcé de l'organisation décorative caractérisent cette production à l'aspect incisif. Schwabe donna également des modèles de papier peint.

Schwarzkogler (Rudolf)

Artiste autrichien (Vienne 1940  – id. 1969).

Du groupe des actionnistes viennois, il est celui qui a développé le langage corporel le plus poussé. Marqué par les travaux d'Arnulf Rainer et d'Yves Klein, il réalise à partir de 1963 des panneaux recouverts de pigments dans lesquels il introduit des éléments hétérogènes. Mais c'est à partir des actions qu'il a réalisées depuis 1964 que va s'affirmer sa puissance expressive. Il crée des images fortes en jouant de la provocation et de la symbolique, dont il a su auparavant évacuer toute théâtralité. Se servant de son corps comme matériel plastique, sur lequel il a simulé des concepts, des fantasmes ou des actes sexuels, il n'a jamais recouru à la blessure, comme l'affirmait une légende habilement entretenue (Action avec le corps, 1967). La retenue et la charge mentale qu'il développe dans ses actions annoncent sur certains points l'œuvre de Gina Pane. En collaboration avec Günter Brus et Otto Muehl, il a tourné deux films en 1969 (Satisfaction, Simultan). Bien que disparu prématurément, il a pris part à un bon nombre d'actions au sein du groupe viennois. Son œuvre a été présenté en 1970 à Vienne (gal. Nächst St Stephan), en 1976 à Innsbruck (gal. Krinsinger), et en 1992 (Vienne, Museum Moderner Kunst).

Schwind (Moritz von)

Peintre et graveur allemand (Vienne  1804  – Niederpöcking, près de Munich, 1871).

Il est de 1821 à 1823 l'élève de l'Académie de Vienne, où il subit l'influence de ses maîtres Schnorr von Carolsfeld et Peter Krafft, mais sa formation est surtout autodidacte. Il se fait d'abord connaître comme illustrateur et traite de sujets inspirés de contes ou de scènes de la vie bourgeoise. En 1828, il séjourne à Munich et se lie d'amitié avec Cornelius, sous l'influence de qui son art atteindra plus de monumentalité. De 1832 à 1836, il exécute les projets de fresques pour la Résidence de Munich et pour le château de Hohenschwangau. Il part en Italie en 1835 et crée à cette époque ses premières œuvres importantes, le Chevalier Kurts Brautfahrt (autref. au musée de Karlsruhe, brûlé en 1931). De 1840 à 1844, il travaille à Karlsruhe, décore de peintures murales la nouvelle galerie ; il peint alors le Chevalier de Falkenstein (1843-44, musée de Leipzig) et la Rose (1847, musées de Berlin). Il enseigne à Francfort puis à l'Académie de Munich en 1847, exécute des fresques à la Wartburg en 1854-55 et, en 1866-67, sa dernière œuvre monumentale : les fresques de la loggia de l'Opéra de Vienne illustrant des scènes de la Flûte enchantée de Mozart. Le style de Schwind dérive de celui des Nazaréens ; il s'en différencie toutefois par une manière plus puissante, plus heureuse, et sait y mêler une dimension fantastique et légendaire : un monde de gnomes et de fées peuple les forêts sous un éclairage lunaire (Vision dans la forêt, 1858, Munich, Städtische Galerie). La figure de Rübezahl (1859, id.) est l'une des plus fortes et des plus célèbres. Parallèlement à cette veine encore marquée par le chromatisme romantique, Schwind développe une peinture plus claire et spontanée, très anecdotique (la Visite, 1855, Munich, Neue Pin.) et sait renouveler ses cadrages et sa gamme colorée (l'Artiste et sa famille, 1864, Hanovre, Niedersächsisches Landesmuseum). Son œuvre graphique comprend les cycles de contes de Cendrillon (1854, Munich, Neue Pin.) et des Sept Corbeaux (1857-58, musée de Weimar). Schwind a également laissé des portraits très frappants (la Cantatrice Karoline Hetzenecker, 1848, musée de Nuremberg) et exécuté quelques commandes religieuses.