Maître de la Passion de Lyversberg
Peintre allemand (actif dans la seconde moitié du XVe s.).
Il doit son nom au retable de la Passion des chartreux de Cologne, qui appartint au début du XIXe s. à la collection Lyversberg, et dont les revers des volets représentant l'Annonciation et l'Adoration des Rois se trouvent au musée de Nuremberg et les panneaux intérieurs au W. R. M. de Cologne. Sur les faces antérieures des volets de ce retable, offert en 1464 par la famille Rinck, sont peintes 8 scènes de la Passion, de la Cène à la Résurrection. Animées de multiples personnages, ces compositions, à la trame serrée, ne laissent percevoir aucune tension spatiale. L'artiste travaillait dans l'entourage immédiat du Maître de la Vie de la Vierge, et il exécuta avec celui-ci plusieurs retables. Tout comme lui, il subit l'influence des artistes flamands, notamment celle des Bouts et de Memling. Toutefois, ses tableaux, qui imitent les compositions flamandes ou en copient servilement certains motifs, montrent qu'il était plus assujetti à ses modèles que le Maître de la Vie de la Vierge. En effet, la liberté avec laquelle ce dernier sut transposer les œuvres de Rogier demeure étrangère au Maître de la Passion de Lyversberg. Outre le retable auquel il doit son nom, on lui attribue un Retable des Sept Joies de la Vierge (Linz, église Notre-Dame), un Couronnement de la Vierge (Munich, Alte Pin.) et un Retable de Notre-Dame (musée de Lille et W. R. M. de Cologne).
Maître de la Petite Passion
Peintre allemand (actif à Cologne dans le premier tiers du XVe s.).
Proche du Maître de la Véronique, il est ainsi désigné d'après les 6 panneaux de la Petite Passion conservés à Cologne (W. R. M.). Ces panneaux se divisent – tant au point de vue du style que de la composition – en 2 groupes : les 3 premiers panneaux représentent chacun 2 scènes et les 3 autres n'en représentent qu'une. Bien que ces 2 groupes soient caractérisés par un style narratif, les figures du premier sont beaucoup plus petites et plus animées que celles du second, d'où se dégage une grande sérénité. Toutefois, la technique et le coloris sont absolument les mêmes dans les deux cas, et il est difficile de dire si les différences constatées résultent de l'emploi de modèles divers ou de l'existence de deux maîtres différents. Stange attribue au même artiste un panneau représentant 35 Scènes de la vie du Christ disposées en 5 rangées de 7 (musées de Berlin). Ces tableautins, au coloris délicat, sont très proches de ceux du second groupe de la Petite Passion. Il convient aussi de rattacher à ces œuvres une grande toile représentant le Martyre de sainte Ursule (Cologne, W. R. M.), un panneau consacré au Martyre des Dix Mille et son pendant, une représentation de la Légende de saint Antoine (id.). Le panneau de sainte Ursule, que l'on considère comme une version allemande autonome des célèbres paysages caractéristiques de l'enluminure française, remonte – ainsi qu'en témoigne la vue de Cologne à l'arrière-plan – à l'année 1411.
Maître de la Sainte Parenté (Meister der heiligen Sippe)
Peintre allemand (actif à Cologne de 1470/1480 à 1515).
Parmi les nombreux peintres anonymes qui travaillèrent à Cologne autour de 1500, l'un des plus féconds et des plus variés fut le Maître de la Sainte Parenté. Son importante production — on lui attribue non seulement plusieurs retables d'un format imposant, des panneaux et des portraits, mais aussi des cartons de vitraux pour les églises de Cologne — invite à penser qu'il dirigeait un grand atelier. L'artiste doit son nom au Retable de la Sainte Parenté offert peu après 1500 au couvent des dominicaines de Saint-Achace par la famille Hackeney (Cologne, W. R. M.). Le panneau central de ce triptyque représente le Mariage mystique de sainte Catherine en présence de la Sainte Parenté de la Vierge ; sur les volets figure le couple des donateurs présentés par leurs saints patrons. Œuvre de maturité, ce panneau solennel est d'une composition parfaitement équilibrée, mettant en scène 3 rangées de personnages. Comme dans toutes ses œuvres, l'artiste attache une importance primordiale au traitement des figures, dont il accentue le relief tout en veillant à la sobriété des gestes.
Ses premiers travaux, qui doivent se situer au début des années 1480, sont encore fortement influencés par la peinture traditionnelle de Cologne, notamment par celle du Maître de la Vie de la Vierge ; quelques emprunts à Stephan Lochner sont également perceptibles : la Présentation au Temple du Louvre (centre d'un retable des Sept Joies de la Vierge, provenant du couvent des bénédictines des Macchabées de Cologne, dont les volets sont conservés au musée de Nuremberg) reprend la composition du même sujet de Lochner au musée de Darmstadt.
Il faut rattacher à cette période un grand panneau aux multiples personnages datant de 1486 et représentant la Messe de saint Grégoire (musée d'Utrecht) et le tableau votif du comte Gumprecht von Neuenahr (Cologne, W. R. M.), qui date peut-être de 1484. Le cycle des œuvres de jeunesse s'achève sur la Crucifixion de Richterich, près d'Aix-la-Chapelle, peinte v. 1490 (Bruxelles, M. R. B. A.). L'année 1490 annonce une évolution probablement déterminée par un voyage de l'artiste aux Pays-Bas. Les tons variés et clairs qui caractérisaient les premiers travaux sont désormais remplacés par une couleur dominante qui commande la composition ; le réalisme, le souci du relief, qui s'affirme jusque dans les moindres détails, l'emportent sur toutes les autres tendances. Les tableaux postérieurs à 1490 sont surtout pénétrés par l'influence de Juste de Gand et de Hugo Van der Goes. C'est à ceux-ci que l'artiste doit non seulement les nouvelles formules qu'il applique tant dans la composition que dans la représentation du paysage et des personnages, mais aussi la subtilité de son dessin. Aux premiers panneaux empreints de cet esprit flamand se rattachent les 2 parties d'un retable offert par le curé Jacob Udeman von Erkelenz et datées de 1492 (musée de Nuremberg).
Le chef-d'œuvre de sa maturité est — après le retable de la Sainte Parenté — le retable de la Circoncision de l'église Sainte-Colombe de Cologne (Munich, Alte Pin.), don du conseiller municipal Johann von Questenberg et de son épouse. Les œuvres les plus importantes du Maître de la Sainte Parenté, suivant la chronologie observée ici, montrent que l'artiste s'est formé dans la tradition de l'art de Stephan Lochner plutôt que dans celle de la peinture flamande contemporaine.
Cette constatation laisse supposer qu'il est sorti de l'atelier du Maître de la Glorification de la Vierge et qu'il a subi par la suite l'influence du Maître de la Vie de la Vierge et celle d'artistes des Pays-Bas, tel Hugo Van der Goes, tandis que ses œuvres tardives étaient influencées par le Maître de la Légende de Sainte Ursule.