Coypel (Charles Antoine)
Peintre français (Paris 1694 – id. 1752).
Élève de son père, Antoine, il fut académicien (1715) et directeur de l'Académie (1746) ; il reçut de nombreuses commandes religieuses (Pèlerins d'Emmaüs, 1746, Paris, églises Saint-Merri et Saint-Louis-en-l'Île, avec dessin au Louvre). Ses portraits (Philippe Coypel, 1732, Louvre) montrent son sens de l'observation et de l'effet décoratif. Ce peintre lettré (les Folies de Cardenio, 1721) exécuta, en particulier après 1740, de nombreux tableaux inspirés par le théâtre (la Tenture de Dresde, 1748-1750). Mais surtout, en disciple de son père, il voulut revivifier la peinture-expression des passions, définie par Poussin, Le Brun et A. Coypel. De là le caractère " dramatique " de son œuvre, fondé sur les liens possibles entre le théâtre et la vie, et l'importance des tableaux, dont le sujet est théâtralisé (Persée délivrant Andromède, 1727, Louvre ; La France rend grâce au ciel pour la guérison de Louis XV, 1744, église de Clairvaux). Il entreprit l'Histoire de Don Quichotte (28 cartons, 1716-1725, musée de Compiègne) et travailla à de nombreuses tentures (celle de l'Ancien Testament : Joseph reconnu par ses frères, 1725, Paris, musée de Cluny ; celle de l'Iliade : Départ d'Achille 1723, musée d'Auxerre ; celle des Fragments d'opéra : Sommeil de Renaud, 1741, musée de Nantes). Malgré l'importance de ses décorations et de ses théories, il semble que C.-A. Coypel ait commis l'erreur de croire que la peinture d'histoire pût être renouvelée par le théâtre.
Coypel (Noël)
Peintre français (Paris 1628 – id. 1707).
Élève de Quillerier, il est remarqué par C. Errard et collabore avec lui, notamment au Louvre et surtout au Parlement de Rennes (décor conservé). Académicien en 1663, il travaille beaucoup pour les Tuileries (1666-1670, quelques tableaux conservés au Louvre, aux musées de Lyon, de Nancy et à Fontainebleau). Il dirige un temps l'Académie de France à Rome, où il peint une partie du décor (conservé) de la salle des Gardes de la reine à Versailles et donne aussi plusieurs tableaux pour le Grand Trianon (1688). La fin de sa carrière est troublée par l'hostilité du surintendant Hardouin-Mansart : il participe pourtant à la décoration de l'église des Invalides et peint une nouvelle série de tableaux pour le Trianon (auj. regroupés). Partant d'un style souple qui n'est pas sans s'inspirer de Le Sueur, son art devient de plus en plus sculptural, non sans rechercher des couleurs discrètes et raffinées pour aboutir à un classicisme où dominent les souvenirs de Poussin et de Le Brun.
Cozens (les)
Aquarellistes britanniques.
Alexander (Russie v. 1717 – Londres 1786). Il était le fils d'un armateur de Pierre le Grand. Lors d'un séjour à Rome, il travailla dans l'atelier de Joseph Vernet. En 1742, il se trouvait en Angleterre, où, de 1749 à 1754, il fut professeur de dessin à Christ's Hospital.
Il commença à exposer en 1760, professa le dessin au collège d'Eton (1763-1768) et effectua un nouveau voyage sur le continent en 1764. De 1771 à 1785, il publia plusieurs traités sur l'art. Avant 1780, il fut l'ami intime du fameux mécène William Beckford, dont le goût annonce le Romantisme. Paysagiste préromantique, Cozens doit son importance autant à ses publications théoriques qu'à sa peinture. Dans A New Method of Assisting the Invention in Drawing Original Compositions of Landscape (Nouvelle Méthode de dessin pour l'exécution de paysages originaux), publié en 1785, il affirme qu'une simple tache peut donner naissance à une composition ; l'idée rappelle celle de Léonard de Vinci sur la possibilité de trouver l'inspiration d'un paysage dans la contemplation d'un mur dégradé. Après la parution de cet ouvrage, l'aquarelliste Edward Dayes le surnomma " Blot-Master of the town ".
Cozens joua un rôle important dans l'histoire de l'art en distinguant l'aquarelle de la simple reproduction topographique. Il dépouilla son œuvre de tout caractère régional, l'élevant au niveau du paysage européen. C'est à la fois comme peintre et comme théoricien qu'il ouvre la voie à Girtin et à Turner.
À Londres, le British Museum conserve des dessins de ses débuts, la Tate Gal. le Rhône, Paysage (1763), Paysage classique, et le V. A. M. 6 dessins, dont Paysage montagneux et Hameau italien. Cozens est également représenté à Cambridge (Fitzwilliam Museum), à Leeds (City Art Gal.) et à Manchester (Whitworth Art Gal.).
John Robert (Londres 1752 – id. 1797). Fils d'Alexander, il exposa pour la première fois en 1767, mais la seule œuvre qu'il ait exposée à la Royal Academy fut une peinture à l'huile : Passage des Alpes par Hannibal (1776), dont l'influence marqua le jeune Turner. Cozens partit pour l'Italie en 1776, en compagnie de l'écrivain Richard Payne Knight, et commença à peindre des sites alpins. Il séjourna à Rome (1778) et revint à Londres en 1779. Sa Vue de l'Etna depuis la grotta del Capro (1777, British Museum) est le souvenir le plus frappant de ce voyage italien. Peu de temps après, Cozens se lia avec l'ami intime de son père, le romantique William Beckford, grâce auquel il retourna en Italie en juin 1782. Il a laissé de ce séjour plusieurs aquarelles grandioses représentant les lacs italiens et la campagne romaine près du lac de Nemi : Lac de Nemi (v. 1783-1788, Londres, Tate Gal. ; Manchester University, Whitworth Art Gal.), Lac d'Albano et Castel Gandolfo (v. 1783-1788, Londres, Tate Gal.). C'est à la vue de ces œuvres que Constable déclara qu'il était " le plus grand génie qui eût jamais touché au paysage ". Cozens revint en Angleterre en 1783. En 1794, il donna des signes de déséquilibre mental : le Dr Monro et sir George Beaumont, protecteur célèbre de Constable, prirent alors soin de lui.
Girtin et Turner, lors d'un séjour chez le Dr Monro, découvrirent l'œuvre de Cozens, qui les influença fortement. John Robert reprit plusieurs des idées de son père et bannit du paysage à la fois le rendu topographique et le pittoresque. Sa peinture, dans la tradition du paysage européen, ne dérivait pas simplement de celle de Claude Lorrain ou de Gaspard Dughet ; elle exprime également un sentiment de solitude et de paix, manifeste dans ces paysages suisses et italiens, qui sont baignés d'un calme vespéral.
John Robert et son père appartiennent à l'" école méridionale " du paysage anglais par leur prédilection à emprunter leurs sujets au Midi européen.
L'artiste est représenté à Londres, au V. A. M. (30 œuvres), à la Tate Gal. (5 aquarelles), au British Museum (24 dessins de son voyage en Suisse en 1776), et dans les musées de Birmingham, de Leeds, de Manchester.