Huet (Christophe)
Peintre français ( ? – Paris 1759).
Oncle de J.-B. Huet, il fut essentiellement un décorateur. Les ensembles qu'il a laissés (des " chinoiseries ", témoins du goût pour l'exotisme au milieu du XVIIIe s.) semblent directement inspirés de l'art de Bérain et des arabesques de Gillot : salon chinois et cabinet d'angle du château de Champs (1740) ; cabinet des singes de l'hôtel de Rohan à Paris (1749-1752) ; on lui attribue aussi des panneaux de la " Grande " et de la " Petite Singerie " (1741) à Chantilly. C. Huet collabora avec Claude III Audran à la décoration du château d'Anet (1737) et peignit quelques tableaux d'animaux imités de Desportes (Chien en arrêt, 1740, musée de Nantes). Son style fut largement diffusé par des recueils de gravures (Singerie, ou Différentes Actions de la vie humaine représentées par des singes, par Guélard ; Nouveau Livre de singes, par Fillœul).
Huet (Jean-Baptiste)
Peintre français (Paris 1745 – id. 1811).
Fils de Nicolas Huet, peintre du garde-meuble du roi, élève du peintre animalier Dagommer et de J.-B. Le Prince, il fut reçu à l'Académie (Un dogue se jetant sur des oies, 1769, Louvre) et collabora à la décoration de Versailles. Son œuvre est essentiellement ornementale : vignettes pour les Fables et les Contes de La Fontaine (1765-1775), pour le Voyage pittoresque de Choiseul-Gouffier (1787) ; cartons pour la manufacture de Beauvais (tenture des Pastorales, l'Escarpolette, 1780, Louvre) pour des tapisseries conçues comme des panneaux en trompe l'œil suivant le goût décoratif du siècle. J.-B. Huet fournit aussi des dessins pour la manufacture de toiles imprimées de Jouy (tentures du musée Galliera : l'Aérostat dans le parc du château, Paris, musée des Arts décoratifs). Parmi ses tableaux, on peut citer les Attributs champêtres (1777, musée de Lyon), le Pâturage (1783, musée de Nantes), Paysanne et son âne traversant un pont (1775) et Paysanne lavant près d'un pont (id.), ces deux derniers étant au Louvre.
Huet (Paul)
Peintre français (Paris 1803 – id. 1869).
Il manifesta dès l'adolescence des dons de paysagiste, peignant en plein air à Paris et dans ses environs (les Moulins, 1816 ; la Barrière de la Cunette, 1816, Paris, musée Carnavalet), particulièrement à l'île Seguin, où sa famille séjournait souvent. Deux brefs passages, en 1818 et 1819, dans les ateliers de Guérin et de Gros le marquèrent moins que la leçon reçue de Watteau et de Fragonard, qui inspira ses premiers essais : les Ormes de Saint-Cloud (1823, Paris, Petit Palais). Puis l'influence de Géricault l'emporta, et surtout celle des paysagistes anglais. Étroitement lié avec Bonington, Huet peignit aux côtés de celui-ci et il est parfois malaisé de distinguer l'œuvre de chacun. En 1824, enfin, la découverte de Constable détermina l'orientation définitive de Huet, qui assombrit sa palette, monta ses tons jusqu'à la stridence, alourdit sa pâte. Si la Vue de Rouen (1831, musée de Rouen) montre un horizon paisible sous un vaste ciel qui rappelle les peintres hollandais du XVIIe s., Huet, l'un des premiers, trouva l'expression romantique du paysage et Soleil se couchant derrière une abbaye (1831, musée de Valence) fut suscité par un poème de Victor Hugo. Mais, plus encore que par des allusions littéraires ou des hallucinations visionnaires, son romantisme s'exprima par la représentation véhémente et réaliste d'une nature farouche. Au cours de ses voyages en France (Normandie, Auvergne, Nice, Pyrénées, Fontainebleau) et à l'étranger (1841-42, Italie ; 1862, Londres ; 1864, Belgique et Hollande), sa prédilection alla vers les sites rendus mystérieux par de violents contrastes d'ombre et de lumière (le Château d'Arques, 1838, musée d'Orléans ; le Lac, 1840, musée du Puy ; le caractère d'impénétrabilité des forêts (Fraîcheur des bois ; fourré de la forêt, 1847-1855, Louvre), les tempêtes et les cataclysmes (les Brisants à la pointe de Granville, 1853, id. ; l'Inondation à Saint-Cloud, 1855, id. ; Grande Marée d'équinoxe aux environs de Honfleur, 1861, id.). Novateur du paysage romantique en France, Huet prolongea cette manière tard dans le siècle, outrant à la fin de sa vie un emportement dédaigné de ses contemporains : le Gouffre (1861, Paris, musée d'Orsay). Ami intime de Delacroix, loué par la critique d'avant-garde, Huet resta méconnu, puis tomba dans un injuste oubli. Il eut un rôle de précurseur par ses recherches luministes. Ses esquisses peintes, ses études à l'aquarelle et au pastel (Louvre) annoncent, en les précédant d'une génération, les travaux des impressionnistes. Les peintures de Paul Huet sont conservées au Louvre, au musée de l'Île-de-France à Sceaux (série de paysages des environs de Paris), au musée d'Orsay et dans de nombreux musées de province : Avignon (Souvenir d'Avignon, 1838 ; Torrent en Italie, 1840 ; Avignon, 1841), Bordeaux (Houlgate, 1861), Caen, Carcassonne, La Rochelle, Lille, Montauban, Montpellier, Nantes (Parc de Saint-Cloud, 1848), Reims (Val d'Enfer, 1847), ainsi que dans des coll. part.
Hughes (Arthur)
Peintre britannique (Londres 1832 – id. 1915).
Après avoir été l'élève de H. Stevens, il fréquenta les cours de la Royal Academy (1847). Il y connut Millais et, en 1850, impressionné par la lecture du Germ, entra en contact avec Hunt, Rossetti et Brown. Ses meilleures œuvres datent de la décennie où il fut en relation directe avec la fraternité préraphaélite : Ophélie (1850-1852, Manchester, City Museum), les Longues Fiançailles (1854-1859, Birmingham, City Museum), Vigile de sainte Agnès (1856, Londres, Tate Gal.), Amour d'avril (1856, id.), la Nativité (Birmingham, City Museum), Home from Sea (1856-1862, Oxford, Ashmolean Museum). Il travailla avec Rossetti, Burne-Jones et Morris à la grande fresque de la Mort d'Arthur à Oxford (1857). Mais, après 1860, c'est dans l'illustration d'ouvrages, où il avait débuté en 1855 (Enoch Arden de Tennyson), que se trouve le meilleur de son œuvre, en particulier dans les livres d'enfants de George Mac Donald et de Christina Rossetti.