Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
B

Brett (John)

Peintre britannique (Reigate, Surrey, 1831  – Londres 1902).

Fils de militaire, il étudia avec J. D. Harding, R. Redgrave et à la R. A. Il se lia au cercle préraphaélite, visita la Suisse (1853), où il rencontra Inchbold. Mais ce fut son tableau intitulé le Casseur de pierres (1858, Liverpool, Walker Art Gal.), de style préraphaélite, qui attira sur lui l'attention de John Ruskin. Ce dernier devait avoir sur Brett une influence déterminante. Il dirigea pratiquement l'exécution minutieuse de sa toile suivante, le Val d'Aoste (1858, Londres, Tate Gal.). Brett entreprit, après deux séjours successifs en Italie (1861 ; 1862-63), un grand panorama de Florence, Florence from Bellosguardo (Londres, Tate Gal.), rejeté par la R. A. Il s'éloigna alors de Ruskin (1864) et se tourna vers les représentations de côtes et de bord de mer. Mais son œuvre trop élaboré, où se retrouve la marque de son second centre d'intérêt, l'astronomie, ne retrouva jamais sa sensibilité primitive.

Breu (les)

Famille de peintres, dessinateurs et graveurs allemands.

 
Jörg, dit le Vieux (Augsbourg v.  1475  – id.  1537). Un des principaux représentants de l'école souabe au début de la Renaissance, élève d'Ulrich Apt le Vieux, Breu accomplit son tour de compagnon en Bavière et en Autriche, où l'on trouve trace de son passage dans plusieurs couvents. Ses premières œuvres — où le paysage tient souvent une grande place (Scènes de la vie de saint Bernard, 1500, abbaye de Zwettl) — offrent des réminiscences des gravures de Dürer et de Schongauer ; elles témoignent surtout de recherches d'expression parfois brutales, outrancières même, dans la ligne comme dans la couleur (Retable de la Passion, v. 1502, abbaye de Melk), qui font de leur auteur le successeur du Maître de la Tabula magna de Tegernsee et de Jan Pollack. Ce paroxysme de violence s'assagit cependant lorsque le peintre rentre dans sa ville natale après 1502. Breu modifie sa manière sous l'influence du goût italianisant qui régnait à cette époque à Augsbourg. On suppose qu'il s'est rendu en Italie en 1508 et en 1514. Il en aurait rapporté des schémas classiques de compositions et d'architectures à l'antique. Son œuvre la plus importante, les fresques de l'hôtel de ville d'Augsbourg (1516), dont il dirigea l'exécution, ne nous a pas été conservée. De cette époque datent les illustrations (22 pages) pour le Livre d'heures de Maximilien (bibl. de Besançon) et des dessins qui constituent des études pour des vitraux représentant les chasses et les guerres de l'empereur. En 1528, Breu reçut, comme beaucoup d'autres artistes, commande du duc de Bavière : il représente la Bataille de Zama et l'Histoire de Lucrèce (Munich, Alte Pin.). Ce dernier tableau (qui n'est pas sans rappeler l'Esther devant Assuérus de Burgkmair, dont Breu subit l'influence) illustre bien son nouveau style, froid et bariolé, empruntant à l'art italien ses décors architecturaux. Dans ses gravures, toutefois, Breu conserve une facture proprement germanique (Entrée de Charles Quint à Augsbourg, 1530). On distingue difficilement son œuvre de celle de son fils.

 
Jörg, dit le Jeune (Augsbourg v. 1510 – id. 1547). Les quelques précisions que l'on possède sur ce dernier concernent plusieurs voyages en Italie (1536-1540 ; 1542 ; 1543), des tableaux peints pour Guillaume de Bavière (la Conquête de Rhodes par la reine Artémise, 1535, Munich, Alte Pin.) et pour Ottheinrich von der Pfalz à Neuburg (1536). En 1538, il aurait restauré les décorations de P. Kaltenhof (1457) dans la salle de réunion de la corporation des tisserands d'Augsbourg (Munich, Bayerisches Nm). Ses gravures (le Banquet vénitien, 1539 ; le Siège d'Alger, 1541) constituent sans doute la partie la plus connue de sa production artistique.

Breuer (Leo)

Peintre allemand (Bonn  1893  – id.  1975).

Il effectue à Cologne avant 1914 ses études et les reprendra après l'interruption de la guerre, pour les poursuivre à Kassel. En 1923, il a un atelier à Bonn, qu'il quitte en 1927 pour s'installer à Düsseldorf, où il travaille notamment pour le décor de théâtre. À cette époque, Leo Breuer est un artiste réaliste qui fait plutôt partie de la tendance de la Nouvelle Objectivité (Neue Sachlichkeit). En 1928, il s'établit à Coblence, qu'il quitte en 1930 pour Berlin, où il enseigne jusqu'en 1934. À cette date, il émigre aux Pays-Bas, puis à Bruxelles. En 1940, il se retrouve en France, où il est interné. Il s'établit après la guerre à Paris et c'est là qu'il trouve enfin sa voie en devenant un peintre abstrait : il a recours à des formes libres qui deviennent de plus en plus rigoureuses à partir de 1950, au fur et à mesure qu'il privilégie les horizontales et les verticales. En 1946, il expose au Salon des Réalités nouvelles, auquel il reste fidèle. Il est de plus en plus marqué par l'art de Herbin (Vendredi saint, 1952). À partir de 1952, il partage sa vie entre ses ateliers de Paris et de Bonn. Il acquiert un style de plus en plus personnel au cours des années 60 en privilégiant des plans de couleurs qui sont striés de lignes noires parallèles. En 1961, il adhère au groupe Mesure, qu'avait créé Georges Folmer. L'œuvre de Leo Breuer évolue ensuite vers le relief constitué de multitudes de petites formes faites de cylindres ou de carrés de bois polychromé qui créent un effet légèrement cinétique.

Bril (les)

Peintres flamands.

 
Matthijs (Anvers 1551  – Rome 1583). Avec son frère Paul, il est considéré comme l'initiateur du paysage classique de Poussin et de Lorrain. Il est à Rome peu avant 1575, où il devient membre de l'académie de Saint-Luc en 1581. En 1582-83, il est invité à exécuter les fresques de la Torre dei Venti du Vatican. Mais ce sont les voûtes de la galerie des cartes géographiques du même palais qui permettent de mieux juger de ses qualités de paysagiste (Paysage avec le sacrifice d'Abraham) ; il exécuta ces compositions avec Girolamo Muziano, dont le métier, plus large, devait étoffer ce qu'il y avait de trop minutieux chez le maître flamand. Si les archives romaines mentionnent plusieurs tableaux de chevalet de la main du peintre, aucun de ceux qui lui sont actuellement attribués n'est authentifié. Seule une critique stylistique permettrait une attribution en se référant à la facture de ses fresques et de ses dessins (Louvre ; bibl. de Bruxelles), et aux gravures de H. Hondius d'après ces derniers.

 
Paul (Anvers 1554 – Rome 1626). Peintre de fresques et de tableaux de chevalet, il joua un rôle considérable sur l'évolution du paysage européen. Après des débuts modestes à Anvers, dans l'atelier de Damien Wortelmans, où il décorait des clavecins, c'est vers 1575, d'après Van Mander, qu'il serait allé à Rome, où il est admis à l'académie de Saint-Luc en 1582. Avec son frère Matthijs, il travaille à la décoration de plusieurs salles du Vatican (la salle ducale, le plafond de l'escalier de la Scala Santa à partir de 1589) avant d'orner, avec un souci du pittoresque caractéristique de son origine flamande, les lunettes de la voûte de la sacristie de la chapelle Pauline à S. Maria Maggiore. Vers 1599-1600, inspiré par l'école de Girolamo Muziano, il vise à plus de simplicité et de grandeur dans les fresques de S. Cecilia et dans celles de palais romains (palais Rospigliosi). À la même époque, il peint un tableau très original, le Joueur de luth (v. 1600, Providence Rhode Island, School of design), représentant un musicien très caravagesque d'allure, assis à côté d'un tableau de paysage. Puis, sous d'autres influences, notamment celle du réalisme minutieux d'Elsheimer, il modifie de nouveau son style ; se consacrant presque exclusivement à la peinture de chevalet, il s'intéresse aux sites romains : ses Vues de Rome, peintes sur panneaux (1600, musée d'Augsbourg ; Brunswick, Herzog Anton Ulrich-Museum ; Dresde, Gg ; musée de Spire), le signalent comme le créateur du paysage romain, dont le succès allait se poursuivre longtemps. Son style s'élargit avec la fresque du Martyre de saint Clément (1602 ?, Vatican, salle Clémentine) et surtout avec les Vues de ports, comme celle de la bibl. Ambrosienne de Milan (1611 ?), dont est proche celle du M. R. B. A. de Bruxelles. Cependant, des tableaux comme le Paysage montagneux (1608, Dresde, Gg), les Pêcheurs (1624, Louvre), le Paysage avec la chute d'eau (1626, musée de Hanovre) montrent que P. Bril n'a pas oublié la tradition flamande : l'abondance des feuillages ou la présence de l'eau au premier plan trahissent le souvenir du Nord. Ce qu'il fait apprécier à Rome par ses nombreux tableaux ou dessins, c'est la conception d'un paysage sans doute décoratif, mais toujours pittoresque et qui trouve son harmonie grâce à ce goût de l'équilibre qui fait de lui le précurseur de paysagistes classiques tels que Poussin ou Claude Lorrain, qui eut d'ailleurs pour modèle un élève de Bril, Agostino Tassi. La fortune de ce style nouveau, qui s'opposait à celui de Gillis Van Coninxloo et des peintres septentrionaux annonciateurs du Baroque, devait se signaler immédiatement par le nombre des imitateurs de Bril, dont Martin Ryckaert, Willem Van Nieulandt, Balthasar Lauwers et, dans une moindre mesure, Jacques Fouquières. Le Louvre conserve de Paul Bril un important ensemble de paysages aux sujets religieux, mythologiques ou profanes (coll. de Louis XIV).