Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Wiertz (Antoine)

Peintre belge (Dinant 1806  –Bruxelles 1865).

Précoce, il dessinait et gravait sur bois à dix ans et fut, à quatorze ans, élève de Van Bree à Bruxelles, où il exécuta notamment des copies de Rubens. À Paris de 1829 à 1832, il visite le Louvre et admire Raphaël. Prix de Rome, il séjourne en Italie (1834-1837), entre à l'Académie de France et peint Grecs et Troyens se disputant le corps de Patrocle (musée de Liège, esquisse sur bois à Anvers), énorme toile exposée sans succès en 1839 à Paris. Cet échec ramena Wiertz en Belgique, d'abord à Liège, où il exécuta de petites scènes de genre spirituelles (les Botteresses, Ixelles, musée Wiertz) et des portraits réalistes (la Mère de l'artiste, 1838, Bruxelles, M. R. B. A.). La partie la plus originale de son œuvre, réalisée à Bruxelles à partir de 1845, consiste en d'immenses compositions qu'anime un Romantisme visionnaire, revendicatif et angoissé, qu'avait alimenté la révolution de 1848 (Pensées et visions d'une tête coupée, 1853, Ixelles, musée Wiertz ; Faim, folie et crime, id. ; Réveil d'un homme enterré vif, 1854, id.). L'artiste recherchait des effets de peinture mate, qui rapprochent ses toiles de l'ancienne fresque. Émule, selon ses dires, de Michel-Ange et de Rubens, Wiertz sacrifie trop souvent la réalisation à une expression outrancière, où revit l'éclectisme ostentatoire du Maniérisme. Des tableaux moins ambitieux, ménageant d'insolites et moralisatrices rencontres entre des squelettes et des modèles nus, plantureux et impassibles, annoncent certains aspects du Symbolisme, voire du Surréalisme (la Belle Rosine, 1847, id.). Cette toile, inspirée de Schiller, dépasse le romantisme et, tout en prolongeant le motif des Vanités, prend un accent baudelairien. En 1850, Wiertz obtint du gouvernement belge un atelier, construit à sa demande sur les plans du temple de Paestum, sous réserve qu'il deviendrait propriété de l'État et serait transformé après sa mort en musée.

Wijck (Thomas)

Peintre néerlandais (Beverwijck, près de Haarlem, v. 1616  – Haarlem 1677).

Issu d'une famille d'artistes, mentionné plusieurs fois à Haarlem, inscrit en 1642 à la gilde des peintres, il séjourna v. 1660 en Angleterre et fit un long séjour en Italie. Wijck a laissé des scènes d'intérieur avec des alchimistes ou des philosophes proches de celles de Cornelis Bega : l'Alchimiste (Cambridge, Fitzwilliam Museum ; Dresde, Gg ; musée de Karlsruhe ; musée de Kassel ; Paris, musée des Arts décoratifs), Savant dans son cabinet (Louvre ; musées de Caen et d'Hazebrouck) ; mais il est surtout connu pour ses paysages italianisants, inspirés de ceux de Pieter Van Laer, dont il aurait pu être l'élève, ou de Jan Miel, où la structure des compositions, dominées par un coloris brun foncé, est renforcée par un fort contraste entre la lumière et les ombres : Bohémiens prédisant l'avenir à des soldats, Taverne italienne (Copenhague, S. M. f. K.), Rue italienne (Dresde, Gg), Auberge en Italie (Haarlem, musée Frans Hals), Marina Grande à Capri (musée de Karlsruhe), Paysage italien (musée de Marseille), Rue italienne avec une femme à la fontaine (Oxford, Ashmolean Museum), Port méditerranéen, Cour italienne avec figures (Stockholm, Nm). Wijck est également représenté à Dublin (N. G.), Hambourg (Kunsthalle), La Haye (Mauritshuis), Rotterdam (B. V. B.), Vienne (Akademie), ainsi qu'aux musées d'Ajaccio, Avignon, Boulogne, Dijon, La Fère et Montpellier. Il a également laissé de nombreux dessins, parmi lesquels il convient de mentionner beaucoup de Vues de villes.

 
Son fils Jan (Haarlem v. 1640 – Mortlake, Angleterre, 1700) l'accompagna en Angleterre v. 1660 et y resta jusqu'à sa mort ; il peignit des paysages de batailles et de chasses dans le goût de Dirck Maes : Repos dans une auberge (Stockholm, Nm) ; Guillaume d'Orange au siège de Namur ; Combat de cavalerie ; Après le combat ; la Bataille de la Boyne (1693, Dublin, N. G.).

Wildens (Jan)

Peintre flamand (Anvers 1586  – id. 1653).

Ce paysagiste, élève de Pieter Van Hulst, est franc maître à Anvers en 1604. De 1613 à 1618, il voyage en Italie et, à son retour, est influencé par le style de Rubens, dont il copie les paysages et pour qui il peint de nombreux fonds dans certaines de ses œuvres figurées. Il collabora aussi avec Snyders, Jordaens et Paul de Vos. Il affectionne les compositions paisibles aux tons harmonieux et adopte fréquemment une monochromie bleu-vert. Cette manière est celle de ses chefs-d'œuvre : le Paysage d'hiver avec un chasseur (1624, Dresde, Gg) ou le Paysage avec bergers (1631, musée d'Anvers). À partir de 1640, Wildens connaît un rapide déclin : Paysage boisé avec chasseurs (1649, Vienne, K. M.).

Wilhelmson (Carl)

Peintre suédois (Fiskebäckskil, Bohuslän, 1866  – Stockholm 1928).

Issu d'un milieu humble de pêcheurs, il apprend le métier d'ouvrier lithographe et se forme notamment auprès de Carl Larsson, à l'Académie Valand de Göteborg, puis surtout en France, de 1890 à 1896, à l'Académie Julian. C'est là que, par son ami Agueli, il découvre alors l'art de Gauguin et, plus tard, celui des néo-impressionnistes. Les peintures de cette époque comprennent surtout des " intérieurs " aux tonalités nuancées, illustrant la vie des pêcheurs bretons (Filles bretonnes, 1893) et celle des pêcheurs suédois du Bohuslän, sur le littoral occidental, où il aimait à passer ses étés. L'œuvre la plus importante de cette période, significative du Réalisme des années 1880, est sa toile intitulée Fatiguée (1898, Stockholm, Nm), interprétation sentimentale d'une mère.

   Vers 1900, Wilhelmson adopta la peinture de plein air et se consacra notamment à l'interprétation de sa province natale, dont il montre les habitants dans leur vie quotidienne, dignes et graves, intégrés au paysage ou dans la topographie exacte de leur milieu, en traitant de thèmes austères avec une palette claire et vive : Femmes de pêcheurs revenant de l'église (1899, musée de Göteborg) ; Réveillon de Noël (1902, id.) ; Pêcheurs sur les rochers à Fiskebäckskil (1905-1906, id.) ; Sur la montagne (1906, id.) ; Fidèles se rendant à l'église en bateau (1909, Stockholm, Nm). Dans ces toiles, souvent de grand format, l'influence du Néo-Impressionnisme et du Pointillisme est de plus en plus nette ; il s'éloigne du Romantisme national, avec un traitement des formes assez géométrique : Été (1912, musée de Göteborg).

   Les enseignements de Gauguin et de Puvis de Chavannes se reflètent dans les deux peintures monumentales (huiles sur toile) de la bibliothèque de l'université de Göteborg (1901) et de la poste centrale de Stockholm (1907). Même après s'être fixé à Stockholm, en 1910, l'artiste continua de s'inspirer de la province du Bohuslän, ainsi que des paysans et des ouvriers d'Upland et de Kiruna. Ses portraits témoignent d'un métier sûr : Hjalmar Lundbolm (1923, Stockholm, Waldemarsudde). Au cours de divers voyages en Espagne (1910, 1913, 1920), l'artiste peignit des toiles ruisselantes de lumière. Wilhelmson est l'un des grands interprètes de la vie populaire suédoise. Son rôle de professeur fut important : il a dirigé sa propre Académie de peinture à Stockholm à partir de 1912 ; il incarne la transition entre la " génération de l'Association des artistes " et les modernistes des années 1900.