Cremona (Tranquillo)
Peintre italien (Pavie 1837 – Milan 1878).
Après des études à Pavie et à Venise, il alla à Milan, où il entra à l'Académie Brera et s'y lia avec Ranzoni et Faruffini ; c'est de ce dernier qu'il hérita un goût très prononcé pour le clair-obscur et les recherches chromatiques. Auteur surtout de scènes bourgeoises et de portraits, Cremona pratiqua une technique très particulière, où une touche hachée et vaporeuse crée des effets indécis et romantiques d'une subtile étrangeté (High-Life, 1877, Milan, G. A. M.). Son tableau l'Edera (le Lierre, 1878, Turin, G. A. M.), symbole de l'amour fidèle, connut une grande popularité.
Cremonini (Leonardo)
Peintre italien (Bologne 1925).
Après avoir fait ses études à l'Académie de Bologne, il travaille à Paris, où il présente, en 1951, sa première exposition personnelle. À ses débuts, les thèmes expressionnistes (bœufs dépecés, figures humaines monumentales, paysages pierreux désolés) témoignent d'une inspiration littéraire qui se précise dans la période suivante, quand la déformation expressionniste issue de l'empreinte des œuvres de Francis Bacon et de Graham Sutherland, ainsi que de celle de Marino Marini, laisse place à des recherches plus subtiles et intérieures. Les rapports entre la réalité et l'imagination sont traduits par des correspondances entre l'univers quotidien et celui de l'inconscient. L'exploration d'un monde apparemment familier et domestique, l'exaltation de certains motifs qui deviennent des symboles répétés, comme les " miroirs " dans la série des " Intérieurs " (les Fragments du corps aimé, 1970-1978), s'établissent en fonction de " correspondances " dans une atmosphère trouble et malsaine. Il en est de même pour la présence de motifs inspirés de la banalité usuelle de la vie moderne : les trains, les plages estivales populeuses (les Tiroirs des voyages, 1977-78 ; les Temps libres, 1980-1982). Ces scènes de rêve, d'hallucination ou d'angoisse sont traduites dans une couleur raffinée et une mise en page élégante, éléments qui contrastent avec la violence qu'atteignent parfois ces images. Son œuvre a été exposé au M. A. M. de la Ville de Paris (A. R. C.) en 1969-70 et au musée de Grenoble en 1983. L'artiste est notamment représenté au M. N. A. M. de Paris (les Parenthèses de l'eau, 1968).
Crespi (Giovanni Battista) , dit il Cerano
Peintre italien (Cerano [Novare] v. 1575 – Milan 1632).
Ses premières œuvres (Dernière Cène, église paroissiale de Cerano ; Madone du gonfalon, oratorio del Gonfalone à Trecate) témoignent d'une culture provinciale lombarde se situant entre la tradition de Gaudenzio Ferrari et celle des écoles de Brescia et de Bergame. On suppose qu'en 1596 un voyage à Rome en compagnie du cardinal Borromée peut avoir révélé à Cerano le point extrême des cultures maniéristes romano-toscanes et nordiques, et surtout l'art de Baroche. Ces influences sont sensibles dans l'Adoration des mages (Turin, Gal. Sabauda ; en provenance de Mortara), Saint Michel (Milan, Castello Sforzesco), le Mariage mystique de sainte Catherine (Florence, fondation Longhi), la Visitation (Dijon, musée Magnin). Cerano domine la scène artistique à Milan de 1600 à 1610, sous la protection du cardinal Frédéric Borromée. Fidèle interprète des idées contre-réformistes du cardinal dans le sens d'une spectaculaire propagande, il peint les vastes toiles de la Vie (1602-03, 4 tableaux) et des Miracles de saint Charles Borromée (1610, 6 tableaux) au dôme de Milan. Dans ces immenses " machines ", Cerano déploie une étonnante fantaisie chromatique et une richesse d'invention dans les compositions qui traduit sa vision tragique de chroniqueur réaliste. De la même période datent les fresques et les tableaux peints dans l'église S. Maria dei Miracoli, près de S. Celso de Milan. Dans la série des " pale " d'autel où transparaît encore l'influence maniériste, son art atteint son apogée en 1610 : Pietà (musée de Novare), Crucifixion et saints (Mortara, S. Lorenzo). On décèle dans cette dernière œuvre comme un écho, fort précoce, de la manière de Rubens, qu'il connut peut-être au cours d'un second voyage à Rome. La même année, Cerano préside au décor (gonfalons, ornements liturgiques) des cérémonies de canonisation de saint Charles Borromée. Il peignit quelque temps plus tard la saisissante effigie du Saint en gloire (Milan, S. Gottardo).
Après 1610, Cerano, se rapprochant du baroque sévère de Ludovico Carracci et de ses disciples bolonais, exécute plusieurs admirables " pale " de la Madone avec des saints (Brera ; chartreuse et dôme de Pavie ; Turin, Gal. Sabauda). Au cours de la période suivante, son goût s'orientant vers Venise (surtout Tintoret), il utilise des contrastes offerts par une palette riche et par le jeu d'ombres profondes et dramatiques (Messe de saint Grégoire, Varèse, S. Vittore ; Baptême de saint Augustin, 1618, Milan, S. Marco ; Désobéissance de Jonathas, Milan, S. Raffaelo ; le Christ ressuscité et des saints, 1625, Meda, S. Vittore). Délaissant cette manière néo-vénitienne, Cerano redonne à ses derniers chefs-d'œuvre l'empreinte sombre et sévère de la Contre-Réforme dans le goût bolonais (Ludovico Carracci) et espagnol (" Pala " de saint Pierre des Pèlerins, Vienne, K. M. ; Pietà, Milan, Monte di Pietà ; Crucifixion avec des saints, 1628, séminaire de Venegono).
Longtemps oublié, comme tous les autres " maniéristes " lombards et piémontais du XVIIe s., Cerano est auj. remis à l'honneur. Une grande exposition de l'ensemble de ses œuvres, organisée à Novare en 1964, a clairement montré l'originalité et la force de son art ainsi que son rôle d'initiateur et de chef d'école.
Hors d'Italie, il est représenté notamment dans les musées de Genève, de Vienne, de Vitoria (Espagne), de Bristol, de Varsovie et de Francfort.
Crespi (Daniele)
Peintre italien (Busto Arsizio v. 1597 – Milan 1630).
Il n'y a pas de preuves de sa parenté avec G.B. Crespi, dit il Cerano, bien qu'ils aient été voisins à Milan. Il représente la plus jeune génération du début du XVIIe s. milanais : parti du style " contre-réformiste " de Cerano, pathétique et dramatique (dont il est très proche dans l'Adoration des mages, peinte à fresque à S. Vittore de Milan), il aboutit rapidement à l'expression d'une vérité humaine plus calme et plus naturelle. Son art se situe en parallèle direct avec certains aspects de l'art espagnol (Zurbarán) ou génois (Assereto), comme en témoigne son chef-d'œuvre, le Souper de saint Charles Borromée, à S. Maria della Passione de Milan (nombreuses esquisses, dont celle du Castello Sforzesco de Milan). Ses essais dans le domaine de la " sacra accademia ", quelque peu sévères et monumentaux, tels que la Cène (Brera), qui dérive encore du schéma de Gaudenzio Ferrari, et le Martyre de saint Marc (1626, Novare, église S. Marco), trouvent leur apogée dans les fresques des Scènes de la vie bénédictine (1629, Milan, chartreuse de Garegnano). Ici avec un souffle narratif très large, l'artiste donne un équivalent, à fresque, des cycles de grandes toiles des autres Lombards et de certains Espagnols de la Contre-Réforme, et rejoint aussi le goût florentin d'un Poccetti. Beaucoup plus faible est par contre la répétition de cet ensemble, l'année suivante, à la chartreuse de Pavie, exécutée avec le concours de nombreux aides.