Giusto de' Menabuoi, dit Giusto da Padova
Peintre italien (Florence ? connu à partir de 1363 – Padoue 1391).
La rareté des documents le concernant et la datation plutôt tardive des œuvres padouanes fondamentales font de lui une personnalité très discutée ; il eut en tout cas un rôle important d'intermédiaire entre l'art florentin postérieur à Giotto et l'art septentrional de la seconde moitié du siècle.
L'hypothèse d'une formation florentine dans l'entourage giottesque, mais non orthodoxe, de " Stefano " et de Maso est fondée sur des faits stylistiques et techniques (comme l'abandon de la préparation à la terre verte, ou " verdaccio ", pour obtenir des effets de couleur plus souples et plus lumineux).
Sa première œuvre certaine est la Vierge en majesté (Montignoso di Massa, coll. part. ; volets avec des Saints, Athens, University of Georgia Museum of Arts), datée de 1363 et peinte pour Isotta de Terciago, nom d'origine lombarde suivant R. Longhi. Partant de cette œuvre, l'historien a attribué à Giusto la fresque du Jugement dernier décorant le chœur de l'abbaye de Viboldone, près de Milan, dont la date devrait se situer vers la moitié du siècle, ou peu après. À son indubitable affinité de style avec les œuvres padouanes (cependant plus tardives) font contraste une clarté narrative toute nordique et une vivacité chromatique qui ont aussi fait penser à un artiste autochtone, mais influencé toutefois par la culture florentine. Le petit Triptyque (au centre, le Couronnement de la Vierge ; sur les volets, Scènes de la vie de la Vierge ) de Londres (N. G.), daté de 1367, affine le style de la Vierge par une présentation iconographique de tradition giottesque, proche d'Agnolo Gaddi.
La décoration à fresque du baptistère de Padoue, chef-d'œuvre de Giusto, commandée par la protectrice du peintre, Fina Buzzacarina dei Carraresi, qui est ensevelie là, fut achevée en 1376, ou peu après. Tout en se situant parallèlement à l'art septentrional de Tommaso da Modena, d'Altichiero et de l'encore mystérieux Avanzi, Giusto se distingue par une tendance à la pureté formelle abstraite, encore florentine, et une imposante synthèse architectonique de l'ensemble et des détails, que fait ressortir un coloris d'émail presque métaphysique. Ces caractères sont surtout évidents dans la rigoureuse symbolique théologique de la coupole (le Paradis, Scènes de l'Ancien Testament ), tandis que la retenue stylistique se détend légèrement dans les Scènes de la vie du Christ, peintes sur les parois. Les affinités avec la curiosité descriptive, psychologique des artistes nordiques augmentent dans la chapelle Conti (achevée en 1383, comprenant en particulier des Scènes de la vie de saint Jacques et de saint Philippe) au Santo de Padoue, mais donnent lieu à des discordances de style ; tandis que dans sa dernière œuvre connue, le Couronnement de la Vierge, peint à fresque dans une lunette à l'entrée du cloître du Santo, le ton s'élève et se purifie. Parmi les œuvres attribuées, et très discutées, citons les deux tableaux illustrant l'Apocalypse de Fürstenau (coll. Erbach).
glacis
Couche de peinture ou de vernis, légère et transparente. Très fluide, le glacis intervient en couches minces et uniformes pour modifier la coloration et l'aspect des fonds sur lesquels il est appliqué. C'est un des procédés d'expression par excellence de la peinture à l'huile.
Dès le XVe s., les peintres (notamment Van Eyck) firent usage de glacis de couleur très claire appliqué sur un fond " a tempera ". La plupart du temps, le diluant employé est un résineux. On peut faire des glacis ton sur ton, mais certains peintres ont exécuté des glacis clairs sur des tons foncés. Par exemple, un bleu de Prusse recouvert d'un glacis de jaune donnera un ton vert beaucoup plus nuancé que s'il était obtenu par le mélange des couleurs sur la palette. Les glacis peuvent s'exécuter dans les pâtes en demi-frais ou sur des fonds secs.
Glackens (William)
Peintre américain (Philadelphie 1870 – Westport, Conn., 1938).
Formé en partie à la Pennsylvania Academy of Fine Arts, il commença par être illustrateur de journaux pour The Record, puis The Philadelphia Press (métier qu'il n'abandonna complètement qu'en 1914) entre 1891 et 1895, en compagnie de John Sloan, de George Luks et d'Everett Shinn. À cette époque, il occupait un atelier avec Robert Henri. Ces jeunes peintres, qui partageaient les mêmes préoccupations esthétiques, furent connus plus tard sous le nom d'Ash Can School. En compagnie de R. Henri et d'Elmer Schefield, Glackens voyagea en Europe, notamment en Hollande et en France, où il eut la possibilité d'exposer au Salon (1895). De retour aux États-Unis, il s'établit à New York, où, tout en continuant son métier d'illustrateur (travaux sur la guerre cubaine pour le McClure's Magazine, 1898), il peignit, fort de l'exemple des peintres qu'il avait admirés en Europe, des toiles qu'il montra pour la première fois en 1901 lors d'une exposition qui comprenait également des œuvres de Maurer, d'Henri et de Sloan (Hammerstein's Roof Garden, 1901, New York, Whitney Museum). Mais ce n'est qu'en 1905 qu'il peignit son chef-d'œuvre, Chez Mouquin (Chicago, Art Inst.), qui, sous la forme d'un hommage à Manet, représentant un couple assis dans un café, introduisit dans la peinture américaine une virtuosité jusque-là inconnue. Il joua un rôle important dans la rénovation de l'art américain et il lutta courageusement pour imposer officiellement ses idées et celles de ses amis. Il participa en 1908 à l'exposition des Huit, qui comprenait les œuvres de huit artistes refusés par la National Academy. Deux ans plus tard, il fut l'organisateur du premier Salon des indépendants américain et il prit une part active à l'organisation de l'Armory Show (1912). Il fut enfin, avec W. Pach, Prendergast, Villon, Marcel Duchamp et Picabia, le fondateur de la Society of Independant Artists (1917), et son premier président. Il conseilla également A. Barnes et acheta pour son compte, en Europe, des toiles de Manet, de Cézanne, de Matisse. Vers 1910, Glackens s'inspira directement de Renoir, au point d'être surnommé le " Renoir américain " (Nude with Apple, 1910, Brooklyn Museum). De 1925 à 1932, il résida dans le midi de la France et à New York, peignant de lumineuses vues de plages, des scènes animées, qui avaient toujours compté parmi ses sujets favoris, ainsi que des portraits et des natures mortes (Flowers in a Blue Vase, musée d'Everson). Un an avant sa mort, il obtint le grand prix de l'Exposition de Paris.