Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
F

Froment (Nicolas)

Peintre français (connu dans le Midi de la France à partir de 1465  – Avignon 1483/84).

Quoiqu'on l'ait longtemps cru d'origine méridionale, contrairement à la plupart des peintres de l'" école d'Avignon ", il était vraisemblablement originaire du Nord (Picardie ou Flandre française ?) : sa première œuvre connue, le Triptyque de la Résurrection de Lazare (Offices), fut exécutée en 1461 — c'est-à-dire avant son apparition dans les documents provençaux — pour Francesco Coppini de Prato, légat du pape en Flandre ; le style présente un mélange de traits flamands et de dureté de dessin et d'exécution, caractéristique de la peinture du Nord de la France. Fixé ensuite à Uzès, puis Avignon, il demeurera le représentant de l'école provençale le plus inféodé à l'esthétique flamande, chère au Roi René. Avec le Triptyque du Buisson ardent (cathédrale d'Aix-en-Provence), terminé en 1476 pour l'église des Grands Carmes d'Aix sur commande du Roi René, il reste soumis à l'influence des Pays-Bas dans la composition du retable comme dans les types ou le goût du réalisme ; mais, malgré certaine gaucherie de dessin, il tire de l'exemple provençal une leçon de monumentalité dans l'ordonnance et les personnages et d'énergique simplification dans la facture. On lui attribue une Légende de saint Mitre (cathédrale d'Aix-en-Provence) et un petit diptyque avec les portraits de René d'Anjou et Jeanne de Laval (Louvre).

Fromentin (Eugène)

Peintre français (La Rochelle 1820  – id. 1876).

Élève du paysagiste Cabat, il se consacra, après un voyage en Afrique du Nord, aux vues d'Orient, cédant ainsi à l'engouement de son époque pour l'Orientalisme. Il manifesta une prédilection pour les scènes de chasses arabes (Chasse au faucon, en Algérie, Paris, musée d'Orsay), les caravanes et les fantasias, exécutées d'un pinceau minutieux, sans beaucoup d'invention, mais dans une grande richesse de coloris. Il est bien représenté au musée d'Orsay (Enterrement maure, 1853 ; Femmes égyptiennes au bord du Nil, 1876, etc.) et dans des musées de province (La Rochelle, Reims, Rouen, notamment).

   De nos jours, il est, à bon droit, aussi estimé comme écrivain que comme peintre ; Fromentin fut un des initiateurs du roman psychologique avec Dominique (1863) et il reste un des noms célèbres de la critique d'art du XIXe s. Pourtant, sa contribution dans ce domaine fut aussi limitée qu'éclatante avec les Maîtres d'autrefois, parus en 1876, l'année même de la mort du peintre-écrivain, mais promis à un immense succès de librairie. On lui doit aussi des récits de voyage : Un été dans le Sahara (1857) et Une année dans le Sahel (1858).

frottage

Procédé, mis au point en 1925 par Max Ernst, qui consiste à poser la feuille de papier sur la lame d'un plancher et à la frotter à la mine de plomb. L'artiste a ensuite appliqué le frottage à d'autres objets.

frottis

Couche de peinture dense mais peu épaisse, appliquée irrégulièrement et rapidement avec une brosse à poils durs et à travers laquelle on perçoit encore le grain de la toile. Ce terme est parfois utilisé comme synonyme d'" estampage ".

Frueauf (les)

Peintres autrichiens.

 
Rueland l'Ancien (? v.  1440  – Passau  1507). Il est le principal représentant de l'école de Salzbourg à la fin du XVe s. On suppose qu'il se forma à Passau dans l'atelier du Maître du Jugement dernier de Saint-Florian et qu'il fut plus tard l'aide de Konrad Laib à Salzbourg. On mentionne v. 1475 une œuvre de jeunesse de sa main, le Retable de la Passion (avec 12 Scènes de la Passion, le Christ bénissant et la Vierge), peint pour Ratisbonne, caractérisé par ses scènes tourmentées d'un sentiment passionné (auj. au musée). En 1478, l'artiste est mentionné comme bourgeois de Salzbourg. En 1480, il demande le droit de bourgeoisie à Passau, où il achève les fresques de l'hôtel de ville. En 1484, il est appelé à Salzbourg pour discuter d'un grand retable qui devait orner le maître-autel de l'église paroissiale (auj. église des Franciscains), mais il n'obtint pas cette commande, qui fut confiée à Michael Pacher. Il voyage ensuite aux Pays-Bas. En 1487, il exécute des tableaux pour le retable du maître-autel de l'église des Augustins de Nuremberg. Peu de temps après, de nouveau à Salzbourg, il travaille à un grand retable qui comprend 2 volets avec 4 Scènes de la vie de la Vierge (Annonciation, Nativité, Adoration des mages et Assomption, 1490) au revers et 4 Scènes de la Passion (Jardin des Oliviers, Flagellation, Portement de croix et Calvaire, 1491, Vienne, Österr. Gal.) à la face antérieure. Le style tardif de Frueauf est inspiré de celui des peintres des Pays-Bas (et particulièrement du Maître de Flémalle). On y décèle aussi des influences franconiennes, notamment celle de Veit Stoss. De cette époque date également le beau Portrait d'un jeune homme (identifié avec Jost Seyfried, v. 1500, Vienne, Österr. Gal.). Le Retable de la Vierge est considéré comme le dernier ouvrage sorti de l'atelier de l'artiste ; ses panneaux sont dispersés entre les musées de Budapest (Annonciation), de Cambridge, Mass. (Fogg Art Museum) [Visitation], de Herzogenburg (Présentation de la Vierge au Temple), de Saint-Florian (Mort) et de Venise (musée Correr) [Nativité, Présentation au Temple].

 
Rueland le Jeune (? v. 1475 – Passau apr. 1545). Fils du précédent, il fut également peintre. Les quelques œuvres qui nous sont parvenues de lui ont été exécutées entre 1496 et 1508 et se trouvent toutes conservées, à une exception près (Sainte Anne, la Vierge et l'Enfant avec un donateur présenté par ses saints patrons, 1508, Vienne, K. M.), dans l'abbaye de Klosterneuburg, près de Vienne. Dans la Crucifixion (1496), on voit nettement les éléments essentiels de son style : l'iconographie et le répertoire des types présentent des rapports étroits avec la peinture salzbourgeoise du XVe s. et surtout avec l'art de son père, alors que le fond de paysage révèle des influences néerlandaises. Sont également conservés à Klosterneuburg 4 panneaux faisant partie d'un Retable de la Passion (Jardin des Oliviers, Arrestation du Christ, Couronnement d'épines, le Calvaire), un retable avec des scènes de la Vie de saint Jean-Baptiste (Prédication, Baptême du Christ, Arrestation, Décollation) ; un autre retable daté de 1505 illustre la Légende de saint Léopold (le Départ de saint Léopold ; la Chasse au sanglier ; l'Apparition du voile ; la Construction de Klosterneuburg). C'est dans ce dernier que l'art de Frueauf paraît le plus évolué. Le paysage, où s'entremêlent des motifs des environs de Klosterneuburg, domine, et la figure humaine n'est plus qu'accessoire. Trait bien caractéristique de l'école du Danube, le paysage n'est plus seulement un décor où se situent des scènes, mais il prend maintenant un magique pouvoir d'évocation. Un document de 1545 mentionne encore le peintre, mais on ne connaît aucune œuvre de lui postérieure à 1508.