Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
E

Eckmann (Otto)

Peintre et décorateur allemand (Hambourg  1865  – Badenweiler 1902).

Il fut successivement élève de l'École des arts décoratifs de Hambourg et de celle de Nuremberg, puis de l'Académie de Munich (1885). Il peignit d'abord des portraits et des paysages très colorés, qu'il exposa à partir de 1890 à Munich ; en 1894, il fonda la libre association avec Corinth, Slevogt et Trübner ; vendant toutes ses toiles chez Bangel à Francfort, il abandonna la peinture à ce moment.

   Dans l'entourage de Julius Brinckmann, fondateur du musée des Arts décoratifs de Hambourg, Eckmann apprit à connaître les estampes et les motifs décoratifs japonais et se mit à pratiquer les arts décoratifs dans un esprit proche de celui des Belges et des Anglais. Il fréquenta l'école de tissage fondée par Deneken dans le village de Scherrebek, à la frontière danoise, et y exécuta, en 1897, sa célèbre Tapisserie aux cinq cygnes, exposée à Munich la même année (Nuremberg, Gewerbemuseum). Il créa des modèles de vitraux, de meubles, de tissus, de céramiques (pour Villeroy et Boch à Mettlach), et dessina la documentation commerciale de plusieurs fabriques à partir de 1898. C'est dans le domaine de la typographie que son rôle fut le plus important : pratiquant la gravure sur bois dès 1895, il dessina des alphabets et des ornements d'imprimerie pour les éditeurs E. A. Seeman, à Leipzig, et Fischer, à Berlin, et collabora, dès leur création, en 1895 et 1896, aux revues Pan (pour laquelle il fit des initiales au décor floral exubérant et stylisé) et Jugend. Il devint en 1897 professeur à l'École des arts décoratifs de Berlin et, en 1899, dessina la page de titre de la revue berlinoise Die Woche, qui devait rester inchangée jusqu'en 1924. Opposé à Van de Velde, qui lui reprochait la sentimentalité de son ornement, mais en reconnaissait la virtuosité, il fut le plus important représentant allemand du Jugenstil de style floral, qui s'éteignit avec lui. Il donna une grande partie de son œuvre à Hambourg (Museum für Kunst und Gewerbe) et Krefeld (Kaiser-Wilhelm Museum).

éclectisme

La démarche éclectique n'était nullement entachée, autrefois, de la note péjorative qu'amateurs et historiens lui confèrent le plus souvent de nos jours. Les jeunes artistes étaient encouragés dans une telle attitude par les conseils qu'ils recevaient de leurs professeurs : copier les anciens, suivre inlassablement la voie des maîtres. Ainsi, le critique italien Lomazzo écrivait à la fin du XVIe s. que la perfection en peinture serait atteinte par un tableau sur le thème d'Adam et Ève dont l'Adam serait dessiné par Michel-Ange et colorié par Titien, l'Ève dessinée par Raphaël et coloriée par Corrège. Cette démarche, si tentante qu'elle fût, ne pouvait qu'aboutir à une impasse puisqu'elle était coupée d'un phénomène inhérent à toute œuvre d'art : la création. Aussi bien est-ce à tort que le théoricien néo-classique Winckelmann a taxé l'art des Carrache d'éclectisme.

   L'éclectisme a été pratiqué de tout temps, mais spécialement au cours du XIXe s., en Europe. À partir des années 1830-1850 et jusqu'aux premières décennies du XXe s., alors que des conventions figées remplacent dans l'art officiel l'idéal vivant des périodes classiques et baroques, l'éclectisme prend une grande place en peinture et en sculpture, adaptant les préceptes de l'académisme à un certain goût du jour : métier scrupuleux, fini léché, fidélité au modèle, thèmes en honneur dans la bourgeoisie dominante. Le dessin d'après l'antique, l'étude du modèle vivant, les références à la Renaissance, aux XVIIe et XVIIIe s., ainsi que les " recettes " des maîtres professant dans les écoles des beaux-arts et les académies constituent la base du métier, tandis que les sujets, dans les tableaux de genre comme dans la peinture d'histoire, voire dans les allégories ou la peinture religieuse, sont essentiellement anecdotiques. C'est un naturalisme sans audace (mais parfois excessif) et sans beaucoup de vie (mais conforme aux valeurs considérées comme sûres) qui triomphe, notamment en France, en peinture (Delaroche, Couture, Meissonier, Cabanel, Gérôme, Bouguereau, Baudry, etc.) comme en sculpture (Frémiet, P. Dubois, Falguière, etc.).

écorché

Représentation d'un homme ou d'un animal dépouillé de sa peau. Modèle en plâtre de ces figures, sur lequel les peintres et les sculpteurs peuvent étudier le jeu des muscles et des nerfs sous la peau. L'étude de l'écorché tenait une grande place dans la formation que les peintres recevaient dans les académies.

   Les modèles d'écorché les plus célèbres et les plus répandus dans les ateliers sont ceux qui ont été exécutés par Houdon et Rave en 1767. Citons également les écorchés d'hommes et d'animaux de Ragonard, au musée de Maisons-Alfort.

écran

Toile blanche tendue sur un châssis et servant à tamiser la lumière dans les ateliers de peintres et de graveurs. Dans une composition, ce terme désigne aussi la bande irrégulière de couleur sombre se détachant sur un champ plus clair et suggérant par contraste une profondeur. " La profondeur trouve dans l'emploi des écrans sa technique essentielle : chaque champ repoussant l'autre, l'œil manœuvré en avant puis en arrière s'efforce ainsi de réaliser la troisième dimension " (A. Lhote).

écriture

Ensemble des éléments caractéristiques qui contribuent à définir la manière personnelle d'un peintre : dessin, maniement du pinceau, touche.

Eddy (Don)

Peintre américain (Long Beach, Californie, 1944).

Hyperréaliste très influencé dans ses premiers tableaux par Rosenquist, Don Eddy élabore, dès 1970, une série (Bumper Section) sur le thème de la voiture. Travaillant à partir de documents photographiques, il isole fragments de carrosseries et chromes, dont l'excès de brillance met en évidence leur pouvoir réfléchissant. Il poursuit cette recherche dans une série consacrée aux devantures. La transparence de la vitrine devient le lieu d'une confluence spatiale où intérieur du magasin et espace de la rue interfèrent. Par l'utilisation de photos prises d'un même angle de vue mais avec profondeur de champ adapté, il crée, sur la surface bidimensionnelle de la toile, le champ conceptuel d'une perception de la vision, image aléatoire des différents temps nécessaires à l'accommodation.