Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Giovanni da Modena (Giovanni di Pietro Fallopi, dit)

Peintre italien (documenté à Bologne de 1407 à 1456).

Durant la première moitié du XVe s., sa personnalité domine la peinture bolonaise, qui acquiert sous son influence une haute originalité. Aux raffinements et vivacités du Gothique international de Lombardie, l'artiste sut en effet allier ces accents populaires et narratifs propres à la tradition bolonaise du trecento. Cette double tendance marque une de ses premières œuvres ; la décoration à fresque de la chapelle Bolognini, à l'église S. Petronio de Bologne, exécutée entre 1408 et 1415. Le peintre y a représenté des Épisodes de l'histoire des mages, le Paradis et l'Enfer, l'Élection de Jean XXIII (l'antipape) et des Scènes de la vie de S. Petronio. La décoration de la chapelle S. Abbondio (S. Petronio), avec sa représentation symbolique de la Rédemption et du Triomphe de l'Église catholique, où les formes s'enrichissent de rythmes plus élégants, date de 1420. C'est à cette époque, ou peu après, que se situent les peintures sur bois les plus achevées du maître, comme Saint Côme et Saint Damien (musées de Berlin), le grand Crucifix, autrefois à S. Francesco (Bologne, P. N.), d'une puissance dramatique intense. Le grand Saint Bernardin, pour lequel l'artiste est payé en 1451, est identifié à la pinacothèque de Bologne. Giovanni da Modena s'est aussi vu attribuer des miniatures et des dessins.

Giovanni da Rimini

Peintre italien (mentionné de 1296 à 1336).

L'un des interprètes les plus originaux de l'art de Giotto, il est aussi le chef de l'école qui fleurira à Rimini dans la première moitié du XIVe s. Les œuvres qui lui sont maintenant attribuées ont été identifiées en fonction d'un Crucifix signé et daté de 1309 (ou 1314 ?) se trouvant à l'église S. Francesco, à Mercatello. Le diptyque avec des Scènes de la vie des saints Jean, Catherine et François et du Christ (divisé entre Rome, G. N., Gal. Barberini, et la coll. duc de Northumberland à Alnwick Castle), la Vierge et cinq saints (Faenza, pin.), un autre admirable Crucifix (Rimini, pin.) et les fresques représentant des Scènes de la vie de la Vierge de la chapelle du Campanile (Rimini, église S. Francesco) sont les œuvres qui jalonnent une carrière cohérente et rapide puisqu'elle s'accomplit dans les vingt premières années du siècle. Le plus grand charme de ces peintures vient du lien qui semble apparenter le noble esprit de Giovanni à une tradition classique locale, d'origine mystérieuse, car le précédent, certes fulgurant, de la civilisation de Ravenne est trop lointain pour l'expliquer. La personnalité poétique et pure de Giovanni trouve son reflet le plus direct dans celle du Maître de l'Arengo, et une analogie significative dans le giottisme de Giuliano da Rimini.

Giovanni da San Giovanni (Giovanni Mannozzi, dit)

Peintre italien (San Giovanni Valdarno 1592  – Florence 1636).

Après une première période — la moins heureuse de son activité —, au cours de laquelle il subit en partie l'influence de Cigoli, il se rallia à la tradition de Poccetti et de Santi di Tito. Il se montra alors sur un ton de réalisme populaire un subtil narrateur de scènes champêtres où dominent les coloris vifs, peintes sur des fonds clairs de paysages rustiques. Ses fresques de la Cappellina dell'Accademia à Florence (la Sainte Famille arrivant à l'auberge), de la villa du Pozzino à Castello ou de l'église du Fonte Nuovo à Monsummano constituent sans doute l'expression la plus sincère de la vie florentine de l'époque, mais dépouillée de toute morgue et vue à travers la réalité quotidienne de sa population la plus simple, et cela même si, pour respecter les conventions, les personnages doivent être représentés sous le costume des personnages sacrés ou héroïques.

   Son séjour à Rome, où il dota de fresques très colorées l'église des Quatre-Saints-Couronnés (1624), élargit encore sa vision, l'incitant surtout à méditer sur le " tachisme " pictural de Guerchin. Ses dernières œuvres florentines, d'une sensibilité toute naturaliste, sont d'ailleurs animées, dans une lumière inquiète, par de vifs contrastes de tons.

   Son œuvre la plus célèbre, les fresques de la Sala degli Argenti au palais Pitti à Florence, interrompue par sa mort, constitue un fait unique dans la peinture florentine de l'époque, volontiers hautaine d'expression, et s'impose par la spirituelle désinvolture avec laquelle les fastes des Médicis sont représentés.

Giovanni da Udine (Giovanni Racamador ou dei Ricamatori, dit)

Peintre italien (Udine 1487  – Rome 1561).

Il se forma près de Giovanni Martino da Udine, puis, à Venise, près de Giorgione avant d'entrer très tôt dans l'atelier de Raphaël, dont il devint le fidèle collaborateur. Celui-ci lui confia l'exécution des instruments de musique de sa Sainte Cécile (1516, Bologne, P.N.) et la décoration de la Loggia de Psyché à la Farnesina (1518). Giovanni introduisit ensuite aux Loges (terminées en 1519) le décor de " grotesques " imités de la maison Dorée de Néron. Il travailla également à la villa Madame (1520-1525), au Vatican (salle des Pontifes, 1523-1527), à la nouvelle sacristie de S. Lorenzo à Florence (1532-1534, décor perdu). À partir de 1534, il fait œuvre d'architecte en Frioul ; en 1539-40, il décore à Venise le palais Grimani, puis de nouveau, à Rome, aux Loges, le 3e étage. Il fut le collaborateur de Giulio Romano à Mantoue, et de Perino del Vaga à Gênes. Son style est imité de l'antique, mais les éléments naturalistes, très nombreux, qu'il utilise avec une grande richesse ornementale, lui donnent une vivacité d'accent et une saveur séduisante toutes nouvelles. L'un des grands maîtres du décor à la Renaissance, Giovanni da Udine exerça une influence considérable. Il peignit aussi des natures mortes.

Giovanni da Verona (Fra)

Peintre italien (Vérone 1457  – id. 1525).

Bien que d'une culture plus complexe, on peut encore voir un héritier des frères de Lendinara, inventeurs de la technique des bois teints, auteurs des marqueteries du chœur de la cathédrale de Modène, dans Fra Giovanni da Verona, qui, durant son noviciat (1474-1478), put connaître la tradition lombardo-émilienne. Il dut cependant apprendre son art avec Fra Sebastiano da Rovigno en collaborant à des travaux de marqueterie, perdus, à l'église S. Elena à Venise (1489-90). Entre 1491 et 1499, il exécute le fameux chœur de S. Maria in Organo à Vérone et s'impose avec cette œuvre importante dans le groupe des habiles marqueteurs de l'époque. En fait, ses vues en perspective montrent des caractères qui très tôt diffèrent de ceux qui ont alors cours en Italie septentrionale : elles sont traitées à la limite de l'absurde, excessivement compliquées et de pure fantaisie en général, mais révèlent des éléments empruntés à des sources identifiables et disparates. Ainsi, par cette voie si excentrique et personnelle, la marqueterie abandonne le courant dominant de la vue réaliste et de la perspective correcte. De plus, Fra Giovanni da Verona ne se contente plus de la gamme chromatique naturelle fournie par les bois et, voulant rivaliser avec la peinture, il teint les bois dans le coloris désiré. Ses déplacements continus d'une abbaye bénédictine à l'autre font connaître partout son habileté, et, en 1503, il reçoit la commande du chœur de Monteoliveto, près de Sienne. L'œuvre, terminée en 1505, n'occupe plus sa place originelle, mais peut être admirée maintenant au dôme de Sienne ; Monteoliveto Maggiore a, au contraire, récupéré le chœur exécuté par Fra Giovanni da Verona pour le couvent de S. Benedetto fuori Porta Tufi, près de Sienne (1511-1516). De 1506 à 1511, Fra Giovanni travaille aux marqueteries du couvent de Monteoliveto à Naples (passées maintenant à l'église S. Anna dei Lombardi) et, sitôt après, il atteint le sommet de sa carrière avec l'exécution des dossiers marquetés de la Sala della Segnatura au Vatican (1511-12), très vite remplacés malheureusement par une autre décoration. Ses dernières œuvres sont de nouveau réalisées en Italie septentrionale (à Vérone et Lodi), mais, en Italie centrale, il a laissé ses élèves ou des maîtres marqueteurs influencés par sa manière, comme Giovanni Francesco d'Arezzo, auteur du chœur des Convers de la Certosa di S. Martino à Naples (av. 1524), ou les frères Bencivenni, qui, de 1521 à 1530, travaillent au chœur de la cathédrale de Todi.