Israels (Isaac Lazarus)
Peintre néerlandais (Amsterdam 1865 – La Haye 1934).
Fils de Jozef Israels, qui l'influença beaucoup, il débute comme élève dans les Académies de La Haye (1878-1880) et d'Amsterdam (1886-87), où il séjourne jusqu'en 1903. Dès 1878, il accompagne son père dans ses voyages à Paris, fait la connaissance de Manet et de Lieberman, avec lesquels il peindra souvent plus tard, et pratique à ses débuts un réalisme influencé par Bastien-Lepage ; ses portraits et scènes militaires sont bien accueillis au Salon de Paris en 1885 (le Départ des coloniaux, 1883, Otterlo, Rijksmuseum Kröller-Müller ; Portrait de Jozef Israels, 1887). Épris de modernité, il devient à Amsterdam, avec son compagnon Breitner, le meilleur représentant de l'" Impressionnisme néerlandais ", associant habilement la leçon parisienne à celle du Réalisme traditionnel de la Hollande (les Trieuses de café, 1893-94, La Haye, Gemeentemuseum). Son style et ses préoccupations esthétiques se fixent v. 1895 et l'artiste n'évoluera guère malgré la diversité de ses fréquentations (Mallarmé, Huysmans, Zola, Redon, Van Dongen). À Paris de 1904 à 1913, Isaac prolonge la tradition des Nabis, dans des couleurs et une touche chaleureuses (Au bois de Boulogne, 1906 ; Prête à sortir, 1911, Otterlo, Rijksmuseum Kröller-Müller). Éxilé quelque temps à Londres durant la guerre, il s'intéresse au thème de la boxe (Boxeur, 1915, Utrecht, Centraal Museum) et, après un voyage en Indonésie (1921-22), s'installe définitivement à La Haye (1923). Il est représenté dans les musées hollandais d'Amsterdam (Rijksmuseum et Stedelijk Museum), d'Otterlo (Rijksmuseum Kröller-Müller), d'Utrecht (Centraal Museum), de Groningue et de Rotterdam (B.V.B.) et particulièrement au Gemeenstemuseum de La Haye. L'œuvre d'Isaac Israels a figuré dans quelques expositions particulières comme au musée de Groningue en 1956, à Amsterdam (Stedelijk Museum) en 1958-59 et à Paris (Inst. néerlandais) en 1959.
Itten (Johannes)
Peintre suisse (Thun 1888 – Zurich 1967).
Il commence à dessiner et à peindre dès 1904, et, tout en acquérant une formation scientifique, il suit les cours de l'École des beaux-arts de Genève. Un voyage à Paris en 1910, un autre à Munich en 1911 et un troisième à Cologne en 1912 lui révèlent le Cubisme, l'art du Blaue Reiter et les grands peintres de l'époque : Cézanne et Picasso. Il achève sa formation à Stuttgart, chez Hölzel (1913-1916). Ses premières peintures abstraites (Horizontal-vertical, 1915, Berne, Kunstmuseum ; Rencontre, 1916, Zurich, Kunsthaus) témoignent de ses recherches sur les couleurs et les rythmes de composition et montrent l'influence de Robert Delaunay. Ces recherches seront à la base de son enseignement lorsque, en 1916, il fondera à Vienne une école d'art privée, où il expérimentera, avant les surréalistes, les ressources de l'écriture automatique. Après avoir participé au Sturm en 1916 à Berlin, il expose à Vienne en 1919, année où il fait la connaissance de Walter Gropius, qui l'invite à enseigner au Bauhaus de Weimar. Itten y inaugure le " cours préliminaire ", où, à travers une formation générale, il sensibilise l'élève aux matériaux et cherche à développer sa personnalité créatrice. Profondément mystique, il entretient au Bauhaus un esprit de secte qui deviendra insupportable à Gropius. En 1923, Itten quitte le Bauhaus. Après un séjour en Suisse, l'artiste fonde une nouvelle école à Berlin (1926), puis dirige une école de textile à Krefeld jusqu'en 1938, année où il émigre à Amsterdam, puis retourne à Zurich. Il y dirige la célèbre Kunstgewerbeschule (école des Arts appliqués) et fonde le musée Rietberg. En quittant l'école en 1954, il se consacrera de nouveau entièrement à la peinture et exécutera des compositions géométriques dont l'espace est organisé en fonction des " qualités dynamiques " des couleurs, disposées en aplats. Itten a publié plusieurs ouvrages, dont le plus célèbre, l'Art de la couleur (1967), constitue une suite d'expériences essayant de créer une esthétique à partir des lois physiques de la couleur telles que la tradition goethéenne les a perpétuées.
Iturrino (Francisco)
Peintre espagnol (Santander 1864 – Cagnes-sur-Mer 1924).
Basque comme son ami Zuloaga, bien que né en Castille, cet artiste bohème, enfant gâté, inquiet et fantasque, a joué un rôle important dans l'histoire de la peinture espagnole moderne ; il y fut en quelque manière l'introducteur du Fauvisme. Mais il passa hors de la Péninsule — et notamment en France — la plus grande partie de sa carrière. Dès 1900, sa haute silhouette efflanquée était familière aux peintres d'avant-garde, à Bruxelles et à Paris ; le tableau d'Evenepoel, l'Espagnol à Paris (musée de Gand), contribua à la populariser, et son Portrait par Derain (1914) est au M. N. A. M. de Paris. Mais, après une période de peinture sombre en Belgique, il allait exposer aux Indépendants et au Salon d'automne, évoluant vers un chromatisme exalté. Plus encore que les influences de Renoir et de Cézanne, il subit celle de Matisse (qu'il devait en 1911 accompagner en Andalousie). Tempérament d'improvisateur, fougueux et capricieux, il délaissa le Réalisme, terrien ou maritime, des peintres basques de sa génération, pour évoquer une Andalousie où gitans, cavaliers, toreros, très peu " folkloriques ", ne sont que prétexte à des toiles d'inspiration fauviste et qu'il peuple aussi de nus féminins d'une puissante sensualité, souvent disposés en groupes tourbillonnants. Francisco Iturrino fut également un remarquable aquafortiste. Installé en 1920 à Madrid, il effectuera de nombreux séjours dans le sud de la France. Le M. A. M. de Madrid possède de lui une œuvre importante, les Femmes à la campagne, transposition hispanique du Déjeuner sur l'herbe de Manet. Le musée de Bilbao — où eut lieu en 1926 une rétrospective de son œuvre — lui a consacré une salle groupant une douzaine de ses meilleures toiles.
Ivanov (Alexandre Andreïevitch)
Peintre russe (Saint-Pétersbourg 1806 – id. 1858).
Pensionnaire de l'Académie de Saint-Pétersbourg à Rome, il fréquente Overbeck et Thorvaldsen. Il est reçu académicien avec une Apparition du Christ à Marie-Madeleine, exposée à Saint-Pétersbourg en 1836. Il travailla pendant vingt ans (1837-1857) au tableau l'Apparition du Christ au peuple (Moscou, Tretiakov Gal.). L'ordonnance académique de cette énorme toile d'esprit nazaréen contraste avec le sens de la vie, de la couleur et du " plein air ", surprenant pour l'époque, des 600 études peintes, paysages, nus, visages ou draperies (id. ; Saint-Pétersbourg, Musée russe) qui font d'Ivanov un des grands créateurs de la peinture européenne du XIXe s. Certaines de ces toiles, par la force de simplification des formes et l'éclat du coloris, font penser, un demi-siècle à l'avance, aux toiles " fauves " de Derain. L'extase mystique des gouaches d'Ivanov pour les Scènes de l'histoire sainte (Moscou, Tretiakov Gal.) rappellent les visions de Blake et annoncent les créations de Vroubel. L'artiste, l'un des premiers " indépendants " de l'histoire de la peinture, ne devait rentrer dans sa patrie qu'en 1857.