Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
L

Legot (Pablo)

Peintre espagnol (Marche 1598  – Séville  1671).

Espagnol d'origine luxembourgeoise, Pablo Legot offre une certaine importance comme représentant des premières générations réalistes dans la Basse-Andalousie. Arrivé à Séville vers l'âge de 11 ans, il fut sans doute l'élève de Juan de Roelas et montra un intérêt constant pour les recherches de clair-obscur. Sa production, abondante, frise souvent la vulgarité (retables de Lebrija [1628-1638] et d'Espera [1650-51]), et ses meilleures œuvres sont très influencées par Ribera (Saint Jérôme, 1635, cathédrale de Séville ; Adoration des Mages, 1642, cathédrale de Cadix).

Legros (Alphonse)

Peintre et graveur britannique d'origine française (Dijon 1837  – Watford, Grande-Bretagne, 1911).

Il connut une adolescence besogneuse en travaillant chez un peintre en bâtiment. Venu à Paris en 1851, il entra dans l'atelier de Lecoq de Boisbaudran, où il se lia avec Fantin-Latour. Il débuta au Salon en 1857 (Portrait de son père, 1856, musée de Tours) et, dès cette époque, se fit remarquer par des estampes. Sa vie durant, il pratiqua l'eau-forte et laissa un œuvre gravé considérable. Il fut l'un des auteurs principaux du renouveau de la gravure sous le second Empire, fondant ainsi en 1862 la Société des aquafortistes et, en 1880, la Royal Society of Painters-Etchers and Engravers.

   Il s'inspira d'abord de Holbein, pour recevoir ensuite l'influence déterminante de Courbet, mais son réalisme se para d'un sentiment de religiosité et d'un esprit archaïsant, comme dans l'Ex-voto (1860, musée de Dijon). À l'égal de ses contemporains ralliés au mouvement réaliste, il s'adressa aussi aux maîtres espagnols. Leur influence est visible dans le Portrait de Manet (1863, Paris, Petit Palais) et surtout dans l'Amende honorable (1867, musée de Cambrai), qui est une démarcation de Zurbarán. N'arrivant pas à percer véritablement à Paris, et pris dans des difficultés financières, il s'établit à Londres en 1863 sur la recommandation de son ami Whistler. Il y connut un succès rapide mais, quoique fixé en Grande-Bretagne, continua à entretenir des relations suivies avec les milieux artistiques parisiens. Son vérisme empreint de recueillement (Intérieur d'église, v. 1865-1870, Oxford Ashmolean Museum ; le Sermon, 1871, Édimbourg, N. G. ; la Bénédiction de la mer, 1871, Sheffied, City Art Gal. ; le Repas des pauvres, 1877, Londres, Tate Gal. ; Femmes en prière, 1888, id.) éveilla auprès du public britannique une large audience. Il eut une forte influence sur l'art anglais de la fin du siècle, tant par son enseignement à la nouvellement créée Slade School of Arts de Londres, comme professeur de gravure (1875-1893), que par son amitié avec les peintres liés à la Grosvenor Gallery (Poynter, Leighton, Burne-Jones, Seymour-Haden). Une exposition rétrospective de son œuvre, présentant ses peintures et ses gravures, a eu lieu à Dijon en 1987.

Legros (Jean)

Peintre français (Paris 1917  – id. 1981).

Par sa famille, Legros côtoie dès l'enfance de nombreux artistes (Derain, Despiau, Laurens, Pascin, etc.). Après des études de philosophie et de psychologie, il aborde la peinture en 1946, optant dès 1951 pour l'abstraction. Son exploration des potentialités de la couleur et de la forme aboutit en 1973 aux Toiles à bandes où la couleur seule structure la composition selon des bandes horizontales, érigées en séries (les Quiétudes, 1973 ; les Tendresses, 1974 ; le Mouvement de la couleur, 1975), sont rendues plus complexes dans d'autres (Circuits colorés, 1976 ; Ronds à bandes, 1981). Elles sont à l'origine de la rédaction d'une " grammaire picturale " où Legros étudie la question de la perception des couleurs. Si abstraite et géométrique soit-elle, la peinture de Legros trouve en général sa source dans le paysage, que l'artiste photographie et dont il extrait ensuite la " substantifique moelle " : sillons des champs labourés de la Beauce pour les toiles à bandes, vues du chantier du Centre Georges-Pompidou pour les Grues de Beaubourg (1976-79). Legros se définissait lui-même comme " un terrien qui prend d'abord pied sur la terre puis s'élève vers le divin ". Il a fait l'objet d'une rétrospective en 1988, au M. B. A. de Mulhouse.

Lehmann (Henri)

Peintre français d'origine allemande (Kiel, Holstein, 1814  – Paris 1882).

D'abord élève de son père, le portraitiste hambourgeois Leo Lehmann, il entre à Paris dans l'atelier d'Ingres en 1831 et débute au Salon en 1835 avec un Départ de Tobie (Hambourg, Kunsthalle). Il séjourne à Munich (1837-38), puis longuement à Rome (1839-1842). Établi à Paris en 1842, il prend la nationalité française en 1847, devient membre de l'Institut en 1864 et professeur à l'École des beaux-arts en 1875. L'un des plus vigoureux élèves d'Ingres, dessinateur énergique et sobre, il est aussi bien portraitiste (Liszt et Marie d'Agoult, tous deux à Paris, musée Carnavalet ; Gounod, Paris, musée de la Musique ; Nieuwerkerque, château de Compiègne ; Ingres, Paris, E. N. B. A.) que peintre de décors religieux (1842, Paris, église Saint-Merri ; 1843, chapelle des Jeunes Aveugles ; 1847, Saint-Louis-en-l'Île) et civils (1852, galerie des fêtes de l'Hôtel de Ville de Paris, ensemble détruit lors de la Commune ; décors, également détruits, au palais du Luxembourg et au Palais de Justice ; Le Droit prime la Force, 1873, pour l'École de droit, Louvre). La Kunsthalle de Hambourg conserve 6 tableaux de l'artiste, dont 2 Autoportraits.

Lehmbruck (Wilhelm)

Sculpteur, peintre et dessinateur allemand (Meiderich, près de Duisburg, 1881  – Berlin 1919).

Il reçut les premiers éléments de sa formation à l'École des arts et métiers de Düsseldorf avant d'entrer à l'Académie de cette même ville. En 1905, il se rendit en Italie. Deux ans plus tard, il exposa pour la première fois au Salon de la Société des beaux-arts de Paris, où il vivra de 1910 à 1914, fréquentant Rodin, Maillol, Matisse, Archipenko, Brancusi. En juin 1914, il exposa à Paris, gal. Levesque, 57 de ses eaux-fortes. Avec la guerre, il s'établit à Berlin, où il se suicida en 1919. Lehmbruck est essentiellement connu comme sculpteur, son œuvre graphique constituant en quelque sorte l'appoint de l'œuvre plastique. Il a laissé quelque 600 dessins, 183 eaux-fortes (exécutées, à partir de 1910, surtout sur zinc) et 17 lithographies. Le thème essentiel est le nu, féminin et masculin, plus rarement le portrait ou la scène religieuse (Crucifixion, Pietà). Son style procède encore du classicisme monumental et symbolique en faveur en Allemagne à la fin du siècle (von Marées). Dans ses gravures, la recherche du pur rythme linéaire restituant d'amples volumes est proche, parfois, des stylisations de Brancusi ou de Modigliani (Jeune Fille assise), mais les dernières feuilles offrent seulement des notations très elliptiques. On y trouve la même problématique qu'en sculpture, orientée sur l'atmosphère psychologique et l'expression symbolique caractéristiques des débuts de l'expressionnisme (thèmes de l'étreinte, de l'amour et de la mort). Il est représenté dans les cabinets d'Estampes de Berlin, Brême, Duisburg (Wilhelm Lehmbruck Museum), Hambourg, Karlsruhe, Munich, Nuremberg, Francfort (Städel. Inst.), Stuttgart.