Rabel (Jean)
Peintre et graveur français (Beauvais v. 1545 – Paris 1603).
Il grava au burin les portraits de François Ier, Henri II, Henri III, Henri IV, les Trois Frères Coligny, Jeanne d'Albret, Marie Stuart, Catherine de Médicis, Élisabeth d'Angleterre. On lui doit l'illustration gravée des Antiquités de Paris de Gilles Corrozet (1588).
Son fils et élève Daniel (Paris v. 1578 – id. 1637) , peintre, dessinateur et graveur, fut envoyé à Madrid en 1616 afin d'y dessiner le portrait de la future épouse de Louis XIII, Anne d'Autriche. Ses dessins (Fleurs à Paris, B. N. et Muséum d'histoire naturelle), ses costumes de ballets (Paris, Louvre et B. N.), ses illustrations pour l'Astrée de H. d'Urfé (1633), encore de goût maniériste, plus que ses gravures (portraits dans le goût de Léonard Gaultier), le classent parmi les bons artistes de la transition entre le XVIe et le XVIIe s.
Rabiella (les)
Famille de peintres espagnols.
Pablo I Rabiella Diez (Saragosse v. 1660 – id. 1719) et Pablo II Rabiella Sanchez (Saragosse v. 1700 – id. 1764). Encore insuffisamment étudiés, ces deux peintres, le père et le fils, suivent avec un certain talent, pendant les deux premiers tiers du XVIIIe s. et tout à fait à l'écart des nouveaux courants madrilènes, la voie baroque ouverte par leur aîné Vicente Verdusán, mais dans une note plus tumultueuse et tourmentée. Le peintre et théoricien Palomino y Velasco loue Rabiella père comme peintre de batailles, et Ceán Bermudez, qui juge son dessin peu correct, reconnaît que sa " facture abrégée " le sert heureusement dans ce genre de sujets. À juste titre, si l'on en juge par la grande composition pleine de fougue et de vigueur qui montre l'Apparition de saint Jacques à la bataille de Clavijo (chapelle de Santiago à la Seo) en face d'une sombre et dramatique Arrestation du Christ.
Même avec des figures statiques (comme Saint Pierre et Saint Paul du musée de Saragosse, ou les Apôtres de la Sociedad de Amigos del País), l'emphase héroïque qui les secoue justifie la définition de Pablo Rabiella par l'historien d'art madrilène Enrique Lafuente : " une espèce de Valdés Leal aragonais ". Pablo II Rabiella Sanchez, son fils, prénommé également Pablo, fut son continuateur dans le même style (chapelles S. Marcos à la Seo, S. Juan Bautista à la basilique du Pilar). Il forme un trait d'union entre les peintres du début du XVIIIe siècle et le jeune Goya, qui put le connaître lors de ses débuts à Saragosse.
raccourci
Procédé par lequel on rend l'aspect des objets dont certaines dimensions sont réduites par l'effet produit par la perspective linéaire.
Račić (Josip)
Peintre croate (Horvati, près Zagreb, 1885 – Paris 1908).
Lithographe de métier, il part en 1904 pour Munich et commence à peindre chez Anton Ažbé, puis à l'Académie des beaux-arts, chez Herterich et Habermann. Les croquis et esquisses qu'il exécute dans les musées le montrent admirateur de Frans Hals, de Velázquez et surtout de Manet. Račić peint ses premiers portraits en 1906 et 1908 au cours de vacances dans sa ville natale : l'Oncle, Zagreb, G. A. M. ; Vieillard au gilet rouge, id. ; Portrait de la sœur de l'artiste, id. ; Mère et enfant (1908, id.). On décèle, dans ces œuvres, l'abandon de la convention académique et une tendance à la peinture pure et à la traduction de la forme par la couleur. En 1908, enthousiasmé par la peinture claire qu'il vient de découvrir, Račić se rend à Paris, où, après quatre mois de travail et de misère, il se suicide dans un petit hôtel de la rue de l'Abbé-Grégoire. Pendant ce bref séjour, il avait copié Goya et Manet, exécuté un grand nombre d'excellents dessins et d'aquarelles et peint ses meilleurs tableaux : Pont des arts (1908) ; Autoportrait (1908, Zagreb, G. A. M.) ; Place de l'Étoile.
Coloriste sensible, il conçoit la lumière à la façon des impressionnistes, comme en témoignent surtout ses œuvres exécutées à Paris, dont l'importance est capitale pour la peinture yougoslave, et qui sont au point de départ de l'art moderne en Croatie.
Räderscheidt (Anton)
Peintre allemand (Cologne 1892 – id. 1970).
De 1910 à 1914, Räderscheidt étudie à l'école des Arts appliqués de Cologne et à l'école des Beaux-Arts de Düsseldorf. Au retour de la guerre, en 1919, il enseigne le dessin à Cologne, rencontre Ernst, Hoerle et Freundlich au sein du groupe Lunari et fonde les groupes Stupid et Progressiver Künstler. Ses premières figures géométriques traduisent l'influence de De Chirico et de Carra, dont il connaît les œuvres à travers la revue Valori Plastici. En 1925, certaines de ses œuvres sont présentées à l'exposition de la Nouvelle Objectivité organisée par la Kunsthalle de Mannheim. En 1926, la galerie Dr Becker et Neuman lui consacre à Cologne sa première exposition personnelle. En 1934, quittant l'Allemagne pour la France, il expose au Salon des surindépendants. Interné en 1940, il s'enfuit dans le sud de la France puis en Suisse. De retour à Cologne en 1949, la peinture abstraite retient désormais son attention. Dès 1921, ses œuvres évoquent le thème de la solitude et de la rencontre manquée (la Rencontre, 1921 ; Jeune couple, 1922). Ses modèles ont l'apparence de silhouettes solitaires, éloignées du monde, distantes également des êtres qui les frôlent. À partir de 1925, le peintre privilégie la représentation de la femme nue s'exerçant aux barres parallèles ou disputant une partie de tennis, indifférente au regard de l'homme à l'allure chaplinesque (Joueuse de tennis, 1926, Munich, Neue Pin). Ses autoportraits (Autoportrait avec femme, 1923, Cologne, Wallraf Richartz Museum, et Autoportrait, 1928) semblent s'inspirer de l'image que le photographe A. Sander a saisie de lui dans une rue déserte. Beaucoup de ses œuvres ont disparu.
Radice (Mario)
Peintre italien (Côme 1900 – id. 1987).
Il se trouve à Vienne, Paris et Varsovie entre 1918 et 1920. Il a des contacts avec des artistes du Second Futurisme et reste lié avec ses amis d'enfance, Manlio Rho et Giuseppe Terragni. Son œuvre, à ce moment, reste figurative. À partir de 1930, il se consacre exclusivement à la peinture et il devient abstrait. Ses œuvres sont influencées par le Néo-Plasticisme et sont fondées sur des compositions orthogonales usant d'un jeu de valeur très rapprochée. De 1930 à 1932, il voyage entre Paris, Cologne, Düsseldorf et Bâle, entre en contact avec Fernand Léger dont il suivra l'enseignement à l'Académie moderne. En 1932, il participe à la composition du groupe Quadrante, qui sera bientôt suivi d'une revue en 1933, dirigée par Massimo Bontempelli et qui s'occupe d'architecture et d'art moderne. Son œuvre comporte à ce moment des recherches assez radicales (Composition B.T.3, 1934-1935) qui montrent une imbrication de surfaces assez proches des recherches effectuées peu de temps auparavant par les artistes unistes polonais. En 1933, il est chargé par l'architecte Giuseppe Terragni des décorations murales intérieures de la Casa del Poppolo qu'il vient de construire à Côme. En 1935, Radice participe à la création du groupe de Côme qui comprend les architectes Terragni, Pietro Lingero, Alberto Sartoris et Cesare Cattaneo. Il réalise de nombreuses œuvres monumentales, en particulier la Fontaine de Camerlatta, qui est installée au centre d'une place de la ville de Côme (1934-1936). À partir de 1940, son art devient moins rigoureux et il abandonne les compositions orthogonales. En 1946, il participe à la fondation du M. A. C. (Movimento Arte Concreta) à Milan. Il sera, par la suite, chargé de nombreuses décorations monumentales intégrées à l'architecture. À cette époque, ses œuvres jouent librement de formes géométriques disposées dans le plan. En 1979, une exposition personnelle lui est consacrée à la Biennale de Venise. Une rétrospective fut organisée en 1982 à Lugano et une exposition en 1985 à Rome. Ses œuvres sont conservées dans de nombreux musées et collections italiennes.