Pousao (Henrique)
Peintre portugais (Vila Viçosa 1859 – id. 1884).
Considéré comme l'un des peintres les plus doués de la génération naturaliste, il suivit les cours de l'Académie des beaux-arts de Porto, fut influencé par Marques de Oliveira et fut pensionnaire à Paris. Malade, il s'installa à Rome puis à Capri et revint mourir prématurément à Vila Viçosa. Son œuvre se caractérise par le soin apporté aux compositions, fondées sur des lignes et des harmonies de coloris, recréant une impression de vie et de lumière, fort éloignée des principes de l'école de Barbizon (Rue aux volets bleus, Jeune Fille couchée sur un tronc d'arbre, Porto, Museu nacional de Soares dos Reis). On lui doit aussi quelques portraits " pris sur le vif ", intenses et de grande qualité (Cecilia, Porto, Museu nacional de Soares dos Reis). Il a travaillé en France, dans le sud de l'Italie et à Capri, d'où il a rapporté des pochades très libres, mais néanmoins fort structurées, qui rappellent Corot. Celles-ci surtout comptent dans une œuvre qui, prématurément interrompue, marque, dans le cadre de la peinture portugaise, une innovation sensible par rapport aux formules de l'école de Barbizon, qui dominait ses compatriotes (salle au musée de Porto).
Pousette-Dart (Richard)
Peintre américain (Saint Paul, Minnesota, 1916-comté de Rockland, État de New York1992).
Fils du critique et peintre Nathaniel Pousette-Dart, cet autodidacte décida en 1940 de se consacrer entièrement à la peinture et, à New York, tint sa première exposition en 1941 à l'Artists Gal., puis exposa chez Marion Willard (de 1943 à 1946), chez Peggy Guggenheim (1947) avant d'être pris en charge par Betty Parsons.
Pousette-Dart acquit rapidement un style personnel rigoureusement abstrait. Certaines de ses compositions anciennes (Forestness, 1946 ; N° 11 : a Presence, 1949, New York, M. O. M. A.) rappellent quelque peu Dubuffet par leur dessin enfantin et l'épaisseur de leur matière, mais Pousette-Dart se détacha de cette influence, comme de celle du Cubisme, encore apparente dans la composition d'une toile telle que Desert (1940, coll. de l'artiste), pour parvenir à un style très personnel, où il s'efforce de rendre, à travers des compositions abstraites, une vision mystique : The Magnificent (1951, New York, Whitney Museum). Souvent associé aux peintres expressionnistes abstraits, il fait cependant figure à part : son œuvre est plus sereine que celle de la plupart de ses contemporains et apporte une résonance religieuse peu commune dans la peinture américaine. Surtout connu comme peintre, il a également réalisé de nombreux collages et reliefs. Inclus dès 1951 dans l'exposition " Abstract Painting and Sculpture in America " au M. O. M. A., il eut des rétrospectives de son œuvre au Whitney Museum à New York en 1963 et en 1974.
Poussin (Nicolas)
Peintre français (Villers, près des Andelys, 1594 – Rome 1665).
Les débuts
Poussin reçut sa première formation en peinture de Quentin Varin, qui visita Les Andelys en 1612 et incita le jeune homme à devenir artiste. La même année, il partit pour Paris et s'arrêta probablement pour une courte période à Rouen, où l'on dit qu'il travailla dans l'atelier de Noël Jouvenet, grand-père de Jean. Après de brefs et peu satisfaisants séjours dans l'atelier du portraitiste Ferdinand Elle et dans celui du Lorrain Georges Lallemand, il semble avoir pris son indépendance, travaillant tantôt à Paris, tantôt en province et exécutant toutes les commandes qu'on lui proposait. On connaît fort peu son activité durant ces années qui suivent son arrivée à Paris, mais Nicolas a certainement travaillé dans le Sud-Ouest, probablement au château de Mornay, près de Niort, et aussi à Lyon et à Blois. Il était à Paris en 1622 quand il obtint des commandes des Jésuites et de l'archevêque de Paris, et il collabora avec Philippe de Champaigne à des travaux décoratifs au Luxembourg (tous perdus). Il rencontra au même moment le poète italien Marino, qui l'encouragea et lui demanda des dessins pour illustrer les Métamorphoses d'Ovide (Windsor Castle) et aussi, vraisemblablement, ses propres poèmes.
Premier séjour à Rome
Au cours de cette période, Poussin tenta vainement, à deux reprises, de se rendre à Rome. Il alla une fois jusqu'à Florence et, on ne sait pourquoi, rebroussa chemin. Il arriva enfin à Rome au printemps de 1624, après s'être arrêté à Venise un court moment. Son unique ami italien, Marino, était parti pour Naples, où il devait mourir l'année suivante, mais il avait donné à l'artiste des introductions auprès des collectionneurs romains, qui devaient devenir ses meilleurs clients. Parmi ceux-ci, le plus puissant était le cardinal Francesco Barberini, neveu du pape récemment élu, Urbain VIII, pour lequel il peignit la Mort de Germanicus (1628, Minneapolis, Inst. of Arts), mais le plus important pour lui fut le secrétaire du cardinal, Cassiano dal Pozzo, amateur d'art passionné qui portait un vif intérêt à l'étude de l'Antiquité et cherchait à entrer en contact avec les hommes de savoir de l'Europe entière. Ce fut sous son influence que Poussin devait mûrir et devenir le peintre érudit, le " peintre philosophe ", le " peintre des gens de goût ". Dans ces mêmes années, Poussin commença à montrer sa virtuosité comme dessinateur. De son vivant même, ses dessins furent collectionnés par ses amis, surtout par Cassiano dal Pozzo et le cardinal Camillo Massimi, dont les albums sont conservés à la Bibliothèque royale de Windsor Castle. La magnifique collection du cabinet des Dessins du Louvre offre des exemples de ses esquisses de compositions et de paysages.
Pendant ses premières années romaines, Poussin apparaît cependant comme un artiste d'une espèce et même d'un caractère tout à fait différents. Il était ardent et impétueux ; sa vie semble avoir été fort désordonnée, et il participa à plusieurs rixes contre des membres de la faction antifrançaise. En même temps, il tenta de s'imposer comme peintre de grands sujets religieux et obtint même, en 1627, la commande d'une " pala " pour Saint-Pierre (le Martyre de saint Érasme, Vatican). Mais cette peinture fut froidement accueillie, et Poussin essuya un nouvel échec en ne réussissant pas à se faire attribuer la décoration d'une chapelle à Saint-Louis-des-Français, qui fut confiée à Charles Mellin. Tombé gravement malade, il épousa à sa guérison Anne Dughet, fille du cuisinier français Jacques Dughet, qui s'était occupée de lui pendant sa maladie et dont le frère devait devenir un de ses élèves.
C'est à cette époque qu'il semble s'être fixé dans la voie qu'il devait suivre durant le reste de sa carrière, dans sa vie comme dans son art. Il cessa peu à peu de briguer les grandes commandes officielles et s'en tint à la production de toiles de dimensions moyennes destinées aux demeures privées d'un groupe de collectionneurs modestes mais attentifs, dont le principal était Cassiano dal Pozzo. Les sujets de ces toiles étaient, quelquefois, des thèmes religieux traditionnels (le Triomphe de David, Prado et Londres, Dulwich College Art Gal. ; Annonciation et Massacre des Innocents, Chantilly, musée Condé ; Lamentation sur le Christ mort, Ermitage et Munich, Alte Pin.). Mais les tableaux les plus personnels de Poussin sont inspirés par des sujets poétiques plus originaux. Certains sont de simples allégories, comme l'Inspiration du poète (Louvre et musée de Hanovre). D'autres expriment des idées plus mélancoliques, telle la fragilité du bonheur humain : les Bergers d'Arcadie (Chatsworth, coll. duc de Devonshire), dont le thème sera repris beaucoup plus tard dans la version du Louvre, Narcisse (Louvre), telle encore la futilité de la richesse (Midas, musée d'Ajaccio et Metropolitan Museum). Des allusions plus érudites aux allégories de la mort et de la résurrection se dégagent de Diane et Endymion (Detroit, Inst. of Arts), de la Mort d'Adonis (musée de Caen), de l'Empire de Flore (Dresde, Gg), du Triomphe de Flore (Louvre). Le style de Poussin est alors dominé par son admiration pour Titien, dont il étudia et même copia les Bacchanales à la villa Ludovisi à Rome. Vers 1635, la renommée de Poussin commence à s'étendre et atteint Paris grâce, probablement, aux peintures envoyées en guise de présents par le cardinal Francesco Barberini au cardinal de Richelieu. En 1635-36, l'artiste commença 2 toiles commandées par ce dernier et qui devaient être mises à la place d'honneur dans le château de Richelieu (Indre-et-Loire), alors en construction (Triomphe de Pan, Londres, N. G., et Triomphe de Bacchus, musée de Kansas City). Durant les années suivantes, les liens avec la France se resserrèrent, et, en 1639, Poussin fut invité à venir à Paris travailler pour Louis XIII et le cardinal de Richelieu. Il montra beaucoup de réticence à quitter Rome, et ce fut seulement quand il reçut des ordres nets et même comminatoires qu'il consentit à prendre la route de Paris, où il arriva dans les derniers jours de 1640.
Juste avant ce voyage, Poussin avait commencé pour Cassiano dal Pozzo une série de tableaux représentant les Sept Sacrements (5 sont conservés à Belvoir Castle, coll. du duc de Rutland, qui en possédait un 6e, détruit ; le Baptême est à la N. G. de Washington), dans laquelle une solennité nouvelle apparaît, dans un style beaucoup plus étudié que dans les œuvres peintes librement au début et au milieu des années 1630. Les compositions sont plus simples et plus statiques, les couleurs plus froides, l'exécution est plus douce et les personnages montrent l'influence que l'étude de la sculpture romaine a exercée sur l'artiste. Poussin emporta à Paris le dernier de la série, le Baptême, qu'il n'acheva qu'au cours de l'année 1642.