Jeanron (Philippe-Auguste)
Peintre français (Boulogne s/Mer 1805 – Comborn, Corrèze, 1877).
Élève de Sigalon, il reçut la commande de peintures pour des églises parisiennes (Saint-Vincent-de-Paul, Saint-Louis-en-l'Ile) et exécuta des paysages dans le goût de l'école de Barbizon. Mais il reste surtout connu pour la part active qu'il prit au moment de la révolution de 1830, pour défendre la liberté d'expression des artistes, en fondant la Société libre de peinture et de sculpture. En 1848, il fut nommé directeur des Musées nationaux, poste où il sera vite remplacé par Nieuwerkerke. Il publia des Mémoires et des ouvrages de critique artistique. Le musée de Caen conserve les Petits Patriotes (1830) le musée de Chartres une Scène de Paris (1833) et le Louvre le Portrait de Filippo Buonarotti (1830), tous témoignant d'un novateur souci réaliste.
Jeaurat (Étienne)
Peintre français (Vermenton, Bourgogne, 1699 – Versailles 1789).
Frère du graveur Edme Jeaurat, il fut l'élève de N. Vleughels, qu'il suivit à Rome (1724). Académicien en 1733 (Pyrame et Thisbé, musée de Roanne), il devint peintre du roi et chancelier de l'Académie (1781). Ce fut un décorateur agréable (Jeu de ballon, 1762, musée de Mâcon), un peintre de genre (Scène de pressurage à Vermenton, musée de Beaune), parfois influencé par Chardin, mais plus sec (le Jeune Dessinateur, Louvre), et un illustrateur vivant de la vie parisienne (musée Carnavalet ; série de 5 toiles dans la coll. du comte Beauchamp en Angleterre). Il travailla aussi pour des établissements religieux (Chartreux en méditation, 1758, Paris, église Saint-Bernard de la Chapelle).
Jenkins (Paul)
Peintre américain (Kansas City, Missouri, 1923).
Il suivit les cours de l'Art Institute de sa ville natale et fit un apprentissage dans une usine de céramique (1938-1941). Après la Seconde Guerre mondiale, il s'installe à New York et s'inscrit à l'Art Students League (1948-1951). À la suite de voyages en Europe, Jenkins choisit de s'établir à Paris en 1953, et depuis cette date partage ses activités entre cette ville et New York. Sa première exposition personnelle eut lieu au studio P. Fachetti en 1954, préface aux expositions successives de son œuvre à Paris et à New York, ainsi qu'à la rétrospective du palais des Beaux-Arts de Charleroi. Dans ses toiles intitulées Phénomènes, Jenkins déploie un univers coloré de formes mouvantes et ondoyantes (Phenomena Wakiyaski, 1961, Paris, M. N. A. M.), obtenues en faisant couler sur la toile une peinture très diluée. Cette fluidité contrôlée des couleurs va à l'encontre du all-over des Américains. Les couleurs sont évaluées en fonction de leur luminosité et de leur qualité de non-interchangeabilité (Phenomena Wind Pool, 1977, Dunkerque, musée d'Art contemporain). Il a réalisé un vaste environnement pour l'opéra de Pékin et conçu un ballet pour celui de Paris (1988). Son œuvre est présentée dans les principaux musées européens et américains.
Jensen (Alfred)
Peintre américain (Guatemala 1903 – Livingston, New Jersey, 1981).
Après une enfance mouvementée entre le Guatemala et le Danemark, il s'installe en 1924 à San Diego et suit les cours de la School of Fine Arts. De 1925 à 1927, Jensen est à Munich et étudie sous l'autorité de Hans Hofmann puis, en 1929, il entre à l'Académie scandinave à Paris. Ses maîtres sont alors Charles Despiau pour la sculpture, Émile Othon Friesz et Charles Dufresne pour la peinture. Sa rencontre avec André Masson est capitale pour la suite de son œuvre, car elle lui permet de découvrir les théories de la couleur de Goethe. Dans les années 40, influencé par Naum Gabo, il expérimente brièvement la sculpture constructiviste. Installé à New York en 1951, Jensen peint des paysages, des personnages et des natures mortes, toutes dans un style proche de l'Expressionnisme abstrait, et il connaît sa première exposition personnelle en 1952 à la gal. John Heller. Les œuvres de ces années-là exploitent les théories de Goethe : Clockwork in the sky (1959, New York, M. O. M. A.). Il abandonne alors définitivement l'Expressionnisme et commence à utiliser la calligraphie : The Great Mystery II (1960, Buffalo, Albright-Knox Art Gal.). Également influencé par la philosophie orientale, par les calendriers péruviens (Uaxactun, 1964, Guggenheim Museum) et par la Grèce antique (The Doric Order, 1972, Pittsburgh, Carnegie Institute), Jensen poursuit l'élaboration d'un système de formes géométriques, exécutées avec une matière épaisse, aux couleurs intenses et vives. Son œuvre est bien représentée dans les musées américains et de nombreuses rétrospectives lui ont été consacrées tant aux États-Unis (Albright-Knox Art Gal. de Buffalo en 1977) qu'en Europe (Stedelijk Museum d'Amsterdam en 1964, Kunsthalle de Baden-Baden en 1973).
Jensen (Christian Albrecht)
Peintre danois (Bredsted, Schleswig, 1792 – Copenhague 1870).
Formé à l'Académie de Copenhague (1810-1816), puis à celle de Dresde (1817-18), il voyagea en Europe et travailla en Angleterre (1839-40) et à Saint-Pétersbourg (1840-41). Après 1850, il peignit peu. Exclusivement portraitiste, il exécuta de nombreuses et vivantes effigies : la Femme de l'artiste (1825-26, château de Frederiksborg), la Baronne Stampe (1827, Copenhague, musée Thorvaldsen), H. E. Freund (1835, Copenhague, N. C. G.), Portrait d'H. C. Andersen (1836, Odense, maison Andersen), Marie-Elise Storm (Louvre), qui se situent, par la fermeté de leur construction, le tranquille raffinement de leurs coloris clairs et la lucidité de leur éclairage, dans la tradition d'Eckersberg et non loin des créations de Købke. Il est représenté par des séries de portraits dans les musées de Copenhague (S. M. f. K., Hirschsprungske Samling, N. C. G., musée Thorvaldsen), au château de Frederiksborg, au musée de Sorø et au Nm de Stockholm.
Jettel (Eugen)
Peintre autrichien, (Johnsdorf, Moravie, 1845 – Lussingrande 1901).
Comme E. J. Schindler, R. Ribarz et R. Russ, il étudia à partir de 1860 le paysage à l'Académie de Vienne chez Albert Zimmermann, et entreprit des voyages d'études avec des amis ; Pettenkofen l'encouragea également dans cette voie. À partir de 1870, il se rendit en France, où il connut les peintres de Barbizon et fut marqué par Jules Dupré. Après que Sedelmeyer, qui était originaire de Vienne et possédait un commerce d'art à Paris, eut conclu avec lui un contrat (1873-1897), Jettel s'installa à Paris, y exposant chaque année ; son intérieur modeste devint alors le lieu de rencontre des peintre autrichiens et allemands. Après 1897, l'artiste exposa avec succès à la Wiener Secession et revint à Vienne. Pendant les dernières années de sa vie, il travailla beaucoup en Dalmatie, et ses couleurs devinrent plus lumineuses. Jettel montre une prédilection pour les paysages dénués de caractère pittoresque, emplis de rêve silencieux et de douceur intime. Son paysage de landes (1879, Vienne, Österr. Gal.), avec ses arbres morts et ses nuées d'oiseaux, s'apparente au style narratif de Millet, mais avec plus de réserve et un plus grand souci de l'atmosphère. L'Étang des oies (1898, id.) caractérise bien la campagne au nord de Vienne. La plupart des tableaux de Jettel, y compris les grands formats, ont été peints sur bois, ce qui accentue le caractère raffiné de sa technique et la délicatesse de ses harmonies.