MATHIESON (Muir)
chef d'orchestre britannique (Stirling, Écosse, 1911 - Oxford 1975).
Il est devenu célèbre en faisant interpréter les musiques de films par de grands orchestres symphoniques. Après des débuts décisifs à la London Films de Korda (Fantôme à vendre, R. Clair, 1935 ; Rembrandt, A. Korda, 1936 ; l'Invincible Armada, W. K. Howard, 1937), son nom au générique, à côté du musicien compositeur, devient un label de qualité. Constamment sollicité par de nombreux réalisateurs, Mathieson trouve la consécration avec les partitions de William Walton pour la trilogie shakespearienne de Laurence Olivier : Henri V (1944), Hamlet (1948) et Richard III (1955).
MATHIS (June)
scénariste américaine (Leadville, Colo., 1892 - New York, N. Y., 1927).
Ses premières adaptations mettent en valeur le talent de l'actrice Nazimova : l'Occident (Eye for Eye, A. Capellani, 1918) ; Hors de la brume (Out of the Fog, id., 1919) ; la Lanterne rouge (The Red Lantern, id., id.) ; la Fin d'un roman (The Brat, A. Guy-Blaché, id.). Elle devient une personnalité éminente d'Hollywood avec les Quatre Cavaliers de l'Apocalypse (R. Ingram, 1921) et Arènes sanglantes (F. Niblo, 1922), deux films avec R. Valentino. Mais elle doit son plus grand succès à l'adaptation de Ben Hur (id., 1926). Coscénariste des Rapaces (E. von Stroheim, 1925 [RÉ : 1923]), elle en dirige le montage final.
MATHIS (Émilienne Tomasini, dite Milly)
actrice française (Marseille 1901 - Salon-de-Provence 1965).
Replète, toujours souriante, la langue bien pendue, elle apporte la note méridionale dans d'innombrables films qui s'échelonnent sur trente ans. Quelques Pagnol (de Regain, 1937, à Manon des Sources, 1953), le sketch avec Raimu dans Un carnet de bal (J. Duvivier, 1937), des apparitions dans Du haut en bas (G. W. Pabst, 1933), Cavalcade d'amour (R. Bernard, 1940), le Trésor de Cantenac (S. Guitry, 1950) font oublier le factice de son personnage et sa présence dans des productions de dernier ordre.
MATHOT (Léon)
acteur et cinéaste français (Roubaix 1886 - Paris 1968).
Avant la guerre de 1914, il est déjà une vedette importante après avoir débuté, simple figurant, en 1906. Le Monte-Cristo de Pouctal (1917-1918) consacre sa notoriété. Il tourne sous la direction d'Abel Gance (la Zone de la mort, 1917), de René Hervil (l'Ami Fritz, 1919), de René Leprince (l'Empereur des pauvres, 1921), de Jean Epstein (l'Auberge Rouge, 1923 ; Cœur fidèle, id.). Vers la fin du muet, il entame son abondante mais médiocre carrière de réalisateur, dont on peut sauver Chéri-Bibi (1938) et le Révolté (id.). Il reparaît comme acteur dans Deuxième Bureau contre Kommandantur (René Jayet et Robert Bibal, 1939) puis continue à tourner des films. Il a été vice-président de la Cinémathèque française.
MATRAS (Christian)
chef opérateur français (Valence 1903 - Paris 1977).
D'abord opérateur d'actualités (à Éclair Journal), il se fait connaître avec l'Or des mers (Jean Epstein, 1933) et très vite se taille une réputation de technicien solide, expert en l'art de créer des ambiances qualifiées improprement de « réalistes », et qui témoignent surtout de son goût alliant le sens de l'effet décoratif à l'effet psychologique. À son palmarès extraordinairement riche (plus de 80 films) figurent les plus grands noms du cinéma français, de Jean Renoir (la Grande Illusion) à Georges Franju (Thérèse Desqueyroux), en passant par Julien Duvivier, Pierre Chenal, Marcel L'Herbier, Abel Gance, Jean Cocteau, Jacques Becker et surtout Max Ophuls, dont il fut le collaborateur privilégié pour ses quatre derniers films, de la Ronde à Lola Montès. Parlant des méthodes de ce dernier, Matras déclarait ceci, qui peut s'appliquer aussi bien à lui-même : « Il s'efforçait avant tout de créer une certaine ambiance... Il se mettait, et nous plongeait, dans une sorte d'état de grâce, et rien ne se faisait tant que cet état n'avait pas été atteint. Autant dire que la logique ne l'intéressait guère. Ce qui comptait pour lui, c'était la qualité de l'émotion qu'il souhaitait dégager... Il pensait pouvoir dévoiler le mystérieux envers des choses, aller au-delà des apparences. » Chercheur infatigable, Christian Matras fut l'un des premiers opérateurs français à se passionner pour un traitement spécifique de la couleur à l'écran. À cet égard, la véritable qualité — s'ils en ont une — de films tels que Violettes impériales (R. Pottier, 1952), Madame du Barry (Christian-Jaque, 1954), Nana (id., 1955) ou Till l'Espiègle (G. Philipe, 1956) lui est directement imputable.
Films :
le Paquebot Tenacity (J. Duvivier, 1934) ; les Mutinés de l'Elseneur (P. Chenal, 1936) ; les Réprouvés (Jacques Séverac, id.) ; la Grande Illusion (J. Renoir, 1937) ; Entrée des artistes (M. Allégret, 1938) ; Prison ans barreaux (L. Moguy, id.) ; la Fin du jour (Duvivier, 1939) ; le Dernier Tournant (Chenal, id.) ; Paradis perdu (A. Gance, 1940) ; Pontcarral colonel d'Empire (J. Delannoy, 1942) ; Boule de Suif (Christian-Jaque, 1945) ; l'Idiot (G. Lampin ; 1946) ; l'Aigle à deux têtes (J. Cocteau, 1948) ; la Ronde (Max Ophuls, 1950) ; Barbe-Bleue (Christian-Jaque, 1951) ; Fanfan la Tulipe (id., 1952) ; le Plaisir (Max Ophuls, sketches 1 et 2, id.) ; Madame de... (id., 1953) ; Lola Montès (id., 1955) ; les Espions (H.-G. Clouzot, 1957) ; Montparnasse 19 (J. Becker, 1958) ; la Bête à l'affût (Chenal, 1959) ; Thérèse Desqueyroux (G. Franju, 1962) ; la Voie lactée (L. Buñuel, 1969).
MATRICE.
Film positif en noir et blanc, traité pour s'imprégner de colorant, employé pour le tirage des copies en couleurs par le procédé Technicolor. ( CONSERVATION DES FILMS, COULEURS [PROCÉDÉS DE CINÉMA EN].)
MATSUDA (Yusaku)
acteur japonais (Shimonoseki 1949 - Tokyo 1989).
Acteur très populaire au Japon depuis les années 70, il fut révélé par ses rôles insolites dans deux films de Yoshimitsu Morita, Jeux de famille (Kazoku game, 1983), et Plus tard... (Sorekara, 1986), et surtout dans Onimaru (Arashigaoka, K. Yoshida, 1988), où il tenait le rôle principal, et dans Black Rain (Ridley Scott, 1989). Mort d'un cancer foudroyant à l'âge de 40 ans.
MATTE.
Mot anglais pour cache.
MATTES (Eva)
actrice allemande (Tegernsee 1954).
Elle apparaît très jeune sur les écrans, dès 1970 (en particulier dans Mathias Kneissl, de R. Hauff), et elle atteint une certaine notoriété en 1972 grâce à Gibier de passage de Fassbinder. C'est l'époque où ce dernier lui confie des rôles de très jeune fille (les Larmes amères de Petra von Kant, 1972 ; Effi Briest, 1974 ; l'Année des treize lunes ; 1978), alors qu'Herzog l'utilise de manière plus complexe (la Balade de Bruno, 1977 ; Woyzeck, 1979). Ses plus grands rôles viennent alors : Allemagne mère blafarde (H. Sanders-Brahms, 1980), Celeste (P. Adlon, 1981) et Un homme comme Eva (Ein Mann wie Eva, de Radu Gabrea, 1983), où son personnage est un double de Fassbinder. Elle participe en 1987 au film collectif Felix (sketch Eva, de M. von Trotta), puis au premier film de Joseph Vilsmaier, le Lait de l'automne (Herbstmilch, 1988), et, ensuite, dans des rôles de femme mûre, à Album d'été (Sommeralbum, Kai Wessel, 1992) et au Conteur de cinéma (B. Sinkel, 1993).