écrivain et cinéaste français (Aubagne 1895 - Paris 1974).
Professeur d'anglais dans la région de Marseille, il passe ses loisirs à écrire des pièces de théâtre, qui sont jouées par des troupes locales. Nommé à Paris en 1922, il constate avec surprise que ses œuvres sont très prisées dans la capitale. Aussi abandonne-t-il rapidement l'enseignement au profit de l'écriture. Plein de curiosité vis-à-vis du cinéma parlant, il s'intéresse dès 1930 au monde du septième art. Il déclare alors : « C'est un moyen d'expression dramatique beaucoup plus commode, beaucoup plus riche que le théâtre. »
En fait, son attitude envers le cinéma est très claire : d'une part ses pièces pourront, si elles sont adaptées à l'écran, recevoir une plus large audience, et, d'autre part, le film sonore devient véritablement du « théâtre en conserve ». Le rôle auquel il confine le cinéma ne l'empêche pas d'y porter un grand intérêt puisqu'il crée le Cahier du film, dans lequel il « injurie les gens du muet ». Et malgré ses options théoriques, il saura rompre avec les conventions théâtrales. Ses pièces filmées gardent toute leur fraîcheur grâce au ton régionaliste donné par des interprètes de grand talent, venant souvent du café-concert marseillais, tels Raimu, Fernandel ou Charpin, qu'il a eu le mérite de découvrir. Dès la sortie de ses premières œuvres adaptées à l'écran, dont il a écrit le scénario et les dialogues, il obtient un gros succès public et critique. Il ne met pas personnellement en scène Marius (A. Korda, 1931), Fanny (M. Allégret, 1932) ni Topaze (L. Gasnier, id.), se contentant simplement de superviser le tournage. Cependant, il a tendance à minimiser considérablement le rôle du réalisateur, se considérant (et étant souvent considéré) comme le seul auteur. Avec le Gendre de Monsieur Poirier (1933, dont le négatif a été brûlé pendant la guerre), il devient réalisateur à part entière. Il a sans doute donné, à l'écran, ses lettres de noblesse au régionalisme — personne n'aura décrit avec tant de vérité et de pittoresque les tics, les coutumes, la spontanéité de langage de certains de ses compatriotes provençaux, mais, entouré d'acteurs « complices » (Fernandel, Raimu, Charpin, Delmont, Robert Vattier, Rellys, Blavette, Sardou), il a aussi apporté au cinéma français un ton nouveau, qui l'a fait considérer par De Sica et Rossellini comme un précurseur du néoréalisme italien. Producteur avisé de pratiquement tous ses films, il a tourné notamment : Jofroi (MM, 1934), Angèle (id.), l'Article 330 (id.), Merlusse (1935), Cigalon (id.), César (1936), Regain (1937, d'après Jean Giono), le Schpountz (1938), la Femme du boulanger (id.), la Fille du puisatier (1940). Privé de ses acteurs fétiches, il ne tournera plus ensuite que des films moins intéressants : la Belle Meunière (1949, comédie musicale avec Tino Rossi), Manon des sources (1953), les Lettres de mon moulin (1954). Il a également réalisé deux autres versions de Topaze, en 1936 et en 1951. Sa seconde femme, Jacqueline Bouvier, a joué sous le nom de Jacqueline Pagnol dans plusieurs de ses films. Il entre à l'Académie française en 1946. ▲