CHAHIN (Yusuf [Youssef CHAHINE]) (suite)
Ces thèmes, la parabole du Retour du fils prodigue les illustre déjà, avant que Chahin, une fois de plus en marge des conventions des cinémas arabes, entreprenne avec Alexandrie, pourquoi ? un retour sur lui-même, sur sa jeunesse dans l'Égypte à l'écoute des canons de Rommel ; le film de la mémoire mêle la naissance d'une vocation et les multiples facettes d'une société cosmopolite, tolérante, généreuse, qui ne devait survivre ni à 1948 ni à 1952. Ce film sera le premier volet d'une trilogie semi-autobiographique qui comprendra également la Mémoire et Alexandrie encore et toujours. Écartant les schématismes, optant pour des scénarios complexes (la Mémoire), faisant appel à des acteurs chevronnés (Fatin Hamama, Farid Shawqi, Maḥmud al-Miligi), il parie aussi sur des inconnus (Omar Sharif pour Ciel d'enfer, Aḥmad Mahriz, d'autres encore, tel Mohsen Mohiyi ad-Din). S'il tourne parfois trop vite (« Je n'ai pas les moyens d'être perfectionniste »), il a ouvert, dans l'immobilisme cinématographique égyptien, une brèche heureuse, et la leçon vaut d'être entendue : n'avoir de modèle que soi. Chahin a fondé sa propre société de production (Mişr International).
Films :
Papa Amine (Baba Amin, 1950) ; le Fils du Nil (Ibn an-Nil, 1951) ; Femmes sans homme (Nisabila rijal, 1953) ; Ciel d'enfer (Sira fi alwadi, 1954) ; le Démon du désert (Shaït an as-sahra, id.) ; les Eaux noires (Sirafi al-mina, 1956) ; C'est toi mon amour (Inta habiby, 1957) ; Gare centrale (Bab al - ḥadid, 1958) ; Gamila l'Algérienne (Gamila al-gaza iriyya, id.) ; Saladin (an-Naḥir Salah ad-Din, 1963) ; l'Aube d'un jour nouveau (Fagr yawm gadid, 1964) ; le Vendeur de bagues (Bayya al-khawatim, 1965) ; Ces gens et le Nil (an-Nass wa an-Nil, 1972) ; la Terre (al-Ard 1969) ; le Choix (al-Ikhtiyar, 1970) ; le Moineau (al-' Usfur, EG/ALG, 1973) ; le Retour du fils prodigue (Awda al-ibn a¸d-¸da, EG/ALG, 1976) ; Alexandrie, pourquoi ? (Iskandariyya lih ?, EG/ALG, 1978) ; la Mémoire (Hadduta Mişriyya, 1982) ; Adieu Bonaparte (FR/EG, 1985) ; le Sixième Jour (FR/EG, 1986) ; Alexandrie, encore et toujours (Iskandariyya kaman wa kaman, 1990) ; Le Caire vu par Chahin (DOC, 1991) ; l'Émigré (Al Mohager, 1994) ; le Destin (Al Massir, 1997) ; l'Autre (Al Akhar, 1998) ; Silence, on tourne (2001).