LAMA
famille de producteurs, acteurs et cinéastes d'origine libanaise.
Après avoir vécu en Amérique du Sud, les Lama reviennent au Proche-Orient et s'installent d'abord à Alexandrie, où, sans doute en 1926, ils créent un ciné-club, Mina Film, et la société de production Condor Film. Les querelles d'autorité, et de compétence, autour du film Laïla dont Aziza Amir est la productrice et la vedette, font que le premier long métrage de la Condor est projeté plus tôt, le 4 mai 1927 ; mais Laïla est considéré comme le premier film égyptien de fiction, d'autant que toute l'équipe d'‘ Un baiser dans le désert ’ (Qubla fi's sahara) est libanaise ou européenne. Ce « western bédouin » est dirigé par Ibrahim Lama (1908-1952), l'organisateur et le metteur en scène de la famille. Son frère Badr (1910-1949), « jeune premier » caracolant, partage l'affiche avec Ibrahim Dhulficar. ‘ Un baiser dans le désert ’, tourné à Victoria, près d'Alexandrie (les scènes de plateau sont filmées dans la propriété des Lama transformée en studio), s'inspire sans vergogne des aventures de Valentino dans le Fils du sheikh... Le succès entraîne la mise en œuvre de nombreux titres du même cru chevaleresque et sentimental : ‘ Tragédie aux pyramides ’ (Fawqa fuq al-Ahram, 1928) avec Fatima Rushdi ; ‘ le Miracle de l'amour ’ (Mo‘ oguezat el-Hub, 1929) ; ‘ l'Ombre du passé ’ (Shabah al-madi, 1934)... Une place est faite à chacun : Badria Rafaat, l'épouse de Badr, en vedette ; enfants, cousins, selon les besoins de la production. La Condor Film gagne bientôt Le Caire, et, après quelques autres westerns bédouins (Maruf al-Badawi, 1935 ; ou ‘ le Trésor perdu ’ [el Kanz el-mafkud], 1938), s'oriente vers l'évocation historique sans pouvoir conjurer un déclin grandissant : Salah ed-Din (1940), Cleopatra (1942). Le dernier film d'Ibrahim, qui se donnera la mort en 1952, est interprété par le jeune fils de Badr, Abdullah : ‘ la Voie du salut ’ (Sakkat as-salama, 1951). Déclin dont il est presque superflu de préciser qu'il était et ne pouvait être que d'ordre commercial ; mais le rôle des deux frères Lama dans le développement du cinéma naissant en Égypte ne saurait être oublié.
LAMAČ (Karel Lamač, dit Karl ou Carl)
acteur, producteur et cinéaste allemand (Prague, Autriche-Hongrie, 1897 - Hambourg, RFA, 1952).
Né Karel Lamač dans la Prague autrichienne, il commence en 1918 une carrière d'acteur dans son pays, ne tarde pas à écrire des scénarios et à les mettre en scène, collaborant avec des compatriotes de sa génération, notamment Otto Heller (la Lanterne [Lucerna], 1925 ; le Brave Soldat Švejk [Dobr˙y voják Švejk], 1926), qui sera souvent son chef opérateur et deviendra un technicien célèbre du cinéma international. En 1920, Lamač interprète un film de Josef Rovensky en compagnie d'Anna Ondrakowa [Anny Ondra], qui va devenir son actrice favorite et son épouse. Ensemble, ils vont tourner un grand nombre de comédies légères ou sentimentales qui obtiennent un vif succès. Ils créent leur propre société de production à Berlin en 1930 (Ondra-Lamač-Film), continuant de travailler en Tchécoslovaquie et tournant en Allemagne en double ou triple version. En 1939, Lamač est en Hollande et, pendant la guerre, en France ou en Grande-Bretagne. De sa filmographie de plus de cent titres, on n'en retiendra que quelques-uns, par exemple : Monsieur le Maréchal (C. a. K polní maršalek, 1930) ; Die Fledermaus (1931) ; Die grausame Freundin (1932) ; Die Regimentstochter (1933) — trois films dont la vedette est Annie Ondra et dont Pierre Billon signera avec Lamač la version française (respectivement la Chauve-Souris, Faut-il les marier ? et la Fille du régiment) ; Frasquita (1934) ; Im weissen Rössl (COPR : AU, 1935) ; They Met in the Dark (GB, 1943) ; It Started at Midnight (GB, 1944) ; la Colère des dieux (FR, 1947) ; Die Diebin von Bagdad (ALL, 1952).
LAMARQUE (Libertad)
actrice argentine (Rosario 1908 - Mexico, Mexique, 2000).
Avec sa voix de soprano, elle contribue à donner au tango des accents féminins et dramatiques, et enregistre son premier disque dès 1926. Elle débute à l'écran sur Adios, Argentina (Mario Parpagnoli, 1930), participe à la parade de Tango (Luis Moglia Barth, 1933), monte en tête d'affiche avec El alma del bandoneón (M. Soffici, 1935) et obtient une large consécration à partir de Ayúdame a vivir (J. A. Ferreyra, 1936). La fulgurante ascension de la principale star d'un cinéma argentin au faîte de son rayonnement coïncide avec le déclin de Ferreyra, véritable créateur, le premier à contourner les difficultés de scénario des films de Libertad Lamarque par l'irruption d'une chanson. D'autres artisans, plus dociles, se mettent donc au service de cette vedette envahissante : Luis Cesar Amadori (Madreselva, 1938 ; Caminito de gloria, 1939), Luis Saslavsky (Puerta cerrada, 1939 ; La casa del recuerdo, 1940) et Carlos Borcosque (Una vez en la vida, 1941 ; Yo conocí a esta mujer, 1942), notamment. Elle part pour le Mexique après l'arrivée au pouvoir de Perón, et y commence une seconde carrière en même temps que Luis Buñuel (Gran Casino, 1946). Sans se départir de l'image mélodramatique qu'elle exploite alors jusqu'à satiété, Libertad Lamarque est désormais associée à des films encombrés de conventions et de stéréotypes : La marquesa del barrio (Miguel Zacarías, 1950), La mujer sin lágrimas (Alfredo B. Crevenna, 1951), La mujer X (Julián Soler, 1954).
LA MARR (Rheatha Watson, dite Barbara)
actrice et scénariste américaine (North Yakima, Wash., 1896 - Altadena, Ca., 1926).
Après avoir tenu ses premiers rôles à la scène dès l'âge de huit ans, elle danse en tandem avec Ben Deeley, puis tente sa chance au cinéma, où elle débute comme auteur en 1920 avec le scénario — autobiographique — de Flame of Youth (H. M. Mitchell). Douglas Fairbanks lui confie un rôle secondaire dans The Nut (Theodore Reed, 1921), puis celui de Milady dans les Trois Mousquetaires (F. Niblo, id.). Elle y obtient, d'emblée, un considérable succès critique et populaire, qui ira croissant durant sa brève mais brillante carrière. Considérée comme une des grandes beautés du cinéma muet, elle se spécialise dans les emplois « exotiques », qui mettent en valeur ses qualités plastiques, et apparaît en l'espace de cinq ans dans vingt-cinq productions, dont : le Prisonnier de Zenda (R. Ingram, 1922), Souls for Sale (Rupert Hughes, 1923), The Brass Bottle (M. Tourneur, id.), The Eternal City (G. Fitzmaurice, 1924), Thy Name Is Woman (Niblo, 1924), et The Girl From Montmartre (Alfred E. Green, 1926), durant le tournage duquel elle meurt des suites d'une brutale cure d'amaigrissement, compliquée par un état dépressif et éthylique. Elle apparaît ou signe quelquefois sous le nom de Folly Lyttell, ce patronyme étant celui de l'un de ses maris.