KHLIFI ('Umar)
cinéaste tunisien (Soliman 1934).
Il reçoit un enseignement technique secondaire à Tunis puis à Nancy, mais ne suit pas d'études cinématographiques. Cet autodidacte, pionnier du cinéma tunisien, fonde le premier groupement de cinéastes amateurs en 1959. L'Aube (al-Fajr, 1966), considéré comme le début de la production nationale, est bien accueilli et couronné à Moscou. Ensuite, il tourne (et coproduit) le Rebelle (al-Mutamarrid, 1968), qui évoque, sur un mode westernien plaisant, la période ottomane ; les Fellagas (Fallaga, 1970) ; Hurlements (Surakh, 1972) ; le Défi (al Tahaddi, 1986). Il a aussi réalisé une douzaine de courts métrages et a publié la première Histoire du cinéma en Tunisie (1896-1970).
KHOKHLOVA (Aleksandra Bokkina, dite Aleksandra) [Aleksandra Sergeevna Hohlova]
actrice et cinéaste soviétique (Berlin, 1897 - Moscou 1985).
Épouse et collaboratrice de Lev Koulechov, Khokhlova (du nom de son premier mari Konstantin Khokhlov, acteur du Théâtre d'Art) est issue de la haute bourgeoisie : son père est professeur à l'Académie militaire de médecine de Saint-Pétersbourg ; son grand-père maternel a fondé et doté la galerie Trétiakov à Moscou. Elle fait de la figuration de 1916 à 1919 (on la remarque cependant dans l'Ouragan [Uragan, Chouskevitch, 1916]). Elle entre à l'Institut du cinéma en 1920 et s'intègre au collectif de Koulechov. Elle ne jouera pratiquement que dans les films de ce dernier, sa prétendue laideur l'ayant desservie auprès des studios. Sachant faire fonds de son extrême maigreur comme de l'étrangeté de son visage, également douée pour le burlesque et le tragique, elle s'est surpassée dans l'expressionnisme hystérico-excentrique si particulier de Dura Lex (1926), de la Journaliste (1927) et du Grand Consolateur / Encre rose (1933). Elle est le plus remarquable exemple d'interprète ayant édifié son jeu sur la méthode biomécanique, le montage constructiviste et la doctrine des « modèles vivants », théorisés et pratiqués par Koulechov. Elle a dirigé plusieurs films et, à partir de 1939, enseigné la mise en scène au VGIK.
Films. — A
CT .
Sur le front rouge (1920) ; les Aventures extraordinaires de Mister West au pays des Bolcheviks (1924) ; le Rayon de la mort (1925) ; Dura Lex (1926) ; la Journaliste (1927) ; le Grand Consolateur/Encre rose (1933) ; les Sibériens (1940) [tous ces films sont de Lev Koulechov] ; la Perte des sensations (Gibel‘ sensatsii, Aleksandr Andrievski, 1935). —
RÉAL. le Dossier à fermoir (Delo s zastežkami, 1929) ; Sacha (Saša, CO : Koulechov, 1930) ; Jouets (Igruški, 1931) ; Nous de l'Oural (My s Urala, 1944 ; CO : Koulechov).
KHOLODNAÏA (Vera) [Vera Holodnaja]
actrice russe (Poltava, Ukraine, 1893 - Odessa 1919).
Après des études de danse, cette jeune Ukrainienne se fait vite remarquer dans le Chant de l'amour triomphant de Bauer (1915), mélodrame flamboyant adapté de Tourgueniev, qui met en valeur sa beauté et lui vaut une popularité considérable. Elle joue encore, entre autres films, dans Mirages (A. Tchardynine, 1915), Vie pour vie (Bauer, 1916), le Diable des flammes (id., id.), les Tourbillons de la vie (Šašmaty žizni, Anatoli Ouralski, id.), Devant la cheminée (Tchardynine, id.), Tais-toi, tristesse, tais-toi (id., 1918), le Cadavre vivant (id., id.), la Femme qui inventa l'amour (Ženščina, hotoraja izovrela Ljubov ', Viatcheslav Viskovski, id.). Aussi talentueuse et adulée qu'une Duse ou une Sarah Bernhardt, elle fut vraiment, malgré sa trop brève carrière, la « reine de l'écran », qu'elle incarnait dans l'un de ses derniers films, la Route difficile vers la gloire (Tarnistyj Slavy put'), sous la direction de Viskovski.
KHOTINENKO (Vladimir) [Vladimir Hotinenko]
cinéaste russe (Slavgorod, 1952).
Né dans l'Altaï, il suit des études à l'école d'architecture de Sverdlovsk et est décorateur pour quelques films réalisés par Vorontsov et Lapchine. Assistant de Nikita Mikhalkov (notamment sur Cinq soirées en 1978) il tourne son premier long métrage Seul et désarmé (Odin i bez oružija) en 1984. Il met en scène ensuite plusieurs œuvres primées dans des Festivals de qualité qui lui confèrent une place enviée dans la génération de la « perestroika » : Coups de feu dans le calme de la forêt (V streljajušcej ˇgluši, 1986), Un miroir pour un héro (Zerkalo dlja geroja, 1987), Sleeping Car (SW.Spalny Wagon, 1989), le Cygne (Roj, 1990), Une comédie patriotique (Patriotičeskaja komedija, 1992), Makarov (id., 1993), le Musulman (Musul'manin, 1995), Boulevard de la passion (Strastnoj bulvar, 1999).
KHOURI (Walter Hugo)
cinéaste et producteur brésilien (São Paulo 1929).
Formé à l'époque de la Vera Cruz, il révèle assez vite un univers personnel. Son œuvre, maîtrisée — ce qui est alors assez rare — et dont il est l'auteur complet (parfois, il tient la caméra), constitue un objet de controverses, car les uns la jugent européanisée et formaliste, les autres la portent aux nues. Admirateur de Joseph von Sternberg et d'Ingmar Bergman, il ébauche une mythologie un peu métaphysique, tendant à faire de ses personnages des incarnations de concepts. L'érotisme, d'abord suggéré et sous-jacent, devient omniprésent avec le Jeu de la nuit, film de qualité, qui paraît à contre-courant du Cinema Novo, alors en plein essor. L'évolution ultérieure dénote une psychologie sommaire et la mise en scène d'angoisses existentielles tournant à vide. Faillite sans doute d'un « cinéma d'auteur » auquel on rattachait jadis volontiers Rubem Biafora (Ravina, 1958) et Flavio Tambellini (O Beijo, 1964).
Films :
O Gigante de Pedra (1953) ; Estranho encontro (1958) ; Fronteiras do inferno (1959) ; Na Garganta do Diabo (1960) ; A Ilha (1962) ; le Jeu de la nuit (Noite Vazia, 1964) ; O Corpo Ardente (1966) ; As Amorosas (1968) ; O Palácio dos Anjos (1970) ; O Último Extase (1973) ; O Prisioneiro do sexo (1978) ; O Convite ao prazer (1980) ; Amor Voraz (1984) ; Eu, Marcelo (1987) ; For Ever (1989) ; les Sauvages (As Feras, 1995), Paixão perdida (1998). Producteur de Pindorama (A. Jabor, 1970).
KHOUTSIEV (Marlen) [Marlen Martynovič Huciev]
cinéaste soviétique (Tbilissi, Géorgie, 1925).
Dès 1944, il débute au studio de Tbilissi comme assistant décorateur ; en 1952, il est diplômé de la faculté de mise en scène du VGIK de Moscou. Après avoir été l'assistant de Barnet sur Liana (1955), il réalise au studio d'Odessa (avec Feliks Mironer), le Printemps dans la rue Zaretchnaïa (Vesna na Zarečnoj Ulice, 1956), excellente comédie de mœurs sur les relations orageuses entre une institutrice de cours du soir et un ouvrier : amoureux maladroit, ce dernier, d'abord repoussé et humilié dans sa dignité de travailleur par le ton cassant de cette « intellectuelle », finira par convaincre la cruelle de la sincérité de ses sentiments. Puis Khoutsiev signe seul les Deux Fédor (Dva Fedora, 1959), où l'on voit un soldat démobilisé adopter un gamin orphelin qui porte le même prénom que lui : il y a une grande justesse de ton et une vraie tendresse dans cette comédie dramatique, où débute un acteur qui s'imposera rapidement par son naturel et sa puissance, Vassili Choukchine.