MILTON (Georges Michaud, dit Georges)
chanteur et acteur français (Puteaux 1888 - Juan-les-Pins 1970).
« Bouboule », c'est lui. Ce petit homme rond aux yeux pétillants connut avant guerre une énorme popularité, à l'égal d'un Fernandel ou d'un Bach, en chantant : J'ai ma combine, C'est pour mon papa et la Fille du Bédouin. Des cinéastes besogneux se bornèrent à enregistrer tels quels ses succès de la scène, et cela donna le Roi des resquilleurs (Pierre Colombier, 1930), le Comte Obligado (L. Mathot, 1935) et la série des « Bouboule » : la Bande à Bouboule (L. Mathot, 1931), Bouboule Ier roi nègre (id., 1933), le Prince Bouboule (Jacques Houssin, 1939). Plus curieusement, il fut Jérôme Perreau, « le héros des barricades », dans le film d'Abel Gance (1935), y déployant une truculence non frelatée. (On le vit encore, en 1964, dans des émissions de variétés de Jean-Christophe Averty, à la télévision.)
MIMICA (Vatroslav)
cinéaste yougoslave (Omiš 1923).
Il est avec Dušan Vukotić l'un des pionniers les plus prestigieux de la célèbre « école de Zagreb » qui apporta au cours des années 50 un sang neuf à l'animation mondiale. Il s'essaye d'abord dans le long métrage de fiction : ‘ Dans la tempête ’ (U oluji, 1952), ‘ le Jubilé de monsieur Ikle ’ (Jubilej gospodina Ikla, 1955) ; puis il signe quelques scénarios pour des œuvres d'animation de Dušan Vukotić, Nikola Kostelac, Ivo Vrbanić et réalise lui-même — avec l'aide d'Aleksandar Marks et Vladimir Jutriša puis plus tard de Zlatko Bourek — de nombreuses petites bandes à la fois tragiques et mélancoliques, attentives à la situation inconfortable de l'homme dans la société : ‘ l'Épouvantail ’ (Strašilo, 1957) ; ‘ Un homme seul ’ (Samac, 1958) ; Happy End (id.) ; ‘ Chez le photographe ’ (Kod fotografa, 1959) ; ‘ L'inspecteur rentre chez lui ’ (Inspektor se vraca Kući, id.) ; ‘ l'Œuf ’ (Jaje, id) ; ‘ Petite Chronique ’ (Mala Kronika, 1962) ; ‘ Typhus ’ (Tifusari, 1963). Plus metteur en scène que dessinateur, moins percutant, moins insolent que certains de ses confrères mais particulièrement doué pour la composition dramatique et l'arrière-plan intellectuel et philosophique, Mimica s'éloigne peu à peu de l'animation pour aborder avec des résultats inégaux la fiction, s'intéressant notamment à des sujets épiques et spectaculaires. Parmi ses longs métrages les plus remarqués, citons : ‘ Prométhée de l'île de Visevica ’ (Prometej sa otoka Viševice, 1964) ; ‘ Lundi ou Mardi ’ (Ponedeljak ili utorak, 1966) ; ‘ Kaya, je te tuerai ’ (Kaja ubit ću te, 1967) ; ‘ l'Événement ’ (Dogadaj, 1969) ; ‘ Anno Domini 1573 ’ (Seljačka buna 1573, 1975) ; ‘ la Vengeance du faucon ’ (Banović Strahinja, 1981).
MINGAND (Pierre Magnin, dit Pierre)
acteur français (Besançon 1900 - Agen 1982).
Il est, dans les années 30, un des partenaires favoris de Danielle Darrieux, avec laquelle il chante volontiers en duo et auprès de qui il joue les jeunes premiers fantaisistes (Mauvaise Graine, B. Wilder, 1934 ; Mademoiselle Mozart, Yvan Noé, 1935 ; Abus de confiance, H. Decoin, 1937 ; Retour à l'aube, id., 1938). Il tint aussi deux jolis rôles dans la Guerre des valses (L. Berger, 1933) et Remontons les Champs-Élysées (S. Guitry, 1938). Coup de tête (René Hénaff, 1944), où il a la vedette, ne lui apporte rien, il disparaît même des écrans sans espoir de retour.
MINGHELLA (Anthony)
cinéaste britannique (île de Wight 1954).
Anthony Minghella est un bon artisan qui renoue avec le romanesque du cinéma d'antan. Truly, Madly, Deeply (id., 1991) était une sympathique comédie qui bénéficia d'un bon accueil critique. Le Patient anglais (The English Patient, 1996) fut par contre un énorme succès public : classique, le film possédait une belle épaisseur feuilletonesque, notamment grâce à des acteurs inspirés et bien choisis. Mais on préférera peut-être le plus sobre le Talentueux Mr Ripley (The Talented Mr Ripley, 2000), bonne adaptation de Patricia Highsmith, trouble et, une fois de plus, bien jouée (il s'agit du même roman qui donna Plein soleil de René Clément).
MINGOZZI (Gianfranco)
cinéaste italien (Molinella 1932).
Diplômé du Centre expérimental de cinématographie en 1958, Mingozzi commence d'abord une carrière de documentariste qui lui vaut rapidement une grande notoriété (La vedova bianca [épisode du film-enquête « zavattinien » Les femmes accusent], 1961 ; La taranta, 1962 ; Con il cuoro fermo Sicilia, 1965 ; Michelangelo Antonioni, storia di un autore, 1966). En 1967, avec Trio, il réalise son premier long métrage. Il alterne ensuite documentaires, enquêtes pour la télévision et films de fiction. Dans une production abondante, on peut relever ses recherches sur l'Italie méridionale (Sud e magia, 1978 ; Sulla terra del rimorso, 1983), ses travaux sur la musique (C'è musica e musica, 1970-1972), série réalisée avec la collaboration du compositeur Luciano Berio ; Fantasia ma non troppo per violino, 1976), ses portraits de cinéastes ou d'acteurs (L'ultima diva : Francesca Bertini, 1982). Il tourne aussi pour la télévision un feuilleton romanesque inspiré de Graham Greene (le Train pour Istanbul [Il treno per Istanbul], 1979). Dans le champ du long métrage, il passe avec aisance des films contemporains : Sequestro di persona (1968), la Vie en jeu (La vita in gioco, 1976 [RÉ 1973]) aux films de reconstitution historique : Flavia la défroquée (Flavia la monaca musulmana, 1974). Mais c'est dans des films très personnels empruntant à la fois à l'archéologie du souvenir, à l'analyse politique et à l'évocation poétique qu'il a donné le meilleur de lui-même : les Trois Derniers Jours (Gli ultimi tre giorni, 1978) et l'Écran magique (La vela incantata, 1982) sont deux œuvres subtiles sur la saisie de l'Italie par le fascisme. Après avoir signé Bellissimo (1985, DOC), il adapte en 1986 le roman érotique de Guillaume Apollinaire, les Exploits d'un jeune Don Juan et en 1988 une très courte nouvelle de Tonino Guerra la Femme de mes amours (Il Frullo del passero). En 1990 il réalise Ma mère, mon amour (l'Appassionata) et travaille ensuite pour la télévision. En 2000, il réalise Tobia al caffè (2000), l'histoire des relations sur une période de dix ans entre un serveur et un riche client du café où celui-ci officie.