MANGA (Carlos)
cinéaste brésilien (Rio de Janeiro 1928).
Il débute par la mise en scène de numéros musicaux et de variétés, puis succède à Watson Macedo comme principal réalisateur de chanchadas produites par la Atlântida, à Rio de Janeiro. De Dupla do Barulho (1953) à Entre Mulheres e Espiões (1961), il y dirige souvent le très populaire Oscarito (seul ou avec son compère Grande Otelo) et devient l'un des maîtres de ce genre comique typiquement brésilien. Manga pousse la finesse jusqu'à pratiquer la parodie de films américains, dans Matar ou Correr (1954, d'après Le train sifflera trois fois) et dans Nem Sansão nem Dalila (d'après Cecil B. De Mille). Avec le déclin du genre, il passe à la télévision et ne revient au cinéma, de manière ponctuelle, que pour tourner un policier (O Marginal, 1974), pour réaliser un montage anthologique de ses vieux succès (Assim era a Atlantida, 1974) et pour diriger les nouveaux comiques à succès et Pelé ( Os Trapalhões e o Rei do Futebol, 1986).
MANGANO (Silvana)
actrice italienne (Rome 1930 - Madrid, Espagne, 1989).
Fille d'un Sicilien et d'une Anglaise, danseuse et modèle pour photographes, enfin « Miss Rome », elle débute obscurément au cinéma en 1946. En 1949, Riz amer de De Santis l'installe, d'un coup, au rang des grandes vedettes de Cinecittà. Elle épouse Dino De Laurentis, producteur de ce film social (où elle était surtout employée à apporter une note érotique qui s'avéra efficace). Curieusement, le prix de beauté devient à la fois excellente femme d'affaires et mère de famille, en même temps qu'une star bientôt distancée par Gina Lollobrigida et Sophia Loren en ce qui concerne la popularité, mais constamment maintenue au premier rang de la cinématographie italienne. Même pour des coproductions hollywoodiennes, elle ne quittera jamais la péninsule. Sa beauté placide jusque dans la perversité s'accommode mieux des rôles de composition que de simples mélodrames. Elle déploie bientôt de sûres qualités dramatiques dans Anna (A. Lattuada, 1953, RÉ : 1951), dans Ulysse (M. Camerini, 1954, où elle incarne tour à tour Circé et Pénélope), dans le Procès de Vérone (C. Lizzani, 1963), dans l'Argent de la vieille (L. Comencini, 1972) et surtout chez Visconti (Mort à Venise, 1971 ; Ludwig, 1972 ; Violence et Passion, 1974). Une sorte de majesté intemporelle, mystérieuse, bien éloignée du populisme de ses débuts mais qui n'exclut pas la sensualité, émane peu à peu de sa présence, par exemple dans l'Œdipe roi de Pasolini (1967). On aurait tort de l'y réduire car elle a montré une capacité de renouvellement allant jusqu'au comique et un métier à toute épreuve (cf. Théorème du même Pasolini en 1968) qui ne peuvent que faire regretter le sacrifice probable d'une carrière à la félicité domestique. Mais il subsiste d'elle une image hiératique et assez surprenante.
Autres films :
Elisir d'amore (Mario Costa, 1947) ; le Crime de Giovanni Episcopo (A. Lattuada, id.) ; Black Magic (G. Ratoff, 1949) ; le Loup de la Sila (Il lupo della Sila, D. Coletti, id.) ; Mambo (R. Rossen, 1954) ; la Tempête (Lattuada, 1958) ; Barrage contre le Pacifique (R. Clément, id.) ; la Grande Guerre (M. Monicelli, 1959) ; Cinq Femmes marquées (M. Ritt, 1960) ; le Jugement dernier (V. De Sica, 1961) ; Barabbas (R. Fleischer, 1962) ; La mia signora (Bolognini, Brass et Comencini, 1964) ; Io, io, io e gli altri (Blasetti, 1966) ; les Sorcières (Bolognini, Pasolini, F. Rossi, De Sica, Visconti, 1967) ; Capriccio all'italiana (Bolognini, Monicelli, Pasolini, Steno, Pino Zac, 1968) ; Médée (Pasolini, 1970) ; le Décaméron (id., 1971) ; les Yeux noirs (N. Mikhalkov, 1987).
MANIVELLE.
Premier tour de manivelle, début du tournage. (D'après le vocabulaire de l'époque où les caméras étaient entraînées à la manivelle.)
MANKIEWICZ (Herman J.)
scénariste américain (New York, N. Y., 1897 - Los Angeles, Ca., 1953).
Issu d'une famille d'émigrés berlinois, frère aîné de Joseph L. Mankiewicz, le « Voltaire de Central Park West » débute comme correspondant du Chicago Tribune en Allemagne. Revenu aux États-Unis comme publiciste d'Isadora Duncan, il tient la rubrique théâtrale du New York Times et du New Yorker. Devenu une des figures les plus brillantes de la scène new-yorkaise, accueilli à la « Round Table » de l'hôtel Algonquin, il est le premier des beaux esprits de Broadway à se laisser séduire par Hollywood. D'abord à la Paramount (dont il dirige le département des scénarios dès 1928), ensuite à la MGM, il signe les cartons de nombreux films muets, collabore avec Josef von Sternberg [The Dragnet (1928), Crépuscule de gloire (id.), Thunderbolt (1929)], adapte les pièces à succès de ses amis Edna Ferber et George S. Kaufman (The Royal Family of Broadway [1931] et les Invités de huit heures [1933] de George Cukor), produit quelques-uns des classiques du burlesque (Million Dollar Legs [E. Cline, 1932], avec W. C. Fields, Monnaie de singe [N. Z. McLeod, 1931], et Plumes de cheval [id., 1932], avec les Marx Brothers) et surtout contribue à l'américanisation de la comédie de mœurs, qu'il voulait frivole, cynique et irrévérencieuse (Laughter, H. d'Abbadie d'Arrast, 1930). Son principal titre de gloire reste, cependant, le sujet original de Citizen Kane (1941), dont il partagea la paternité avec Orson Welles, et auquel il apporta sa connaissance de première main des milieux de la presse (et notamment de W. R. Hearst).
MANKIEWICZ (Joseph L[eo])
cinéaste, scénariste et producteur américain (Wilkes-Barre, Pa., 1909 - Bedford, N. Y., 1993).
Frère cadet d'Herman Mankiewicz, il est d'abord journaliste et correspondant à Berlin du Chicago Tribune, puis rédacteur de sous-titres anglais pour les films muets de la UFA (1928). Son frère l'introduit à la Paramount comme scénariste et/ou dialoguiste : seul ou en collaboration, il y signera quelque quinze films, dont Million Dollars Legs (E. Cline, 1932), Si j'avais un million (Cruze, McLeod, Taurog et Lubitsch, id.), Alice au pays des merveilles (N. Z. McLeod, 1933) et Notre pain quotidien (K. Vidor, 1934). Il s'oriente vers la production, d'abord à la Paramount, puis à la Fox (1936), et débute dans la mise en scène comme remplaçant, à la dernière minute, de Lubitsch, malade, sur le plateau du Château du dragon (1946) (qu'il avait écrit). Il sera scénariste et (co)producteur de tous ses films.