ROMERO (Cesar)
acteur américain (New York, N. Y., 1907 - Santa Monica, Ca., 1994).
Entré dans le show-business comme danseur, il s'illustre à Broadway dans The Street Singer, Dinner at Eight, et à Hollywood dans l'Introuvable (W. S. Van Dyke, 1934). Il signe en 1935 un contrat de longue durée avec la Fox : il tournera une quarantaine de rôles de séducteurs latins, gigolos et gangsters gominés. Outre diverses comédies musicales avec Shirley Temple (Petite Princesse, W. Lang, 1939), Sonja Henie (Happy Landing, R. Del Ruth, 1938) et Betty Grable (l'Île au plaisir [Coney Island], W. Lang, 1943), il assure la vedette de la série Cisco Kid et fait, hors du studio, son apparition la plus marquante dans la Femme et le Pantin (J. von Sternberg, 1935). Devenu freelance en 1950, il s'adonne à des compositions semi-parodiques dans Vera Cruz (R. Aldrich, 1954), le Tour du monde en 80 jours (M. Anderson, 1956), la Taverne de l'Irlandais (J. Ford, 1963) et Skidoo (O. Preminger, 1968), tout en s'illustrant à la télévision dans la série Batman.
ROMERO (George A.)
cinéaste américain (New York, N. Y., 1940).
Cet amateur de bandes dessinées et de fantastique fait des études de peinture à Pittsburgh, où il s'intéresse au théâtre (acteur, metteur en scène), et tourne en amateur plusieurs courts métrages. Il crée une société de production — films publicitaires, reportages, qu'il réalise pour la TV. Il dispose grâce à la production publicitaire et aux documentaires d'une équipe et d'une infrastructure (Laurel Group, 1972), qui lui assurent de poursuivre en indépendant une carrière ouverte en 1968 avec le succès de la Nuit des morts vivants (Night of the Living Dead), qui est l'adaptation d'une de ses nouvelles. Les amateurs en ont fait un classique du genre, mais les films qui ont suivi n'ont guère confirmé cette originalité : There's Always Vanilla (1972) ; Jack's Wife (1973 — nouveau titre : Hungry Wives) ; la Nuit des fous vivants (The Crazies, id. — Code Name Trixie ou Cosmos 859 sont des titres abandonnés) ; Martin (id., 1977) ; Zombie ou Dawn of the Dead (1978) ; Knightriders (1981) ; Creepshow (1983) ; le Jour des morts vivants (Day of the Dead, 1986) ; Incidents de parcours (Monkey Shines, 1988) ; la Part des ténèbres (The Dark Half, 1991).
ROMERO (Manuel)
cinéaste et compositeur argentin (Buenos Aires 1891 - id. 1954).
Il s'initie aux secrets des studios à Joinville, à l'aube du parlant, après avoir accumulé déjà une expérience considérable sur les planches de Buenos Aires, comme auteur et metteur en scène, notamment dans les revues musicales et les variétés. Romero, parolier de nombreux tangos, apporte au cinéma argentin en pleine expansion une verve populiste et la désinvolture en guise de métier, qualités fort prisées alors par l'industrie. Réalisateur clé de la compagnie Lumiton à partir de Noches de Buenos Aires (1935), sa filmographie prolifique (une cinquantaine de titres) comprend des œuvres à succès, comme Los muchachos de antes no usaban gomina (1937), Fuera de la ley (id.), Tres anclados en Paris (1938), La rubia del camino (id.), Mujeres que trabajan (id.), La vida es un tango (1939), dont les titres ont valeur de programmes, puisque les films étaient souvent inspirés par les chansons de Romero. Suivent Divorcio en Montevideo (id.), Casamiento en Buenos Aires (1940), Carnaval de antãno (id.), Luna de miel en Rio (id.), Porteña de corazón (1948), Mujeres que bailan (1949), presque tous avec la vedette radiophonique Niní Marshall. Romero réussit à imprimer un certain rythme à ses comédies populaires, bâclées parfois en trois semaines, pour des producteurs boulimiques qui lui font tourner cinq films par an. Cette même désinvolture le condamne à la répétition de formules dépréciées (La historia del tango, 1949 ; El tango vuelve a Paris, id.) lorsque l'industrie « porteña » s'achemine vers davantage de sophistication et de mimétisme vis-à-vis des modèles hollywoodiens ou européens, lorsque la bourgeoisie succède à la bohème.
ROMM (Mikhaïl) [Mihajl Il'ič Romm]
cinéaste soviétique (Irkoutsk 1901 - Moscou 1971).
Diplômé de la faculté de sculpture de l'Institut supérieur d'art et de technique (1925), il exerce des activités théâtrales et littéraires (paraît sur scène, traduit des classiques français, écrit des scénarios dont certains seront portés à l'écran). Assistant du réalisateur Alexandre Matcheret (1931), il se voit donner la chance de tourner son premier film et choisit d'adapter Maupassant, qui lui est familier : c'est Boule-de-Suif (tourné en muet en 1934) qui lui assure aussitôt la célébrité à la fois par ses qualités artistiques (habile utilisation des capacités dramatiques des gros plans de visages et des espaces clos, mise en œuvre des lumières dans une perspective « expressionniste ») et par les vertus corrosives de la satire de l'hypocrisie bourgeoise. Dans les Treize (1937), commande suscitée par la Patrouille perdue de Ford, il narre un affrontement de gardes-frontières et de pillards contre-révolutionnaires dans le désert du Kara-Koum : cette œuvre sobre et dense confirme, paradoxalement, sa vocation de cinéaste intimiste. C'est encore dans ce sens qu'il réalise Lénine en octobre (1937) et Lénine en 18 (1939) : il y évite les pièges de l'hagiographie monumentale en centrant l'action sur la personne du tribun (excellemment interprété par Boris Chtchoukine) d'abord traqué puis triomphant ; ‘ le Rêve ’ (1941), œuvre étrange et captivante jouant sur la géométrie des décors artificiels et la dynamique des éclairages, brosse le portrait d'une jeune paysanne entraînée dans les luttes politiques en Ukraine occidentale, alors polonaise, entre 1933 et 1939.
Après Matricule 217 (1945), consacré à la tragédie des déportés russes dans l'Allemagne nazie, viennent des films de circonstance marqués par l'esprit de la guerre froide (‘ la Question russe ’, 1948 ; ‘ Mission secrète ’, 1950) et par l'idéologie du « héros positif » (‘ Amiral Ouchakov ’, 1953 ; ‘ Les navires attaquent les bastions ’, id.) et un curieux essai politico-policier, ‘ Meurtre dans la rue Dante ’ (1956), situé dans le Paris de la « drôle de guerre » et de l'Occupation. Parallèlement, il monte des spectacles de théâtre à Tachkent puis à Moscou, enseigne la réalisation au VGIK (où il a pour élèves Tchoukhraï, Danelia, Tarkovski et Choukchine) et participe de manière lucide et courageuse aux débats idéologiques suscités par le « dégel » poststalinien.