SELIG (William N.)
cinéaste et producteur américain (Chicago 1864 - Los Angeles, Ca., 1948).
Ancien prestidigitateur, pionnier du cinéma, il tourne dès 1896 The Tramp and the Dog, avec une caméra de sa fabrication. Il crée la Selig Polyscope Company et, le premier, monte un studio à Hollywood. En 1909, il met en scène Hunting Big Game in Africa, film d'« actualité », reconstituant en studio la célèbre expédition de chasse de Théodore Roosevelt, avec un vieux lion, un acteur jouant le rôle du président et des Noirs américains comme Africains. Parce qu'il fait tuer un lion par le président dans son film — anticipant ainsi de quelques jours l'événement réel —, il devient immédiatement célèbre. Après cette réussite, il achète tout un zoo et tourne une série de films de « jungle » : Zulu Land (1911), Lost in the Jungle (id.), Kings of the Forest (1912). En 1914, il remporte un grand succès commercial avec The Spoilers. Il produit également, la même année, le premier serial américain : The Adventures of Kathlyn. Pionnier dans tous les domaines, il finance plusieurs expéditions à l'étranger pour obtenir des documents filmés authentiques, il est un des premiers à réaliser des longs métrages, découvre Tom Mix, adapte des œuvres célèbres ; citons : le Comte de Monte-Cristo (The Count of Monte Cristo, 1908), Dr Jekyll et Mr. Hyde (Dr. Jekyll and Mr. Hyde, id.), le Magicien d'Oz (Wizard of Oz, 1910). Auteur très prolifique, il a aussi réalisé Sweet Lady Peggy (1916), A Hoosier Romance (1918), The Mask (1921). Il se retire en 1922, quatre ans après la fermeture de sa maison de production.
SELLERS (Richard Henry Sellers, dit Peter)
acteur et cinéaste britannique (Southsea 1925 - Londres 1980).
Issu d'une famille de comédiens, meneur de revue au Windmill de Piccadilly, animateur d'une émission radiophonique à succès, The Goon Show, il joue son premier rôle au cinéma dans Penny Points to Paradise (Tony Young, 1951), mais il s'impose vraiment aux côtés d'Alec Guinness dans son personnage de gangster de Tueurs de dames (A. Mackendrick, 1955). Sa performance dans Après moi le déluge (I'm All Right Jack, J. Boulting, 1959) lui vaut le prix du meilleur acteur britannique. Vedette comique dans la Souris qui rugissait (J. Arnold, 1959), le Paradis des monte-en-l'air (Two-Way Stretch, Robert Day, 1960), et les Dessous de la millionnaire (A. Asquith, id.), il se dirige lui-même dans une nouvelle adaptation de Topaze (Mr. Topaze/I Like Money, 1961) puis il produit et interprète le célèbre court métrage de Richard Lester, The Running, Jumping and Standing Still Film (1960). Il enrichit son registre pour interpréter l'écrivain de télévision de Lolita (S. Kubrick, 1962) avant d'incarner avec brio trois personnages de Docteur Folamour (id., 1964) : le président des États-Unis, un major britannique et un conseiller militaire ex-nazi. Psychanalyste obsédé dans Quoi de neuf, Pussycat ? (C. Donner, 1965), invité maladroit dans la Party (B. Edwards, 1968), Peter Sellers reste surtout populaire pour son inoubliable personnage d'inspecteur Clouseau dans la série des Panthères roses : la Panthère rose (B. Edwards, 1964), le Retour de la Panthère rose (id., 1975), Quand la Panthère rose s'emmêle (id., 1976), la Malédiction de la Panthère rose (id., 1978). Il venait de triompher dans le rôle du jardinier simple d'esprit de Bienvenue Mister Chance (H. Ashby, 1979) lorsqu'il mourut d'une crise cardiaque, peu après les dernières prises de vues du Complot diabolique du Dr Fu Manchu (The Fiendish Plot of Dr. Fu Manchu, Piers Haggard, 1980), dans lequel il interprète les deux personnages principaux. A été fait Commandeur de l'Ordre de l'Empire britannique en 1966.
SELZNICK (David O[liver].)
producteur et scénariste américain (Pittsburgh, Pa., 1902 - Los Angeles, Ca., 1965).
David O. Selznick travaille au service de son père, le producteur Lewis J. Selznick, un des principaux rivaux de Louis B. Mayer et Adolph Zukor. Après la banqueroute de son père, il produit son premier long métrage : Roulette (S. E. V. Taylor, 1924), mais est contraint, par divers échecs, à entrer à la MGM comme simple lecteur. En 1929, il rejoint la Paramount, où il produit notamment Chinatown Nights (W. A. Wellman, 1929), The Man I Love (id.), The Four Feathers (M. C. Cooper, E. B. Schoedsack, L. Mendes, id.) et Street of Chance (J. Cromwell, 1930). En 1931, il devient vice-président à la RKO où il supervise une quinzaine de films — The Lost Squadron (George Archainbaud, 1932), What Price Hollywood ? (G. Cukor, id., qui servira de base à Une étoile est née), Bird of Paradise (K. Vidor, id.), The Conquerors (Wellman, id.), Christopher Strong (D. Arzner, 1933), etc., révélant un talent exceptionnellement fertile. Louis B. Mayer (dont il avait épousé la fille, Irene) le rappelle à la MGM pour lui offrir la succession d'Irving Thalberg. Il y reste trois ans, durant lesquels s'affirment pleinement ses dons de producteur et de gestionnaire, ses goûts esthétiques, son énergie inlassable et ses qualités de scénariste. Il produit ainsi en deux ans une dizaine de « véhicules » prestigieux, d'une facture impeccable, parmi lesquels : les Invités de huit heures (Cukor, id.), Drame à Manhattan (W. S. Van Dyke, 1934), David Copperfield (Cukor, 1935) et Anna Karenine (C. Brown, id.). Il reconquiert ensuite son indépendance en fondant sa propre compagnie, la Selznick International ; l'inaugurant avec le Petit Lord Fauntleroy (Cromwell, 1936), il connaît plusieurs succès artistiques et commerciaux — Une étoile est née (Wellman, 1937), la Joyeuse Suicidée (id., id.), le Prisonnier de Zenda (Cromwell, id.), la Rançon du bonheur (G. Ratoff, 1939) — avant de produire le film le plus populaire de l'histoire hollywoodienne : Autant en emporte le vent (V. Fleming, CO S. Wood et Cukor [non crédités], id.). Le monumentalisme et le romantisme exaltés de cette superproduction marqueront toute la carrière de Selznick et nourriront, à des titres divers, des sagas familiales comme Depuis ton départ (Cromwell, 1944) et Duel au soleil (Vidor, 1947).
Éminent découvreur de talents, Selznick fait venir aux États-Unis Hitchcock (Rebecca, 1940), Vivien Leigh, Ingrid Bergman, Alida Valli (le Procès Paradine, Hitchcock, 1948) et bâtit sur la personnalité versatile et intense de sa deuxième épouse, Jennifer Jones, trois productions ambitieuses : Depuis ton départ, Duel au soleil et le Portrait de Jenny (W. Dieterle, 1949), ainsi que trois coproductions aux tournages mouvementés : la Renarde (Powell et E. Pressburger, 1952, partiellement retourné et remonté par Mamoulian), Station Terminus (V. De Sica, 1954) et l'Adieu aux armes (Ch. Vidor, 1957). Incapable de concilier sa vision impérialiste avec les réalités commerciales d'Hollywood, Selznick se retire dans les années 60.