YOSHIMURA (Kozaburo ou Kimisaburo)
cinéaste japonais (Hiroshima 1911 - Yokohama 2000).
Après ses études, il entre aux studios Shochiku en 1929, comme assistant de Yasujiro Shimazu. Il tourne un court métrage, ‘ À la dérobée ’ (Nukiashi sashiashi), en 1934, qui ne plaît pas au directeur de la compagnie, Shiro Kido, lequel le renvoie alors à l'assistanat (Shimazu, Gosho, Toyoda, Naruse) jusqu'en 1939. Il tourne enfin son premier film, ‘ Ce sont les femmes qui gardent la maison ’ (Onna koso iye o mamoru), suivi de ‘ Courant chaud ’ (Danryu), chronique d'un hôpital et des conflits qui s'y déroulent. Après quelques films de « devoir national obligatoire » comme ‘ Histoire du commandant de chars Nishizumi ’ (Nishizumi senshachoden, 1940), il part pour l'armée, et est fait prisonnier en Thaïlande. Rentré au Japon en 1946, il retourne aux studios Shochiku d'Ofuna, et réalise des films de tendance sociale : ‘ le Bal chez les Anjo ’ (Anjo-ke no butokai, 1947) décrit par exemple la décadence de la noblesse après-guerre. En 1950, il décide de quitter la Shochiku pour fonder la Société du cinéma moderne (Kindai kyokai eiga) avec Kaneto Shindo et Nobuko Otowa. Il signe alors plusieurs de ses meilleurs films : ‘ les Habits de l'illusion ’, ou ‘ Sous des parures de soie ’ (Itsuwareu seiso, 1951), sorte de remake-hommage aux Sœurs de Gion de Mizoguchi, puis les Contes de Genji (Genji monogatari, 1952, prix de la photographie au festival de Cannes 1952), mais aussi des films plus engagés comme ‘ Violence ’ (Bôryoku, 1952), ou Cap Ashizuri (Ashizuri misaki, 1954), chronique de la répression des étudiants avant la guerre. Il tourne aussi de nombreux films à spectacle pour la Daiei, comme la Belle et le Dragon (Bijo to kairyu, 1955), et une série de films socio-psychologiques avec Fujiko Yamamoto ou Machiko Kyo : ‘ Fleuve de la nuit ’ (Yoru no kawa, 1956), ‘ Papillons de nuit ’ (Yoru no cho, 1957), ou encore ‘ Histoire d'Osaka ’ (Osaka monogatari, id.), dernier projet de Mizoguchi avant sa mort. Sa carrière décline dans les années 60 avec de médiocres adaptations littéraires : ‘ les Belles endormies ’ (Nemureru bijo, 1968) d'après Kawabata ; mais il signe encore un film politique en 1974, Ranru no hata, c'est-à-dire Drapeaux en lambeaux, sorti en France sous le titre Debout les damnés de la terre ! Il paraît avoir cessé toute activité cinématographique depuis cette dernière œuvre.
YOUGOSLAVIE.
Né au lendemain de la Première Guerre mondiale, le royaume des Serbes, des Croates et des Slovènes, qui prend le nom de Yougoslavie en 1929, ne sut guère encourager le développement d'une cinématographie nationale. Pourtant, le cinéma fit son apparition dans le pays dès 1896 et, comme partout, c'est un public fasciné et dérouté qui assista, le 7 juin de cette année-là, à Belgrade, au café la Croix d'or, à la première représentation publique du Cinématographe Lumière. Peu nombreux furent en fait les pionniers authentiquement nationaux. Outre le Serbe Stanislav Novorita, qui était parti comme correspondant en Chine en 1900, on se souviendra d'un photographe de Bitola (Monastir), Milton Manakia, qui acquit à partir de 1905 une solide réputation dans son pays, et même au-delà de ses frontières, par la qualité de ses courts documentaires.
En 1910, un premier film de long métrage est tourné, conjointement dirigé par un groupe d'acteurs appartenant à des compagnies théâtrales de Belgrade et par le fraņcais Jules Barry, de la firme Pathé : Karadjordje est l'histoire du héros serbe qui se rendit célèbre lors de la première insurrection contre les Turcs et fonda la dynastie des Karadjordjević. Au cours des conflits des Balkans, puis durant la Première Guerre mondiale, des opérateurs comme Josip Halla et Slavko Jovanović rapportèrent de nombreux documents d'un grand intérêt. Après la guerre, on peut noter diverses tentatives pour établir un embryon de production organisée, avec des sociétés comme l'éphémère Croatia Film, qui réalisa en 1919 un autre long métrage, Matija Gubec. Après sa faillite, elle est remplacée par la Jugoslavija D. D. Mais il n'y a pas de structures de production organisées. À côté des nombreux films d'importation (180 américains, 70 allemands, 49 fraņcais en 1938), le public découvre quelques cinéastes nationaux : Tito Strozzi avec ‘ le Château solitaire ’ (Dvorovi u samoći, 1925) ; Kosta Novaković avec ‘ le Roi du charleston ’ (Kralj Čarlstona, 1926) ; ‘ la Pécheresse sans péchés ’ (Grešnicu bez greka, 1927) ; Metod Badjura avec ‘ les Pentes du Triglav ’ (Triglavske strmine, 1930). L'arrivée du parlant ne modifie guère une cinématographie qui ne donnera jusqu'à 1942 que quatre longs métrages, dont la vaste fresque de Mihailo Popović, ‘ Avec la foi en Dieu ’ (S verom u boga, 1934), sur les souffrances du peuple serbe pendant la Première Guerre mondiale.
La naissance d'une industrie cinématographique yougoslave.
La période de la Seconde Guerre mondiale marque un tournant. En effet, un groupe de résistants commence, dès 1942, à filmer avec un matériel pris sur l'ennemi, des scènes de combat et des images clandestines de Ljubljana occupée. La création, le 13 décembre 1944, d'une section du film par le haut état-major de l'Armée de libération nationale marque la véritable naissance d'une industrie cinématographique yougoslave. Enfin, la formation de correspondants de guerre est assurée à Belgrade par Radoš Novaković, Nikola Popović et V. Lukić. Ainsi, c'est avec près de cinquante ans de retard sur les pionniers que le film, en tant qu'industrie et en tant qu'art, se développera dans le pays.
En janvier 1945, un premier montage d'images de guerre est proposé au public de Belgrade : Ciné-Chronique no 1 (Kino hronika broj 1). En février 1945 est fondée l'Entreprise cinématographique nationale qui, en juin, coiffera l'ensemble des républiques, en devenant l'Entreprise cinématographique de la République fédérale de Yougoslavie. Au lendemain de sa nationalisation et de la signature du traité de paix, le cinéma yougoslave est pauvre en moyens financiers et en techniciens expérimentés. Petit à petit la production s'organise avec la création de sociétés comme Jadran Film (Zagreb), Triglav Film (Ljubljana), Avala Film et Zvezda Film (Belgrade) ; Nastavni Film (Zagreb) et Vardar Film (Skopje), en 1946 ; Bosna Film (Sarajevo), en 1947 ; Lovćen Film (Cetinje) et le Centre militaire du film de Zastava Film, en mars 1948. Chaque république entend préserver l'autonomie de sa production. Des studios seront créés dans les capitales et, en 1947, on entreprend, près de Belgrade, la construction des studios de Filmski grad. La même année, la capitale de la Fédération ouvre une école de cinéma.