Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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GUERRA (Antonio, dit Tonino) (suite)

Il écrit différents romans, récits et poèmes en dialecte. En collaboration avec Elio Petri et Giuseppe De Santis, il signe en 1957 son premier sujet : Hommes et Loups (G. De Santis). Dès l'Avventura (1960), il collabore régulièrement avec Antonioni, et il est bien difficile de distinguer quels sont les apports de l'écrivain au cinéaste, tant sont proches leurs visions du monde — d'un monde aliéné et aux sentiments raréfiés (la Nuit, 1961 ; l'Éclipse, 1962 ; le Désert rouge, 1964 ; Blow-Up, 1967 ; Zabriskie Point, 1970 ; Identification d'une femme, 1982). Depuis la Belle et le Cavalier (1967), il collabore étroitement avec Francesco Rosi, dont les analyses politiques lucides, et les dialogues percutants doivent beaucoup aux recherches stylistiques de l'écrivain (les Hommes contre, 1970 ; l'Affaire Mattei, 1972 ; Lucky Luciano, 1973 ; Cadavres exquis, 1976 ; Eboli, 1979 ; Trois Frères, 1981 ; Chronique d'une mort annoncée, 1987). Sa « griffe » émerge dans beaucoup d'autres films dirigés par des cinéastes comme G. Puccini (Il carro armato dell '8 septembre, 1960), Elio Petri (L'assassino, 1961 ; les Jours comptés, 1962 ; Un coin tranquille à la campagne, 1968), Damiano Damiani (l'Ennui, 1963), Mario Monicelli (Casanova 70, 1965 ; Caro Michele, 1976), Vittorio De Sica (Mariage à l'italienne, 1964 ; le Temps des amants, 1968 ; les Fleurs du soleil, 1970), Franco Indovina (Lo scatenato, 1967 ; Giochi particolari, 1970 ; Tre nel mille, 1971), Vittorio de Seta (l'Invitée, 1970), Franco Giraldi (Supertémoin, 1971 ; Les ordres sont les ordres, 1972), Alberto Lattuada (Une bonne planque, 1972), Jacques Deray (Un papillon sur l'épaule, 1978), les frères Taviani (la Nuit de San Lorenzo, 1981 ; Kaos, 1984 ; Good Morning Babilonia, 1987 ; le Soleil même la nuit, 1990), Giuseppe Tornatore (Ils vont tous bien [Tutti stanno bene], 1990 et surtout Fellini (Amarcord, 1973 ; Et vogue le navire, 1983 ; Ginger et Fred, 1985), Andreï Tarkovski (Nostalghia, 1983), Theo Angelopoulos (le Voyage à Cythère, 1984 ; l'Apiculteur, 1986 ; Paysage dans le brouillard, 1988 ; le Pas suspendu de la cigogne, 1991) et Gianfranco Mingozzi ( la Femme de mes amours, id.). Dans son scénario pour Amarcord, il évoque les souvenirs de sa Romagne, qui est également la terre natale de Fellini, et crée une exceptionnelle analyse des mythes populaires de toute une nation pendant le fascisme. Il travaille enfin avec Michelangelo Antonioni pour Au-delà les nuages (1995), avec Francesco Rosi pour la Trève (1996) et avec Enrico Coletti pour Bibo per sempre (2000).

GUEST (Valmont dit Val)

cinéaste britannique (Londres 1911).

Journaliste de cinéma, scénariste, au milieu des années 30, dans son pays et, brièvement, à Hollywood, de comédies un peu oubliées, il tourne, de 1943 à 1955, comédies, films musicaux et policiers. Après 1955, il se distingue, par sa sobriété, dans la science-fiction, avec le Monstre (The Quatermass Experiment, 1955), dont Terre contre satellite (Quatermass Two, 1957) est un digne prolongement ; dans le genre noir, par la tension, avec Un homme pour le bagne (Hell is a City, 1960) ; dans le film préhistorique, par l'humour, avec Quand les dinosaures dominaient le monde (When Dinosaurs Ruled the World, 1969) ; dans l'aventure, par son classicisme, dans les Mercenaires (Killer Force / The Diamond Mercenaries, 1975).

GUFFEY (Burnett)

chef opérateur américain (Del Rio, Tenn., 1905 - Golita, Ca., 1983).

Assistant cameraman depuis 1923, il collabore à la photographie du Cheval de fer (J. Ford, 1924). Mais ce n'est que dans les années 40 qu'il abandonne l'assistanat et passe à la direction de la photo proprement dite. Curieusement, il n'a jamais atteint dans cette capacité la notoriété de certains, mais son talent est grand, en noir et blanc (Tant qu'il y aura des hommes, de F. Zinnemann, qui lui vaut un Oscar en 1953) mais aussi en couleurs (Bonnie and Clyde, A. Penn, 1967 : nouvel Oscar).

GUIGUET (Jean-Claude)

cinéaste français (La Tour du Pin 1943).

Critique de cinéma dans plusieurs revues, il est l'assistant de Paul Vecchiali pour Femmes, femmes (1974). En 1978, il écrit et réalise les Belles Manières, où s'exprime une réelle sensibilité d'auteur, proche parfois de la grâce viscontienne. Il signe en 1982 un épisode de l'Archipel des amours, avant de réaliser, en 1986, Faubourg Saint-Martin, tragédie réaliste et poétique qui reçoit le prix Georges-Sadoul, et, en 1992, le Mirage, sensible adaptation du roman de Thomas Mann la Mystifiée. Les personnages féminins jouent toujours un rôle fondamental dans les films de Guiguet : Hélène Surgère dans les Belles Manières, Patachou et Françoise Fabian dans Faubourg Saint-Martin, Louise Marleau dans le Mirage. Mûres, marquées par la vie, ces femmes semblent avoir acquis à travers les épreuves de la vie une générosité sereine qui donne un autre sens au drame. En 1997 il tourne Une nuit américaine (CM).

GUILLERMIN (John)

cinéaste britannique (Londres 1925).

Il est l'homme à tout faire du cinéma d'outre-Manche. Il a abordé les genres les plus divers avant la consécration hollywoodienne que lui valurent les réussites commerciales de la Tour infernale ( films-catastrophe) et du remake de King Kong.

Films :

Traqué par Scotland Yard (Town on Trial, 1956) ; la Plus Grande Aventure de Tarzan (Tarzan's Greatest Adventure, 1959) ; le Jour où l'on dévalisa la banque d'Angleterre (The Day They Robbed the Bank of England, 1960) ; les Femmes du général (The Waltz of the Toreadors, 1961) ; Tarzan aux Indes (Tarzan Goes to India, 1962) ; les Canons de Batasi (Guns at Batasi, 1964) ; la Fleur de l'âge (Rapture, 1965) ; le Crépuscule des aigles (The Blue Max, 1966) ; Syndicat du meurtre (P. J., 1968) ; le Pont de Remagen (The Bridge at Remagen, 1969) ; Alerte à la bombe (Skyjacked, 1972) ; la Tour infernale (The Towering Inferno, 1974) ; King Kong (1976) ; Mort sur le Nil (Death on the Nile, 1978) ; King Kong II (King Kong Lives !, 1986) ; Dead or Alive (1988).

GUINGAND (Octave Pierre Deguingand, dit Pierre de)

acteur français (Paris 1885 - Versailles 1964).

Il est avant tout Aramis dans les deux versions, muette et parlante, des Trois Mousquetaires (H. Diamant-Berger, 1921 et 1932) et dans Vingt Ans après (id., 1922). Élégant, distingué, un peu précieux, on le retrouve dans des cinéromans comme le Vert-Galant (René Leprince, 1924) ou Fanfan la Tulipe (id., 1925). Il montre de l'émotion dans l'Équipage (M. Tourneur, 1928), mais ses rôles s'amenuisent vite (le Bal, W. Thiele, 1931 ; le Grand Jeu, J. Feyder, 1934). Dans sa dernière apparition (Remontons les Champs-Élysées, S. Guitry, 1938), il évolue encore en costume Louis XIII.