GAZZARA (Biagio, dit Ben)
acteur américain d'origine italienne (New York, N. Y., 1930).
Élève d'Erwin Piscator et de l'Actors Studio, débutant à l'écran dans Demain ce seront des hommes (J. Garfein, 1957), Ben Gazzara est un remarquable comédien, sobre et introspectif, qui, en d'autres temps, aurait pu devenir une manière d'Humphrey Bogart. Très typiques sont ses créations dans Husbands (J. Cassavetes, 1970), le Bal des vauriens (id., 1976) Opening Night (id., 1978) ou Jack le Magnifique (P. Bogdanovich, 1979). Plus opaque et troublante était son interprétation du militaire criminel dans Autopsie d'un meurtre (O. Preminger, 1959). Il tourne occasionnellement avec des cinéastes italiens comme Monicelli (Larmes de joie, 1960), Ferreri (Conte de la folie ordinaire, 1981), Festa Campanile (la Fille de Trieste, 1983), Antonio Bevilacqua (La donna delle meravigile, 1985), Giuseppe Tornatore (Il camorista, 1986), brésiliens comme W.H. Khoury (Forever, 1989) ou tunisiens comme Ridha Behi (Les hirondelles ne meurent pas à Jérusalem, 1994). En 1990 il passe à la mise en scène avec Beyond the Ocean. On le retrouve aux États-Unis dans la Prisonnière espagnole (D. Mamet, 1997), dans Happiness (Todd Solondz, 1998), dans Summer of Sam (S. Lee, 1999) et Thomas Crown (id., J. McTiernan, id.). Il est par ailleurs très actif en Italie, à la télévision et il est marié à l'actrice Janice Rule.
GEBÜHR (Otto)
acteur allemand (Kettwig 1877 - Wiesbaden 1954).
Acteur de théâtre, puis de cinéma depuis 1920, il triomphe dans la fresque de Arzen von Cserepy, Fridericus rex (1922), et sa ressemblance avec le roi de Prusse le condamne à incarner une douzaine de fois son illustre modèle : films de Lamprecht (Der alte Fritz, 1928), de Carl Froelich (Der Choral von Leuthen, 1933), de Johannes Meyer (Fridericus, 1936), etc., jusqu'au film de Veit Harlan, le Grand Roi (1942). Il a eu cependant d'autres emplois, notamment dans le fantastique : Die Perücke, de Berthold Viertel (1925). Après la guerre, il travaille sans interruption pour le cinéma mais n'obtient que des rôles secondaires.
GEGAUFF (Paul)
scénariste, romancier et acteur français (Blötzheim 1922 - Gjøvik, Norvège, 1983).
Il écrit dès 1950 un court métrage pour Éric Rohmer : Journal d'un scélérat. On lui doit aussi plusieurs romans, mais le meilleur de son œuvre est dans sa longue collaboration aux scénarios et aux dialogues des films de Claude Chabrol : les Cousins et À double tour (1959) ; les Bonnes Femmes et les Godelureaux (1960) ; Ophélia (1963) ; l'Homme qui vendit la tour Eiffel (sketch des Plus Belles Escroqueries du monde, 1964) ; le Scandale (1967) ; les Biches (1968) ; Que la bête meure (1969) ; la Décade prodigieuse (1971) ; Docteur Popaul (1972) ; Une partie de plaisir (1975), qu'il interprète également avec sa femme Danièle ; les Magiciens (1976). L'apport de Gégauff à l'univers de Chabrol réside probablement dans une vision assez cynique des rapports humains et une fascination pour les jeux de masques et les identités ambiguës. Il collabore aussi aux scénarios ou aux dialogues de Plein Soleil (R. Clément, 1960), le Signe du lion (É. Rohmer, id.), le Gros Coup (J. Valère, 1964), la Femme écarlate (id., 1968), More (B. Schrœder, 1969), les Novices (G. Casaril, 1970), la Vallée (B. Schrœder, 1972), la Rivale (S. Gobbi, 1974). Il joue encore dans quelques films et a réalisé en 1962 le Reflux ou l'Enfer au Paradis, qui n'a pas été distribué en salles.
GEHR (Ernie)
cinéaste expérimental américain (1943).
Arrivé à New York en 1966, il voit par hasard un film de Brakhage qui décide de sa vocation. En utilisant les simples possibilités de la caméra (zoom, changements de vitesse ou d'ouverture du diaphragme, refilmage, etc.), il transfigure dans ses films une réalité banale en œuvre plastique, toujours entre l'insolite et l'abstrait : deux personnages lisant dans une pièce ou marchant dans la rue deviennent un Vermeer sombre et clignotant (Wait, 1968) ou les survivants d'une explosion atomique (Reverberation, 1969). Un couloir désert d'université se change en un Vasarely frénétique (Serene Velocity, 1970). Des voitures filmées en contrebas d'une route ne sont plus que giclées de couleurs filantes (Transparency, 1969). La durée et la surimpression jouent aussi un rôle dans son film le plus important, Still (1969-1971). Parmi ses autres films : History (1970) ; Field (id.) ; Eureka (1974-1979) ; Table (1976-1981) ; Mirage (1981) ; Untitle (id.).
GEISSENDÖRFER (Hans Wilhelm)
cinéaste allemand (Augsbourg 1941).
Après des études très diverses (dont théâtrales), il réalise en 1966-1968 sept courts métrages et commence à travailler pour la télévision. Son premier long métrage au cinéma, production indépendante, est une œuvre foisonnante, très originale, renouvelant totalement l'argument vampirique : Jonathan, le dernier combat contre les vampires (Jonathan, 1969). Ses films suivants sont fortement structurés, d'une grande sobriété, mais moins personnels et peut-être trop influencés par son travail régulier à la télévision : la Ferme de Sternstein (Der Sternsteinhof, 1975) ; le Canard sauvage (Die Wildente, 1976, D'AP Ibsen), la Cellule de verre (Die gläserne Zelle, 1977, D'AP Patricia Highsmith). Il peut tourner avec un budget important la Montagne magique (Der Zauberberg), d'après Thomas Mann (1981), puis le Journal d'Édith (Édiths Tagebuch, 1983). Il devient un spécialiste des séries télévisées, adaptant des classiques de la littérature allemande, et fait retour au cinéma avec Bumerang-Bumerang (1989), Gudrun (1991) et Justiz (1993).
GELABERT (Fructuós)
cinéaste catalan (Barcelone 1874 - id. 1955).
Ébéniste d'origine, il tourne la première bande de fiction en Espagne (Riña en un café, 1897). Il enregistre des scènes de la vie quotidienne à la manière des frères Lumière (Salida de los trabajadores de la España industrial et Salida del público de la iglesia parroquial de Sans, 1897), puis met en scène des sketches comiques (Los guapos de la Vaquería del Parque, 1905 ; Guardia burlado, Los competidores et Los calzoncillos de Toni, 1908). Gelabert s'inspire du répertoire dramatique pour des œuvres plus ambitieuses : Terra Baixa (1907) et Maria Rosa (1908), d'après Ángel Guimerà ; La Dolores (id.), d'après José Feliú y Codina. La reconstitution historique de Guzmán el Bueno (1909) est contemporaine du film d'art français. Il essaye d'acclimater la mode italienne des divas (Ana Kadowa, 1912, COPRO US ; CO : Otto Mulhauser). Pionnier versatile de la phase artisanale du cinéma, Gelabert n'arrive pas à accomplir le saut vers l'industrie ; les studios qu'il fonde voient leur expansion compromise par la Première Guerre mondiale. Il se cantonne peu à peu dans le rôle d'opérateur, s'intéresse à diverses recherches techniques et se lance dans le commerce cinématographique. Sa filmographie dépasse la centaine de titres, dont la majorité sont des documentaires ; elle se clôt avec le long métrage La Puntaire (1928), drame à thème catalan.