NORO (Aline, dite Line)
actrice française (Houdelaincourt 1900 - Paris 1985).
Elle joue à la Comédie-Française ; on lui confie au cinéma des rôles très typés d'épouses douloureuses (la Flamme, A. Berthomieu, 1936), de mères crucifiées (Mater Dolorosa, A. Gance, 1932) ou abusives (la Fille du puisatier, M. Pagnol, 1940), de droguées (Faubourg Montmartre, R. Bernard, 1931), de femmes acariâtres (la Symphonie pastorale, J. Delannoy, 1946). Duvivier dans Pépé le Moko (1937), Becker dans Goupi-Mains Rouges (1943), Berthomieu dans le Secret de madame Claprin (1943), Decoin dans Dortoir des grandes (1953) ont heureusement démontré ses réelles qualités dramatiques.
NORSTEIN (Youri) [Jurij Borisovič Norštejn]
cinéaste soviétique (Andreevka 1941).
Dessinateur aux studios d'animation Soyouzmoultfilm de Moscou auprès, notamment, d'Ivan Ivanov-Vano et Fedor Khitrouk, il participe de 1961 à 1968 à plus d'une soixantaine de petits films. En 1968, il cosigne avec Arkadi Tourine 25 octobre, Premier Jour (25-e-Pervyj den'), film sur la révolution, qui s'inspire de l'art russe des années 20, et, en 1970, avec son maître Ivanov-Vano, la Bataille de Kerjenets (Seča pri Kerženec), qui illustre un passage de l'opéra de Rimski-Korsakov (le Conte de la ville de Kitej) en recourant à l'art du Moyen Âge (icônes, fresques, enluminures). À partir de 1973, il entreprend avec sa femme Franzeska Yarboussova un minutieux et secret travail de création : le Renard et le Lapin (Lisa i zajac, 1973), le Héron et la Cigogne (Caplja i žuravl ', 1974), une étonnante variation animale sur le thème du marivaudage, le Hérisson dans le brouillard (Ežik v tumane, 1975), qui apprivoise le merveilleux et l'onirisme, et enfin le Conte des contes (Skazka skazok, 1979), qui, à partir d'une berceuse pour enfants, évoque les souvenirs et les images enfouis de la vie d'un artiste. Maître du papier découpé, Norstein est un perfectionniste subtil qui allie une belle virtuosité technique, un graphisme original et lumineux et un sens profond de la poésie et de la musicalité. Le Conte des contes est désigné aux olympiades de l'animation de Los Angeles en 1984 comme le meilleur film d'animation de tous les temps (devant la Rue, CAN, Caroline Lamb, le Sous-Marin jaune, GB, G. Dunning, et la Main, TCH, J. Trnka). Il tourne au prix de mille difficultés de 1987 à 1990 le Manteau (Šinel, d'après Gogol).
NORTH (Alex)
compositeur américain (Chester, Pa., 1910 - Pacific Palisades, Ca., 1991).
Formé à la Juilliard School et au Conservatoire de Moscou, cet ancien élève d'Aaron Copland compose d'abord des ballets pour Martha Graham et Agnès DeMille, des musiques de scène (Mort d'un commis voyageur), une Revue pour clarinette et orchestre, pour Benny Goodman, etc. Il entame sa carrière hollywoodienne avec Viva Zapata (E. Kazan, 1952), et se consacrera principalement au « drame psychologique » (la Rose tatouée, Daniel Mann, 1955 ; Une femme en enfer, id., id. ; la Nuit des maris, Delbert Mann, 1957 ; les Misfits, J. Huston, 1961 ; Qui a peur de Virginia Woolf ?, M. Nichols, 1966 ; Au-dessous du volcan, J. Huston, 1984), avec des incursions dans le western (le Roi et quatre reines, R. Walsh, 1956 ; les Cheyennes, J. Ford, 1964 ; la Chevauchée sauvage, R. Brooks, 1975) et la superproduction (Spartacus, S. Kubrick, 1960 ; Cléopâtre, J. L. Mankiewicz, 1963 ; l'Extase et l'Agonie, C. Reed, 1965). Il s'adapte particulièrement bien au style de John Huston : le Malin (1979), l'Honneur des Prizzi (1985) et Gens de Dublin (1987).
NORTH LIGHT (locution anglaise signifiant « lumière du nord »).
Syn. de soft light.
NORVÈGE.
Contrairement à la Suède, la Norvège est dépourvue de toute tradition filmique. Le pays qui a été le berceau de dramaturges aussi importants qu'Ibsen et Björnson s'est contenté pendant de nombreuses années d'une production cinématographique strictement limitée au marché national. Le premier studio ne fut construit (à Jar, dans la banlieue d'Oslo) qu'en 1936, bien que plusieurs films eussent été tournés par la Kristiania Films dès les années 20. La plupart des œuvres du cinéma muet sont des drames paysans et des comédies populaires, parfois des adaptations du romancier Knut Hamsun (‘ la Récolte ’ [Markens Gröda], 1921, de Gunnar Sommerfelt, ou ‘ Pan ’, 1922, d'Harald Schwenzen) ou des films bâtis sur le modèle des serials (‘ Madame visite Oslo ’ [Madame besker Oslo], 1927). Ce courant se poursuit dans les premières années du cinéma parlant, témoignant de quelques recherches originales, ou d'un traitement plus artistique des mélodrames folkloriques alors fort à la mode. Tancred Ibsen, parti pour Hollywood en 1923 avec Sjöström dont il devient l'assistant, est d'abord à la MGM puis revient en Europe, travaillant à Copenhague puis dans son propre pays où il signe, en 1931, le premier film parlant norvégien : ‘ le Grand Baptême ’ (Den store barnedåpen). Il exercera son activité jusqu'en 1951 après avoir mis en scène de nombreux films (drames rustiques, comédies, thrillers) de qualité inégale (‘ le Gitan ’ [Fant], 1937 ; Gjest baardsen, 1939). Rasmus Breistein – qui débute dès 1920 – est un grand spécialiste des thèmes bucoliques et nationalistes (‘ Anne, la gitane ’ [Fante-Anne], 1920 ; ‘ Jeunesse ’ [Ungen], 1938 ; ‘ Knut de Trysil ’ [Trysil Knut], 1942). Leif Sinding, enfin, auteur du premier film musical norvégien, Fantegutten (1932), met son énergie au service de l'adaptation littéraire (‘ Braves Gens ’ [Bra mennesker], 1937) et de la reconstitution historique (Eli Sjursdotter, 1938). Ayant accepté de travailler comme directeur du cinéma norvégien alors que son pays est envahi par l'occupant allemand, il ne parviendra à retrouver du travail que de longues années après la fin de la guerre (‘ la Nuit des sorcières ’ [Heksmetter], 1954). Au début des années 40, le film d'Helge Lund, Aïtanga, la femme aux aigles (Bastard, 1941), est sélectionné au festival de Venise ; des cinéastes comme Alfred Maurstad ou Nims R. Müller donnent quelques espérances ; Titus Vibe-Muller tourne avec Jean Dréville la Bataille de l'eau lourde (Kampen om Tunotvannet, 1948). Mais les réalisateurs les plus doués sont Toralf Sand (‘ le Voyageur d'Angleterre ’ [Englands farere], 1946), et Arne Skouen*, surtout, journaliste et romancier qui débute en 1949 avec ‘ les Enfants des rues ’ (Gategutter), s'intéresse à la vie quotidienne pendant la guerre, aux problèmes sociaux, et signe plusieurs réussites comme Atterrissage forcé (Nödlanding, 1951), ‘ le Rescapé ’ / ‘ Neuf Vies ’ (Ni liv, 1957) ou ‘ Au sujet de Tilla ’ (Om Tilla, 1963). À la fin des années 50 et au cours des années 60 se forme une génération « de transition » avec Erik Lochen (la Chasse [Jakten], 1959), Nils Reinhardt Christensen (‘ les Démons passionnés ’ [Line], 1961) et Rolf Clemens (Climat [Klimaks], 1965). Ce n'est qu'au début des années 70 que le cinéma norvégien, soutenu par l'État qui s'engage à garantir jusqu'à 90 p. 100 du budget des films approuvés, commence à s'affirmer sur le plan international. La plupart des salles appartiennent aux conseils municipaux ou à l'administration locale et sont gérées comme autant de services publics. Il n'existe pas de réseaux commerciaux d'exploitation : les gérants des salles peuvent donc choisir librement leurs programmes.