HAANSTRA (Bert)
cinéaste néerlandais (Holten 1916 – Laren 1997).
Peintre puis photographe de presse, il devient dans les années 50 aussi célèbre dans son pays que le fut avant la guerre Joris Ivens. Documentariste inspiré, il tourne notamment Miroirs de Hollande (Spiegel van Holland, 1950) et Panta Rhei (1952), fondé sur l'axiome d'Héraclite (« tout s'écoule »), deux courts métrages poétiques d'une inspiration très personnelle. Après quelques films de commande pour la Shell, il signe un étonnant portrait filmé du peintre Rembrandt (Rembrandt, peintre de l'homme, cm, 1956) et remporte plus de vingt récompenses internationales avec Glas (cm, 1958). Il passe ensuite à la fiction avec moins de bonheur. Si la Fanfare (Fanfara, 1958) rappelle certaines comédies britanniques des studios d'Ealing, l'Affaire M. P. (De Zaak M. P., 1960) verse dans un humour très appuyé. On retrouve Haanstra dans ses documentaires de long métrage, le Hollandais (Alleman, 1963) et la Voix de l'eau (De stem van het water, 1967). Il collabore avec Jacques Tati lorsque ce dernier vient tourner aux Pays-Bas des séquences de Trafic (1971).
Autres films
Sculpture néerlandaise du Moyen Âge (Nederlandse Beeldhouwkunst tijdens de late middeleeuwen, cm, doc, 1951) ; le Monde rival (CM, DOC, 1954) ; Et la mer n'était plus... (En de zee was niet meer, CM, DOC, 1956) ; Zoo (CM, doc, 1962) ; Delta phase 1 (1963) ; les Ponts de Hollande (CM, DOC, 1968) ; ‘ Singe et supersinge ’ (Bij de beesten af, 1973 ; LM, DOC, 1973) ; ‘ Quand refleuriront les coquelicots ? ’ (Dokter Pulder zaait papavers, 1975); ‘ le Jubilé de M. Slotter ’ (Een pak slaag, 1980).
HAAS (Charles)
cinéaste américain (Chicago, Ill., 1913).
Figurant puis assistant à l'Universal (1935), il y devient réalisateur de documentaires et scénariste (notamment pour le Fils du pendu de Borzage en 1948). Il s'occupe aussi de cinéma industriel et dirige des programmes TV. En 1956, il passe à la réalisation de quelques films à petit budget, passablement survoltés, où règne çà et là l'atmosphère trouble chère au producteur Albert Zugsmith : La corde est prête (Star in the Dust, 1956) ; les Dernières Heures d'un bandit (Showdown at Abilene, 1956) ; Summer Love (1958) ; Sur la piste de la mort (Wild Heritage, id.) ; les Beatnicks (The Beat Generation, 1959) ; Girls Town (id.) ; Le témoin doit être assassiné (The Big Operator, id.) ; Platinum High School (1960). Puis il retourne à la TV.
HAAS (Hugo)
acteur, réalisateur et producteur américain d'origine autrichienne (Brünn, Autriche-Hongrie [auj. Brno, Tchécoslovaquie], 1901 - Los Angeles, Ca., 1968).
Célèbre vedette comique dans son pays natal, il s'exile aux États-Unis en 1943. Après quelques rôles de composition (Days of Glory, J. Tourneur, 1944; l'Aveu, D. Sirk, id.; la Fière Créole, J. H. Stahl, 1947), il écrit, interprète, réalise et produit en indépendant une douzaine de mélodrames naturalistes à tout petit budget. De la Racoleuse (Pickup, 1951) à Paradise Alley (1962), il brode inlassablement sur le thème de l'Ange bleu en recensant les affres de vieillards taraudés par le démon de midi et humiliés par de blondes sirènes enivrées de perversité. Seule exception à la règle : le Dernier Damier (Night of the Quarter Moon, 1959), plaidoyer mélodramatique contre le racisme.
HAAS (Max de)
cinéaste néerlandais (Amsterdam 1898 - La Haye 1983).
Le pionnier (méconnu) de l'avant-garde néerlandaise, avec Joris Ivens. Il a créé, en 1932, le groupe Visie (Vision), aux préoccupations militantes affirmées. Il s'y tourne des documentaires pleins de réalisme sur les luttes syndicales, les coopératives, etc. De Haas aborde la fiction avec ‘ la Retraite aux flambeaux ’ (Fakkelgang), film dénonçant les lobbies de l'alcool qui sera suivi, en 1936, de la Ballade du chapeau haut de forme (De Ballade van de hoge Hoed), alerte comédie satirique qui se ressent de l'influence de Brecht. Réfugié en Nouvelle-Zélande pendant la guerre, il y dirige une œuvre de propagande antinazie, L'ennemi vous guette, puis, de retour aux Pays-Bas, un curieux film sur les masques du musée de Leyde, Maskerage, soutenu par une musique concrète de Pierre Schaeffer.
HACKMAN (Gene)
acteur américain (San Bernardino, Ca., 1931).
Ancien marine, ancien vendeur de chaussures, ancien journaliste, ancien dessinateur, ancien assistant de télévision, Gene Hackman a le physique d'un Monsieur Tout-le-Monde qui aurait une carrure d'athlète. Cette apparence presque anonyme peut expliquer qu'il ne débuta au cinéma qu'en 1964, dans Lilith (R. Rossen), par une scène brève mais parfaitement indicative de son considérable talent. La confirmation vint avec Bonnie and Clyde (A. Penn, 1967) et l'Oscar avec French Connection (W. Friedkin, 1971). Indiscutablement, son faux air de normalité placide joint à l'entêtement maladif du personnage du policier Popeye Doyle n'est pas étranger à l'impact de sa création qu'il l'étoffa encore dans French Connection II (J. Frankenheimer, 1975. On a essayé de lui donner des rôles de composition en suscitant en lui une manière de truculence qui, en réalité, n'existe pas : qu'il s'agisse de films médiocres comme les Charognards (The Hunting Party, Don Medford, 1971) ou meilleurs comme la Chevauchée sauvage (R. Brooks, 1975) ou les Aventuriers du Lucky Lady (S. Donen, id.), Hackman fait ce qu'on lui dit, mais ce n'est pas ce qu'il fait le mieux.
Même s'il a eu son plus grand succès populaire en héros salvateur dans l'Aventure du Poséidon (R. Neame, 1972) et si sa composition de méchant de bande dessinée dans Superman (R. Donner, 1978) n'est pas désagréable, Hackman excelle dans les rôles de chien battu. Il est splendide en détective maladroit, cocu et dépassé par les événements dans la Fugue (A. Penn, 1975). Il semble touché par la grâce en clochard magnifique et pathétique dans l'Épouvantail (J. Schatzberg, 1973). Et, surtout, il est inoubliable en “plombier” solitaire, piégé par une machination monstrueuse, dans Conversation secrète (F. F. Coppola, 1974) : son imperméable fripé, ses lunettes tristes, ses moustaches pendantes composent avec une hallucinante vérité un des plus beaux personnages du cinéma américain des années 70. Les années 80 continuent à lui offrir de beaux rôles : le journaliste d'Under Fire (R. Spottiswoode, 1984) et le père qui comprend mal son fils de Besoin d'amour, J. Schatzberg, id.). Il apparaît dans des films d'action comme Retour vers l'enfer (T. Kotcheff, 1983), Target (Penn, 1985), Power , les coulisses du pouvoir (S. Lumet, 1986) et Sens unique (No Way out, Roger Donaldson, 1987) avec une efficacité d'autant plus crédible qu'elle reste toujours très sobre. À la fin des années 80, il apparaît au générique de nombreux films dans des rôles, parfois originaux : Soleil d'automne (B. Yorkin, 1985), Mississippi Burning (A. Parker, 1988), Une autre femme (W. Allen, 1989), parfois stéréotypés : le Grand Défi (Hoosiers, David Anspaugh, 1986), Superman IV (S. Furie, 1987), Bat 21 (Peter Markle, 1988), Fool Moon in Blue Water (Peter Masterson, id.), Split Decisions (David Drury, id.), The Package (Andrew Davis, 1989), Loose Cannons (Bob Clark, 1990), Dinosaurs (Nicholas Meyer, id.), le Seul Témoin (Narrow Margin, Peter Hyams, id.), Class Action (M. Apted, id.), Bons Baisers d'Hollywood (M. Nichols, 1991). Insensiblement, il est passé des premiers rôles aux rôles de composition, où sa large carrure et son masque expressif font merveille. Il excelle autant dans les rôles négatifs (Impitoyable, C. Eastwood, 1992) que dans les figures emblématiques (le pater familias de Wyatt Earp, L. Kasdan,1994). Mais c'est entre le bien et le mal qu'il trouve un de ses plus grands rôles, celui de l'avocat à la fois trouble et pathétique de la Firme (S. Pollack, 1993). Toujours très actif, il joue dans Mesures d'urgence (M. Apted, 1996), l'Héritage de la haine (The Chamber, James Foley, 1997) et campe un impressionnant président des États-Unis, meurtrier par accident, dans les Pleins pouvoirs (C. Eastwood, 1996).