REIS (António Ferreira Gonçalves dos Reis, dit António) et CORDEIRO (Margarida Martins)
REIS (António Ferreira Gonçalves dos Reis, dit António) cinéaste portugais (Valadares 1927 - 1991) et CORDEIRO (Margarida Martins) cinéaste portugaise (Mogadouro 1939).
António Reis est un autodidacte qui se passionne très tôt pour les beaux-arts, la poésie et le cinéma. Il assiste Manuel de Oliveira sur le Mystère du printemps en 1961, écrit les dialogues de Changer de vie de Paulo Rocha en 1966 et publie un recueil de poèmes (Poemas do Quotidiano). Il tourne en 1973 un moyen métrage, Jaime (sur l'œuvre picturale d'un paysan qui passera 31 ans dans un hôpital psychiatrique) dont l'assistante et la monteuse est Margarida Cordeiro, un médecin psychiatre. Désormais tous deux formeront un couple de cinéastes dont l'originalité éclatera dès leur premier essai de long métrage : Tras Os Montes (1975). Ils élaborent alors une certaine forme de cinéma qui s'éloigne constamment de la narration linéaire, se fond parfois dans le tissu documentaire tout en apportant une vie nouvelle, intérieure, presque fantasmagorique aux paysages, aux sentiments, à l'ordre de l'univers. Ce cinéma, expérimental par bien des aspects, ardu parfois, est également nourri de philosophie et de poésie. Ana (id., 1981) et Désert rose (Rosa de Areia, 1988) approfondissent l'expérience inaugurée avec Tras Os Montes et confèrent aux deux réalisateurs une place tout à fait particulière dans le cinéma portugais contemporain.
REIS (Irving)
cinéaste américain (New York, N. Y., 1906 - Woodland Hills, Ca., 1953).
Un des grands noms de la radio CBS, qui donne sa première chance, dans ce média, à Orson Welles. Reis arrive à Hollywood comme scénariste en 1938 et devient réalisateur, en 1940, pour des films de série. C'est le grand mélodrame la Poupée brisée (The Big Street, 1942) qui le fait passer à l'échelon supérieur et engager par Samuel Goldwyn, auquel il doit sa meilleure œuvre, Vous qui avez vingt ans (Enchantment, 1948). Il s'agit d'un mélodrame sentimental et fantastique auquel l'appareil de la production Goldwyn donne un lustre indéniable. Il avait dirigé auparavant plusieurs œuvres mineures mais point indignes (The Falcon Takes Over, 1942 ; Crack-up, 1946 ; Deux sœurs vivaient en paix [The Bachelor and the Bobby Soxer], 1947 ; Ils étaient tous mes fils [All My Sons], 1948). Son dernier film est l'agréable Ciel de lit (The Four Poster, 1952), où brillent Rex Harrison et Lilli Palmer.
REISCH (Günter)
cinéaste allemand (Berlin 1927).
Assistant de Gerhard Lamprecht et de Kurt Maetzig en zone d'occupation soviétique, il débute comme réalisateur à la DEFA en 1955, signe successivement Jeunes Gens (Junges Gemüse, 1956), Trace dans la nuit (Spur in die Nacht, 1957), le Chant des marins (Das Lied der Matrosen, CO K. Maetzig, 1958), le Vin de mai (Maibowle, 1959), le Punch de la Saint-Sylvestre (Silvesterpunsch, 1960), Gewissen in Aufruhr (CO Hans Joachim Kasprzik, 1961), Joyeux Noël (Ach, du Fröhliche, 1962), le Voleur de San Marengo (Der Dieb von San Marengo, 1963), Tant qu'il y a de la vie en moi (Solange Leben in mir ist, 1965), Un lord d'Alexanderplatz (Ein Lord am Alexanderplatz, 1967), Mademoiselle, vous me plaisez (Jungfer, Sie gefallen mir, 1969), En allant vers Lénine (Unterwegs zu Lenin, 1970), Malgré tout ! (Trotz alledem, 1972), Wolz, vie et transfiguration d'un anarchiste allemand (Wolz - Leben und Verklärung eines deutschen Anarchisten, 1974), Aspic d'œillets (Nelken in Aspik, 1976), Antoine le Magicien (Anton der Zauberer, 1978). Mais c'est au début des années 80 qu'il rencontre son succès le plus justifié en codirigeant, avec Günther Rücker, la Fiancée (Die Verlobte, 1980), histoire d'un amour impossible dans le cadre avilissant d'une maison d'arrêt pour détenues de droit commun.
REISCH (Walter)
scénariste et cinéaste américain d'origine autrichienne (Vienne 1903 - Los Angeles, Ca., 1983).
Il commence par écrire des scénarios, en 1921. Très vite, des opérettes froufroutantes comme Un rêve blond (Ein blonder Traum, Paul Martin, 1932), avec Lilian Harvey, définissent ses possibilités. Particulièrement réussie est sa collaboration avec Willi Forst pour Mascarade (1934). Après un joli film romanesque qu'il réalise (Épisode, 1935), il doit quitter l'Allemagne et se retrouve bientôt à Hollywood, après avoir transité par l'Angleterre. On lui doit des collaborations aux scénarios de Ninotchka (E. Lubitsch, 1939) et de Hantise (G. Cukor, 1944). Après avoir réalisé une improbable opérette (Schéhérazade [Song of Scheherazade], 1947), il revient à l'écriture avec Niagara (H. Hathaway, 1953) ou la Fille sur la balançoire (R. Fleischer, 1955). Ce dernier film, qui retrouve l'atmosphère de scandale mondain de Mascarade et Épisode, reste peut-être son travail le plus personnel.
REISZ (Karel)
cinéaste britannique d'origine tchèque (Ostrava 1926).
Karel Reisz fuit son pays natal à l'âge de douze ans dans un convoi d'enfants, laissant derrière lui ses parents qui périront dans les camps nazis. Réfugié en Angleterre, il entre à l'école quaker de Reading. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il est pilote de chasse dans la section tchèque de la RAF. Après des études de chimie à Cambridge, il enseigne pendant deux ans dans une grammar school. À partir de 1949, il devient critique de cinéma, collabore à l'influente revue Sequence, de 1950 à 1952, où, avec Lindsay Anderson et Tony Richardson, il défend un cinéma d'auteur et une approche critique de la réalité. Il devient directeur des programmes du National Film Theatre (la cinémathèque de Londres) en 1952 tout en écrivant pour Sight and Sound et publie en 1953 un essai sur le montage, The Technique of Film Editing, qui demeure aujourd'hui un classique du genre et a influencé de nombreux cinéastes dont Alain Resnais et Roman Polanski.
Il passe à la mise en scène en 1956 cosignant avec Tony Richardson Momma Don't Allow, qui est le manifeste du Free Cinema, mouvement où l'on retrouve également Lindsay Anderson, dont Reisz produit Every Day Except Christmas (1957) puis, plus tard, le premier long métrage le Prix d'un homme (1963). Le groupe privilégie un regard neuf sur la société, qui contraste avec les films guindés et conservateurs qui dominent le cinéma anglais de l'époque. Un deuxième documentaire, We Are the Lambeth Boys (1959), qui observe avec sympathie et acuité les jeunes adolescents d'un quartier populaire de Londres, confirme la maîtrise de Reisz.