CARNEY (Arthur William, dit Art)
acteur américain (Mount Vernon, N. Y., 1918).
Déjà fort de son expérience du théâtre et de la TV (The Carol Burnett Show), Art Carney s'est imposé à l'écran en vieillard tantôt rusé, tantôt touchant. Dans ce registre, ses deux compositions les plus intéressantes sont celle d'Harry, le vieux monsieur fugueur de Harry et Tonto (P. Mazursky, 1974), qui lui vaut un Oscar, et celle du détective fatigué et maladif de Le chat connaît l'assassin (R. Benton, 1977).
CAROL (Marie-Louise Mourer, dite Martine)
actrice française (Saint-Mandé 1920 - Monaco 1967).
Elle débute au théâtre sous le pseudonyme de Maryse Arley. En 1946, elle joue au théâtre de la Renaissance dans la Route au tabac. À l'écran, elle tient de petits rôles dans la Ferme aux loups (Richard Pottier, 1943) et Voyage surprise (P. Prévert, 1947). Mais c'est grâce à un coup d'éclat publicitaire (elle se jette dans la Seine du pont de l'Alma, feignant un désespoir d'amour), une opération de chirurgie esthétique (redressement de son nez) et surtout un rôle quasiment écrit pour elle, celui de Caroline chérie (1951, roman de Cécil Saint-Laurent porté à l'écran par Richard Pottier), qu'elle accède au rang de vedette. Le film, où elle dévoile généreusement son anatomie, sera suivi en 1953 d'Un caprice de Caroline, de Jean Devaivre. C'est le début d'une série de films pseudo-historiques, pimentés d'érotisme aimable : Lucrèce Borgia (1953), Lysistrata (épisode de Destinées, 1954), Madame du Barry (id.), Nana (1955), tous réalisés par son second mari, Christian-Jaque. Elle tourne aussi avec René Clair (les Belles de nuit, 1952), et, en Italie, Alberto Lattuada (la Pensionnaire, 1954). En 1955, c'est le couronnement de sa brève carrière, né peut-être d'un malentendu (les producteurs voulant exploiter son personnage de femme fatale, que le metteur en scène entendait au contraire exorciser) : Lola Montès, de Max Ophuls. L'insuccès commercial retentissant du film stoppe net la carrière de Martine Carol, qui ira ensuite d'échecs flagrants (Scandale à Milan, V. Sherman, 1956 ; les Noces vénitiennes, A. Cavalcanti, 1959) en come-back sans lendemain (Nathalie, agent secret, H. Decoin, 1959, Austerlitz, A. Gance, 1960 [elle est Joséphine], Vanina Vanini, R. Rossellini, 1961) et de dépressions nerveuses en divorces successifs. Son quatrième mari, le milliardaire anglais Mike Eland, la découvrira morte, en 1967, dans sa chambre d'hôtel : abus de médicaments ou crise cardiaque, on ne le sut jamais.
CARON (Leslie)
actrice et danseuse française (Paris 1931).
C'est comme danseuse classique qu'elle fait partie, en 1949, de la troupe de Roland Petit. Gene Kelly la découvre, et Vincente Minnelli fait d'elle l'héroïne de son Américain à Paris (1951). Elle y danse à ravir, ce qui lui vaut une célébrité immédiate. Son contrat à la MGM ne lui permet de tourner que des musicals, à quelques rares exceptions près : la Ruelle du péché, de Raoul Walsh, où elle réussit tout de même à danser (1952), et Mademoiselle, l'épisode d'Histoire de trois amours (1953) dirigé par Minnelli. Charles Walters utilise très subtilement une personnalité plus complexe qu'il n'y paraît dans Lili (id.), qui lui fait incarner une adolescente un peu naïve et pleine de charme, et dans la Pantoufle de verre (1955), où elle est Cendrillon. Mais ses deux moments de gloire (avec Un Américain à Paris, bien sûr) sont Papa longues jambes de Jean Negulesco (1955), dans lequel elle danse avec Fred Astaire, et Gigi (1958) : elle y retrouve Vincente Minnelli, et les costumes de Cecil Beaton la font plus belle que jamais. Après un dernier musical, Fanny, de Joshua Logan (1961), sa carrière devient à la fois plus intermittente et plus désordonnée. À signaler toutefois : ses rôles dans la Chambre indiscrète (B. Forbes, 1962), Jeux d'adultes (N. Loy, 1967), l'Homme qui aimait les femmes (F. Truffaut, 1977), le Contrat (K. Zanussi, 1980), l'Impératif (id., 1982), la Diagonale du fou (Richard Dembo, 1984), Guerriers et captives (E. Cozarinsky, 1989), Fatale (L. Malle, 1992), Funny Bones (Peter Chelsom, 1995). Au théâtre, elle fut choisie par Jean Renoir pour être Orvet (1955).
CAROW (Heiner)
cinéaste allemand (Rostock 1929 - Postdam 1997).
Il suit les cours de mise en scène à la DEFA en Allemagne de l'Est, devient l'assistant de Gerhard Klein pour la réalisation de films de vulgarisation scientifique et réalise un premier essai en 1952, le documentaire Bauern Erfüllen den Plan. La première partie de sa carrière est celle d'un documentariste, puis il aborde la fiction en 1956 avec deux films pour les enfants : Sheriff Teddy (1957) et Sie Nannten ihn Amigo (1958). Au cours des années 60, tout en signant des mises en scène de théâtre au Volkstheater de Rostock, il tourne notamment Die Hochzeit von Länneken (1963), Die Reise nach Sundevit (1966) et Die Russen kommen (1968, distribué en 1988). Après Karriere (1970) il obtient un large succès avec Die Legende von Paul und Paula (1972) et s'impose comme l'un des leaders de la génération « moyenne » en RDA : Ikarus (1975), Bis dass der Tod euch scheidet (1978), So viele Träume (1986) et Coming out (1989, sur le thème de l'homosexualité). Depuis l'unification allemande, il a réalisé la Faute (Verfehlung, 1991) et travaille pour la télévision.
CARPENTER (John)
cinéaste américain (Bowling Green, Ky., 1948).
Avec Brian De Palma mais sans l'exubérance baroque de ce dernier, John Carpenter est le cinéaste américain qui, depuis le milieu des années 70, a le mieux illustré les genres cinématographiques de l'horreur et du fantastique. Il puise volontiers son inspiration chez Howard Hawks, dont il transpose Rio Bravo dans l'univers policier de Assaut (Assault on Precinct 13, 1976), avant de tourner une impressionnante nouvelle version de The Thing (id., 1982), produit par Hawks au début des années 50. La fluidité de Carpenter, son sens de l'atmosphère, sa maîtrise des mouvements d'appareil font merveille dans la Nuit des masques (Halloween, 1978) et dans Fog (id., 1980). New York 1997 (Escape From New York, 1981) suggère une ville fantasmatique au bord de l'écroulement ; Carpenter donnera une suite à ce succès avec Los Angeles 2013 (Escape From L. A., 1996). Variation sur des thèmes connus, l'œuvre de Carpenter préfère les petits budgets : Starman (id., 1985) et les Aventures d'un homme invisible (Memoirs of an Invisible Man, 1991), produits sur une grande échelle, seront des insuccès qui le mèneront à se ressourcer dans des entreprises plus modestes. l'Antre de la folie (In the Mouth of Madness, 1995) était une séduisante mise en abyme à travers un personnage d'écrivain à la Stephen King, spécialisé dans l'horreur. Vampires (id., 1998) renouvelait avec brio l'iconographie du genre avec des références au western et au film noir.