Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
C

CYBULSKI (Zbigniew) (suite)

Après avoir participé en France à une curieuse fable de Jacques Baratier, la Poupée (1962), où il tient le double rôle d'un dictateur sanguinaire et du révolutionnaire idéaliste qui assume sa place, il interprète dans le sketch polonais de l' Amour à vingt ans (Wajda, 1962) un de ses plus beaux personnages (auquel Wajda donne son surnom familier : Zbyszek), celui d'un ancien combattant, héros quasi involontaire d'un banal fait divers, qui découvre avec amertume que ses souvenirs n'intéressent plus personne et que l'avenir appartient à ceux qui ont vingt ans. Avec Giuseppe à Varsovie (S. Lenartowicz, 1964), Cybulski explore une voie cinématographique nouvelle, celle de la comédie. Il s'y illustrera superbement la même année avec le Manuscrit trouvé à Saragosse de Wojciech Has, où il est un jeune ahuri confronté aux machinations macabres imaginées par Jan Potocki. Ses derniers films marquent la volonté de renouveler son image et d'élargir ses activités, même si son rôle dans Salto (T. Konwicki, 1965) peut sembler une quintessence de sa présence à l'écran. Cybulski est mort à la fin du tournage du Meurtrier laisse un indice (A. ´Scibor-Rylski, 1967) : il tentait de prendre en marche le train pour Varsovie... un exercice qu'il avait pratiqué plusieurs fois à l'écran ! Bien que son nom n'y soit jamais prononcé, c'est de toute évidence à la disparition de Cybulski que renvoie le film de Wajda Tout est à vendre (1968).

Films :

Génération / Une fille a parlé (A. Wajda, 1954) ; la Carrière (Kariera, Jan Koecher, id.) ; l'Homme ne meurt pas (film d'études, id.) ; Trois Départs (Trzy starty, 3e épisode, Stanis'law Lenartowicz, id.) ; le Secret du vieux puits (Tajemnica dzikiego szybu, Wadim Berestowski, 1956) ; la Fin de la nuit (Koniec nocy, Julian Dziedzina, Paweł Komorowski et Walentyna Uszycka, 1957) ; les Épaves (Wraki, Eva et Czes'law Petelski, id.) ; le Huitième Jour de la semaine (A. Ford, 1958) ; Cendres et Diamant (Wajda, id.) ; la Croix de guerre (K. Kutz, 1959) ; Train de nuit (J. Kawalerowicz, id.) ; Au revoir, à demain (Do Widzenia, do jutra !, Janusz Morgenstern, 1960) ; les Innocents Charmeurs (Wajda, id.) ; Adieu jeunesse (W. Has, 1961) ; la Poupée (J. Baratier, 1962) ; Thé à la menthe (CM, Pierre Kafian, id.) ; l'Amour à vingt ans (épisode réalisé par A. Wajda, id.) ; les Retardataires (Spóźnieni przechodnie, Jan Rybkowski, id.) ; l'Art d'être aimée (Has, 1963) ; l'Assassin et la Demoiselle (Zbrodniarz i panna, Janusz Nasfeter, id.) ; Leur vie quotidienne (Ich dzień powszedni, Aleksander ´Scibor-Rylski, id.) ; le Silence (Kutz, id.) ; Pas de divorces (Rozwodów nie b¸edzie, Jerzy Stefan Stawiński, 1964) ; Giuseppe à Varsovie (Giuseppe w Warszawie, S. Lenartowicz, id.) ; Aimer (J. Donner, id.) ; le Manuscrit trouvé à Saragosse (Has, 1965) ; le Pingouin (Pingwin, J. S. Stawiński, id.) ; Salto (T. Konwicki, id.) ; Seul dans la ville (Sam pośród miasta, Halina Bielińska, id.) ; Demain le Mexique (Jutro Meksyk, A. ´Scibor-Rylski, id.) ; Veillée de fête (Przedświ¸ateczny wieczór, Helena Amiradżibi et Stawiński, 1966) ; les Codes (Has, id.) ; le Maître (Mistrz, Jerzy Antczak, id.) ; En avant toute ! (Ca'la naprzód, S. Lenartowicz, id.) ; Yovita (Jowita, Morgenstern, 1967) ; Le meurtrier laisse un indice (Morderca zostawia ślad, ´Scibor-Rylski, id.).

CYCLO.

Fond de décor, entourant le plateau sur deux ou trois côtés, peint de couleur uniforme, ne comportant aucun angle vif et raccordé au sol par un arrondi. Le cyclo est surtout employé pour les effets spéciaux (incrustation).

CZINNER (Paul)

cinéaste allemand d'origine austro-hongroise (Budapest 1890 - Londres, GB, 1972).

Enfant, c'est un violoniste prodige, mais il penche pour le théâtre : production et mise en scène à Budapest avant 1914, puis à Vienne. Il débute comme cinéaste en 1919 en dirigeant sa femme, Elizabeth Bergner. Émigré avec elle en Grande-Bretagne en 1933, puis aux États-Unis en 1940, il rentrera en Grande-Bretagne en 1951.

Toute sa production muette allemande est marquée par l'influence du Kammerspiel, c'est-à-dire le souci de l'atmosphère intimiste et de l'analyse psychologique. Son meilleur film est, à ce titre,  À qui la faute (Nju, 1924), qui marque aussi la révélation d'Elizabeth Bergner à l'écran. On lui doit également, dans la même veine, Der Geiger von Florenz (1926), Liebe (1927), Dona Juana (id.), Fräulein Else (1929),  Ariane (1932, vers. ALL et GB ; Ariane, jeune fille russe [vers. franç.]), Der Träumende Mund (id.). Il a écrit le scénario de ces deux derniers films en collaboration avec Carl Mayer, inspirateur du Kammerspiel. En Grande-Bretagne, il dirige sa femme dans Catherine the Great (1934), Escape Me Never (1935) et Comme il vous plaira (As You Like It, 1936). Aux États-Unis, il est producteur et metteur en scène de théâtre. Après la guerre, il se consacre à des versions filmées de productions théâtrales et chorégraphiques : Don Giovanni (1955) ; The Bolshoï Ballet (1957) ; Der Rosenkavalier (1962) ; Romeo and Juliet (1966). Il utilise simultanément jusqu'à une dizaine de caméras pour restituer la plénitude du spectacle.