ROTH (Tim)
acteur britannique (Londres 1962).
Cet ancien étudiant des Beaux-Arts a débuté dans le métier d'acteur en 1983, en se spécialisant dans l'avant-garde. Mais quand on l'a découvert, silhouette osseuse et tempérament incandescent, dans Reservoir Dogs (Q. Tarantino, 1992), on le crut américain tant il semblait à l'aise dans ce rôle de gangster traqué. Il reprit l'emploi avec le même bonheur dans Pulp Fiction (Q. Tarantino, 1994), tantôt l'assombrissant vers le tragique (Little Odessa, J. Gray, id.), tantôt le poussant avec humour vers la caricature (Tout le monde dit I Love You, W. Allen, 1996). Il a également réalisé The War Zone (id., 1999), film dur et sans concession sur une famille anéantie par l'inceste : le rythme lent et incantatoire et le raffinement plastique portent la marque d'un vrai cinéaste.
ROTHA (Paul)
cinéaste, producteur et historien du cinéma britannique (Londres 1907 - Wallingford 1984).
Après des études à Slade School, il s'oriente vers la peinture et la critique d'art, avant de rejoindre les rangs du EMB-Film Unit de John Grierson. Il réalise et produit de nombreux courts métrages documentaires pour des sociétés industrielles publiques ou privées : Contact (pour Imperial Airways et Shell, 1933), Chantier naval (Shipyard, pour Orient Shipping Lines, 1934), etc. En 1941, il crée sa propre société et produit pour le ministère de l'Information : Un monde d'abondance (World of Plenty, 1943), Guerre totale en Grande-Bretagne (Total War in Britain, 1946), Le monde est riche (The World Is Rich, 1948). En 1952, il coréalise avec Basil Wright Un monde sans fin (World Without End) et devient responsable du service des documentaires de la BBC. Rotha abordera le long métrage de fiction avec moins de bonheur : le Chat et la Souris (Cat and Mouse, 1958). Son film de montage la Vie d'Adolf Hitler (The Life of Adolf Hitler, 1961) est plus convaincant. Polémiste ardent, Rotha a écrit des ouvrages marquants sur le cinéma et le documentaire britanniques : The Film Till Now ; Documentary Film (1935) ; Movie Parade (1936-1951) ; A Documentary Diary (1973).
ROTUNNO (Giuseppe)
chef opérateur italien (Rome 1923).
Dès 1940, il est photographe de plateau à Cinecittà, puis, de 1951 à 1954, opérateur de Marco Scarpelli et de G. R. Aldo. Pendant le tournage de Senso (L. Visconti, 1954), il dirige la photo de quelques scènes après la mort accidentelle d'Aldo. Ayant collaboré aux premiers films italiens en couleurs, il devient chef opérateur dans Pain, amour, ainsi soit-il (D. Risi, 1955), une comédie spectaculaire conçue pour exploiter le CinémaScope Eastmancolor. Il travaille à d'autres films de ce genre « touristique », et, en 1957, il crée l'extraordinaire photo en noir et blanc velouté des Nuits blanches (Visconti). Policarpo, ufficiale di scrittura (M. Soldati, 1959) affirme son goût particulier pour les reconstructions historiques inspirées de tableaux d'époque, qu'il développe ensuite avec les images précieuses du Journal intime (V. Zurlini, 1962) et du Guépard (Visconti, 1963). Il est aussi à l'aise dans le réalisme épique de la Grande Guerre (M. Monicelli, 1959) et de Camarades (id., 1963) que dans le réalisme psychologique de Rocco et ses frères (Visconti, 1960), films qui suscitent l'étonnement et les sarcasmes par le contraste osé des lumières. Avec Visconti, il travaille encore aux épisodes de Boccace 70 (1962) et de Sorcières (1967), puis pour l'Étranger (id.). La réalisation longue et complexe de la Bible (J. Huston, 1966) lui impose un effort de renouvellement pour donner à chaque séquence un style visuel particulier, en exploitant toutes les ressources du 70 mm. En 1968, il débute sa collaboration avec Fellini par l'épisode Toby Dammit des Histoires extraordinaires, une des œuvres les plus oniriques du cinéaste ; avec le Satyricon (1969) et la Cité des femmes (1980), il s'applique à traduire par des techniques toujours plus perfectionnées et subtiles les images qui jaillissent de l'imaginaire de l'auteur. En Italie, il collabore avec des réalisateurs aussi différents que De Sica (les Fleurs du soleil, 1970), Corbucci (Il bestione, 1974), Wertmüller (Film d'amour et d'anarchie, 1973), Fellini (Et vogue le navire, 1983), Anna Maria Tato (Desiderio, 1985), Cinzia Torrini (Hôtel Colonial, 1986), Del Monte (Julia et Julia, 1987), Massimo Guglielmi (Rebus, 1988) et, à l'étranger, avec Stanley Kramer (le Dernier Rivage, 1959), Nichols (Ce plaisir qu'on dit charnel, 1971), Fosse (All That Jazz, 1979), Altman (Popeye, 1980), Zinnemann (Cinq Jours ce printemps-là, 1982), Passer (Haunted Summer, 1988), Gilliam (les Aventures du baron de Münchhausen, 1989).
ROUBAIX (François de)
musicien français (Neuilly-sur-Seine 1939 - Île de Tenerife, Espagne, 1975).
Cet autodidacte, fils de producteur, est devenu un compositeur célèbre de musiques de films, avant de disparaître en mer accidentellement. Mélodiste talentueux, il compose des musiques sobres mais variées, évitant le classique et le jazz (en lequel pourtant il excelle), mais sachant intégrer des thèmes traditionnels (le Rapace, J. Giovanni, 1967). Se comparant au caméléon (« la musique de film est un art appliqué »), il enregistre seul sa musique dont il interprète lui-même les différentes partitions. Certaines compositions deviendront célèbres (les Amis, G. Blain, 1970) et un César lui sera décerné pour le Vieux Fusil (R. Enrico, 1975). La fidélité des cinéastes à son égard est exemplaire : Enrico et Giovanni principalement, mais aussi Boisset, Mocky, Herman.
ROUCH (Jean)
ethnologue et cinéaste français (Paris 1917).
Diplômé de l'Institut d'ethnologie (élève de Marcel Griaule, pionnier du cinéma ethnographique), explorateur et ethnographe attaché au musée de l'Homme, directeur scientifique de l'Institut français d'Afrique noire, à Niamey. Dès 1941, il effectue des missions d'étude en Afrique (Sénégal, Niger, puis Mali et Ghana). À partir de 1947, il commence à réaliser des reportages documentaires : pour des raisons pratiques, il filme en 16 mm, ce qui, dit-il, le conduit à « inventer un nouveau type de films ». En 1949, Initiation à la danse des possédés remporte le Grand Prix du festival du film maudit de Biarritz. En 1953, avec l'ethnologue André Leroi-Gourhan, il crée au sein du musée de l'Homme le Comité du film ethnographique.