BRANDAUER (Klaus Maria)
acteur autrichien (Alt Aussee 1944).
Acteur et metteur en scène de renom, il travaille à Düsseldorf, Vienne, Munich, Hambourg, Berlin, Zurich. Le cinéma s'offre à lui avec un grand rôle : celui du personnage central de Mephisto d'István Szabó (1981). Très sollicité – il est notamment le « méchant » dans Jamais plus jamais (I. Kershner, 1983), un des avatars de James Bond –, il apparaît dans plusieurs productions dont les plus brillantes sont Colonel Redl (Szabó, 1985), le Bateau phare (J. Skolimowski, id.), Out of Africa (S. Pollack, id.), Burning Secret (Andrew Birkin, 1988), Hanussen (Szabó, id.), la Toile d'araignée (B. Wicki, 1989), la Révolution française (R. Enrico et Richard Heffron, 1989), film où il incarne Danton, la Maison Russie (F. Schepisi, 1990), Croc blanc (White Fang, Randal Kleiser, 1991). Comme metteur en scène, il a réalisé deux films où il est également acteur : Georg Elser (1989), portrait d'un ouvrier qui tenta d'assassiner Hitler en 1939, et Mario et le magicien (Mario und der Zauberer, 1994), d'après Thomas Mann. Après une brève éclipse dans sa carrière cinématographique, il revient sur le grand écran dans des films aussi dissemblables que Rembrandt de Charles Matton (1999) et Vercingétorix de J. Dorfmann (2001) et à la réalisation avec Die Wand (1999).
BRANDO (Marlon)
acteur américain (Omaha, Nebr., 1924).
Issu d'un milieu modeste, il a une adolescence difficile et débute au théâtre en amateur, pour se retrouver deux ans après acteur à Broadway (1944). En 1947, Elia Kazan en fait du jour au lendemain une vedette de la scène, en lui offrant le rôle de Stanley Kowalski dans Un tramway nommé Désir de Tennessee Williams. Tenu pour l'acteur type de la Méthode (une nouvelle façon de jouer apprise à l'Actors Studio, dont Brando va devenir à la fin des années 40 l'un des porte-drapeaux), il transpose son style de jeu à l'écran avec succès dans un film de Zinnemann, C'étaient des hommes : pour interpréter un paraplégique, il passe un mois dans un hôpital de rééducation spécialisé, avant le tournage. Quatre fois nommé aux Oscars (en 1951 pour Un tramway nommé Désir, en 1952 pour Viva Zapata ! du même Kazan, en 1953 pour Jules César de Mankiewicz), il l'emporte en 1954, dirigé par Kazan, pour Sur les quais (le rôle de Terry Malloy lui permet également de remporter le prix du Meilleur Acteur au festival de Cannes). Dans Jules César, il a accepté et tenu le pari d'égaler les performances des acteurs shakespeariens qui l'entourent. Dans l'Équipée sauvage (1954), il tend en miroir à l'Amérique le portrait d'une jeunesse désaxée, redevenue primitive, et qui d'ailleurs se reconnaîtra dans le film. Cette révolte diffuse d'une génération va influencer d'autres générations rebelles, tant au cinéma que dans la vie (et d'abord dans les modes vestimentaires), et cette influence aura des ramifications qui se prolongeront au cours des années 60. Heurtant la critique et le public traditionnels, acclamé par la critique moins conformiste et le public plus jeune, Brando est en tout cas considéré comme un élément de renouveau pour le cinéma américain. Or, pendant plusieurs années, il va paraître s'efforcer de ruiner sa propre carrière, multipliant des rôles comiques ou quasi parodiques pour lesquels, à l'évidence, il n'est pas fait. Cette distance à l'égard de son personnage cinématographique va de pair, semble-t-il, avec une introspection croissante chez l'homme, nature complexe où le masochisme (refoulé et non sublimé en héroïsme) tient sans doute une grande place. Le fruit cinématographique de ses cogitations est un film qu'il met en scène lui-même, la Vengeance aux deux visages (1961), fort intéressant dans sa première partie, beaucoup trop explicatif dans la deuxième. Brando, qui en 1959 a fondé sa propre compagnie, Pennebaker Productions, a beaucoup de mal à vivre les années 60. Il tourne peu et n'obtient de bons rôles que grâce à Arthur Penn (la Poursuite impitoyable, 1966), John Huston (Reflets dans un œil d'or, 1967) et Gillo Pontecorvo (Queimada, 1969). Il accepte également de jouer dans la Comtesse de Hong-Kong un contre-emploi pour lequel il sait que Chaplin l'a choisi « à cause de son manque total d'humour ». À l'heure où on le déclare commercialement fini, c'est-à-dire à l'aube des années 70, le Parrain (1972) de Francis Ford Coppola (qui lui donne l'occasion de refuser avec éclat son second Oscar en protestation contre le non-respect des droits des Indiens des États-Unis) et surtout le Dernier Tango à Paris (id.) le présentent sous les traits d'un acteur de composition à la structure (physique et intellectuelle) monumentale. Maturité quasi symbolique, à laquelle ne manque même pas la délivrance psychanalytique du film de Bertolucci.
Le comédien peut alors rappeler (ou révéler) son mépris pour l'industrie qui le fait vivre, souligner ses positions en faveur de l'écologie (à l'échelle mondiale) et accentuer sa solitude. Sa contestation individualiste, mais universellement répercutée, n'est pas celle d'un aigri : après une période difficile, l'acteur semble avoir transmuté une schizophrénie évidente au profit d'un jeu dont les caractéristiques imposantes ne doivent pas faire oublier la finesse, ni, le cas échéant, une capacité de séduction intacte (Missouri Breaks d'Arthur Penn en 1976, voire Apocalypse Now de Coppola en 1979).
Films :
C'étaient des hommes (F. Zinnemann, 1950) ; Un tramway nommé Désir (E. Kazan, 1951) ; Viva Zapata ! (id., 1952) ; Jules César (J. L. Mankiewicz, 1953) ; l'Équipée sauvage (L. Benedek, 1954) ; Sur les quais (Kazan, id.) ; Désirée (H. Koster, id.) ; Blanches Colombes et Vilains Messieurs (Mankiewicz, 1955) ; la Petite Maison de thé (Daniel Mann, 1956) ; Sayonara (J. Logan, 1957) ; le Bal des maudits (E. Dmytryk, 1958) ; l'Homme à la peau de serpent (S. Lumet, 1960) ; la Vengeance aux deux visages (One Eyed Jacks, M. Brando, 1961) ; les Révoltés du Bounty (L. Milestone, 1962) ; le Vilain Américain (The Ugly American, George Englund, 1963) ; les Séducteurs (Bedtime Story, Ralph Levy, 1964) ; Morituri (id., B. Wicki, 1965) ; l'Homme de la Sierra (S. Furie, 1966) ; la Poursuite impitoyable (A. Penn, id.) ; la Comtesse de Hong-Kong (Ch. Chaplin, 1967) ; Reflets dans un œil d'or (J. Huston, id.) ; Candy (C. Marquand, 1968) ; la Nuit du lendemain (H. Cornfield, 1969) ; Queimada ! (G. Pontecorvo, id.) ; le Corrupteur (M. Winner, 1972, GB) ; le Parrain (F. F. Coppola, id.) ; le Dernier Tango à Paris (B. Bertolucci, id., IT) ; The Missouri Breaks (Penn, 1976) ; Superman (R. Donner, 1978) ; Apocalypse Now (Coppola, 1979) ; la Formule (J. G. Avildsen, 1980) ; Une saison blanche et sèche (A dry White Season) (Euzhan Palcy, 1989) ; Premiers pas dans la mafia (The Freshman, Andrew Bergman, 1990) ; Christopher Columbus : The Discovery (John Glen, 1992) ; Don Juan De Marco (Jeremy Leven, 1995) ; L'Île du Dr. Moreau (J. Frankenheimer, 1997), The Brave (J. Depp, id.), The Score (Frank Oz, 2001).