acteur et cinéaste britannique (Londres 1893 - Golfe de Biscaye 1943).
Leslie Howard était une sorte d'affectueuse caricature d'Anglais. Osseux, blond, la mèche tortillée et en bataille, les lunettes de myope, la pipe de l'homme tranquille, le livre ouvert à proximité de la main, la diction calme et la repartie tranchante, il est, comme l'a dit Jeffrey Richards, l'intellectuel britannique devenu héros cinématographique.
Il paraît à l'écran en 1917, mais il tourne peu et ce n'est qu'à la faveur d'une tournée américaine qu'il va vraiment débuter dans Outward Bound en 1930 (Robert Milton). Peu de cinéastes américains ont su faire honneur à sa personnalité si spéciale. Trop souvent, ils l'ont utilisé sans imagination en le faisant paraître fade. Si sa sensibilité vibre assez fort dans Outward Bound et s'il suggère d'une manière impressionnante l'attachement obsessionnel dans Chagrins d'amour (S. Franklin, 1932), Frank Lloyd (Berkeley Square, 1933) ou Archie Mayo (la Forêt pétrifiée, 1936), qui firent de lui un jeune premier, n'ont réussi à lui arracher que des créations molles et stéréotypées. Même un directeur d'acteurs aussi fin que Clarence Brown s'est laissé prendre à ses dehors en lui donnant le rôle du terne fiancé de Norma Shearer dans Âmes libres (1931). En même temps, en Angleterre, où il revenait périodiquement, des cinéastes moins prestigieux comme Harold Young faisaient honneur à son humour malicieux et à son sens de la composition comique, par exemple dans la superproduction le Mouron rouge (The Scarlet Pimpernel, 1935). D'une manière générale, l'humour a mieux réussi à Leslie Howard que le drame : il est éblouissant de verve en cabotin fat dans l'Aventure de minuit (It's Love I'm After, A. Mayo, 1937), et Tay Garnett a découvert chez lui un côté Harold Lloyd, inattendu mais irrésistible (Monsieur Dodd part pour Hollywood, id.). Bette Davis fut pour Howard une excellente partenaire, son abattage et ses tendances à l'excès réveillant les fibres les plus secrètes du comédien : ainsi sa composition d'étudiant en médecine maladif et boiteux dans l'Emprise (J. Cromwell, 1934) est-elle saisissante et finalement plus attachante que celle, trop apprêtée, de sa partenaire.
Ce film prouvait que le grand talent de Leslie Howard pouvait aisément surmonter les pires handicaps : il était trop âgé pour le rôle, comme il le fut pour Roméo et Juliette (G. Cukor, 1936), ce qui ne l'empêcha pas de conférer à son jeu une émotion juvénile qui, la surprise des premiers instants passée, balaye tout.
Il accepta son personnage le plus célèbre, Ashley Wilkes dans Autant en emporte le vent (V. Fleming, 1939), pour que David O. Selznick lui laisse tourner Intermezzo (G. Ratoff, id.). Malgré une réalisation sans envergure, sa finesse et celle d'Ingrid Bergman suffirent à donner au film l'émotion nécessaire.
Sa meilleure création est celle du professeur Higgins dans Pygmalion (A. Asquith, 1938), qu'il coréalisa. Très différente de celle de Rex Harrison dans le My Fair Lady de Cukor, plus rentrée, plus secrète, son interprétation cerne admirablement le personnage : un intellectuel pudique qui dissimule sa sensibilité sous le sarcasme et l'ironie. Pendant la guerre, en Angleterre, il interpréta l'intéressant 49e Parallèle (M. Powell, 1941), réalisa trois films (Pimpernel Smith, id. ; The First of the Few, 1942 ; The Gentle Sex ; CO : M. Elvey, 1943) et prêta sa voix à la propagande antinazie à la radio. En 1943, il s'embarqua pour une série de conférences en faveur des Alliés. Son avion fut abattu. L'Angleterre perdait un de ses plus grands comédiens.