Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
L

LABORATOIRE. (suite)

S'il y a changement de format (amplification de super 16 sur 35 mm, super 35 sur 70 mm ou réduction super 35 sur 35 mm anamorphosé), le tirage optique s'impose évidemment pour l'obtention du positif intermédiaire ou du négatif intermédiaire, selon la filière retenue par la production et le laboratoire. Ces tirages optiques s'effectuent souvent sur des tireuses alternatives, qui avancent image par image, comme un projecteur, mais à faible vitesse, moins de 10 images/seconde.

Les copies d'exploitation sont établies sur tireuses continues, dont la vitesse peut atteindre 13 000 m/h, (à 24 images/seconde, la vitesse est de 1 600 m/heure). Avec un tel débit, une seule machine travaillant en continu – aux arrêts d'entretien près – permet de tirer en quelques jours plusieurs centaines de copies !

Le tirage du son d'après le négatif son, qui s'effectue quelques dizaines de centimètres en aval de la copie de l'image, est toujours du type tirage contact continu. Le tirage humide est assez systématiquement adopté pour le tirage d'éléments intermédiaires et lors des agrandissements ou réductions ( HUMIDE).

Le négatif son.

Le négatif son est établi par des centres de report optique spécialisés à partir des éléments de mixage fournis sous forme de bandes magnétiques numériques ou de disques numériques de type informatique (disques magnéto-optiques). Avant la généralisation du son numérique, les mixages étaient fournis sous forme de films magnétiques perforés 35 ou 16 mm.

Laboratoires spécialisés.

Selon le cas, certaines opérations peuvent être réalisées par le laboratoire ou bien doivent être confiées à un laboratoire spécialisé : confection des sous-titres*, traitements de protection ou de rénovation des copies*, etc.

Aujourd'hui, la tendance est plutôt à confier tous les trucages à un ou plusieurs laboratoires spécialisés dans les effets spéciaux.

Reports vidéo ou numérique sur films.

Ces travaux sont exécutés soit au sein même des laboratoires de traitement, par un service spécialisé, soit par un prestataire spécialisé qui exécute souvent les effets spéciaux ainsi que l'étalonnage numérique. Ces reports peuvent ne concerner que les effets spéciaux, mais aussi, progressivement, l'intégralité du film pour l'établissement des positifs ou négatifs intermédiaires après étalonnage numérique (le Pacte des Loups - Duboi 2001).

LABOURDETTE (Élina)

actrice française (Paris 1919).

Elle reste avant tout l'interprète des Dames du bois de Boulogne (R. Bresson, 1945), mais elle avait débuté en 1938 grâce à Pabst (le Drame de Shanghai). Alors que son rôle émouvant dans le film de Bresson aurait dû l'imposer, elle marquera le pas (le Château de verre, R. Clément, 1950), jouant agréablement les coquettes (Édouard et Caroline, J. Becker, 1951 ; Éléna et les hommes, J. Renoir, 1956 ; Papa, maman, ma femme et moi, J. -P. Le Chanois, id. ; C'est arrivé à Aden, M. Boisrond, id. ; Snobs, J.-P. Mocky, 1961). On la verra également dans Lola (J. Demy, id.) et dans les films charmants et confidentiels de Guy Gilles, parallèlement à une carrière théâtrale intéressante.

LABRECQUE (Jean-Claude)

chef opérateur et cinéaste canadien (Québec 1938).

Au début des années 60, il collabore avec les premiers cinéastes québécois (Jutra, Groulx, Carles) tout en réalisant des essais personnels. Il impose un style documentaire précis et scrupuleux, fondé sur la souplesse de la caméra portée (la Visite du général de Gaulle au Québec, 1967). Il conduit parallèlement sa carrière de chef opérateur et celle de réalisateur de reportages qui explorent l'identité québécoise (notamment des portraits attentifs comme celui de la poétesse Marie Uguay en 1982), et de quelques longs métrages de fiction parmi lesquels les Smattes (1972) ; les Vautours (1975) ; l'Affaire Coffin (1980) ; les Années de rêves (1984) ; le Frère André (1987). Il tourne en 1988 un téléfilm : Bonjour Monsieur Gauguin, puis André Mathieu, musicien (1994).

LABRO (Philippe)

cinéaste français (Montauban 1936).

Journaliste, écrivain, homme de radio et de télévision, il réalise, à partir de 1969, divers films, généralement du genre « policier », qui lui permettent de réaffirmer son goût pour le cinéma et la littérature d'Amérique du Nord. Pas toujours convaincant dans ses choix, voulant allier, « à l'américaine », le film noir à des constats politiques, il fait souvent appel, pour donner du poids à ses personnages, aux stars du moment, notamment Jean-Paul Belmondo avec lequel il fait son film le plus personnel, l'Héritier (1973), mélodrame d'action sur le monde de la finance.

Autres films :

Tout peut arriver (1969), Sans mobile apparent (1971), le Hasard et la Violence (1974), l'Alpagueur (1976), la Crime (1983), Rive droite, rive gauche (1984).

LABUTE (Neil)

cinéaste américain (Detroit, Mich., 1963).

Après quelques expériences théâtrales, notamment comme acteur, Neil LaBute écrit et réalise un long métrage caustique, au style drôle et glacé, En compagnie des hommes (In the Company of Men, 1997), financé par des capitaux canadiens. Ce succès d'estime lui permet de réaliser son prochain film aux États-Unis, Amis et voisins (Your Friends & Neighbors, 1998), une nouvelle comédie où la satire s'émousse. Nurse Betty (id., 2000), surprenant et plus tendre, bénéficie d'un excellent scénario (une jeune femme rêveuse incapable de différencier un acteur du rôle qu'il joue) et de bons comédiens.

LA CAVA (Gregory)

cinéaste américain (Towanda, Pa., 1892 - Malibu, Ca., 1952).

La Cava est d'abord dessinateur humoristique puis un des pionniers du dessin animé. Son premier film, His Nibs (1922, avec Colleen Moore), est une comédie qui joue ironiquement sur les conventions du cinéma comme spectacle et mirage de la vie. Il réalise pendant les années 20 une série de films souvent comiques qui ont généralement pour héros Richard Dix, et à deux reprises dirige son grand ami (en beuverie notamment !) W. C. Fields (Aïe ! mes aïeux !, 1926, et Running Wild, 1927), documents précieux qui fixent à jamais l'éclat agressif et anarchique du grand comique. Dans les années 30, il réalise la plus grande partie de son œuvre et ses films les plus célèbres. D'un côté, les comédies loufoques, genre dont il est un des maîtres incontestés et qui bénéficie de ses méthodes et de son style alors peu orthodoxes (improvisation, chevauchement du dialogue), avec Mon mari le patron (She Married Her Boss, 1935), Mon homme Godfrey (My Man Godfrey, 1936), la Fille de la Cinquième Avenue (Fifth Avenue Girl, 1939), autant d'authentiques chefs-d'œuvre du genre; de l'autre, drames ou mélodrames comme Symphony of Six Million (1932), Femme d'honneur (Gallant Lady, 1934) et surtout Mondes privés (Private Worlds, 1935), qui est le premier film hollywoodien à traiter sérieusement de la psychiatrie (La Cava, très tourmenté, suivait lui-même une psychothérapie), et Primrose Path (1940), qui aborde avec une franchise qui laisse encore pantois le thème de la prostitution. Ses comédies sont plus acides que celles de Capra et, si le manichéisme du populisme leur est étranger, elles sont bien plus précises dans la description du contexte socio-politique (le chauffeur bolchévique, personnage étonnant de la Fille de la Cinquième Avenue) : parfois désenchantées, elles tendent à renvoyer dos à dos exploitants et exploités, riches et pauvres, capitalistes et révolutionnaires. En même temps, La Cava partage avec McCarey un sens du gag improvisé qui adoucit la satire de son propos. Parmi ses films sérieux, les plus réussis sont Symphony of Six Million, remarquable adaptation d'une histoire juive de Fannie Hurst, et la comédie dramatique Pension d'artistes (Stage Door, 1937), avec Katharine Hepburn et Ginger Rogers, où La Cava fit réécrire entièrement le dialogue d'une pièce à grand succès en se basant sur les notes qu'il avait personnellement prises sur le parler des pensionnaires d'un tel hôtel. Unfinished Business (1941) se situe à mi-chemin entre la comédie et le mélodrame : ce serait Lettre d'une inconnue qui flirterait parfois avec Vous ne l'emporterez pas avec vous ; un final émotionnellement très chargé fait basculer définitivement le film vers le mélodrame ; nul dérapage, mais une volonté délibérée de La Cava qui contrôle ces fluctuations de ton avec une poigne de fer. L'alcoolisme — thème souvent présent dans ses films, ainsi que celui du suicide — met à sa carrière un terme précoce. Son dernier film, Living in a Big Way (1947), avec Gene Kelly, est un mélange de comédie loufoque dans le style des années 30 et de comédie musicale dans celui des années 40. Gregory La Cava, que l'on met maintenant à la place qu'il mérite, est l'une des personnalités les plus originales de l'âge d'or hollywoodien et l'un des artisans essentiels de l'excellence de la comédie américaine.