Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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WEST (Mae) (suite)

On a beaucoup dit que Mae West était l'auteur complet de ses films. Elle les écrivait et les interprétait, c'est certain. Mais était-ce suffisant ? La médiocrité d'un Alexander Hall, la platitude d'un Gregory Ratoff (The Heat's On, 1943) ou la vulgarité d'un Michael Sarne (Myra Breckinridge, 1970) ou d'un Ken Hughes (Sextette, 1978) la font s'agiter en vain, à vide, et mettent cruellement à nu les limites de son personnage. En revanche, l'élégance d'un Lowell Sherman (Lady Lou), la vivacité d'un Leo McCarey (Ce n'est pas un péché) ou même le métier sûr d'un Wesley Ruggles (Je ne suis pas un ange [I'm No Angel], 1933) équilibrent ce qu'elle peut avoir d'irritant, de mécanique ou de vulgaire. Puisque ses projets avec George Cukor ne se sont jamais matérialisés, son meilleur metteur en scène a été le robuste Raoul Walsh, à qui l'on doit ce véritable monument à Mae West qu'est Annie du Klondike (1936). La même année, elle est dirigée par Henry Hathaway dans Go West Young Man. Bien qu'ayant eu de nombreux problèmes avec la censure et spécialement avec les journaux de William Randolph Hearst, c'est le seul film où son amoralisme s'affirme sans tabou et où un authentique cinéaste donne une forme cinématographique cohérente à tout ce qui était alors plus littéraire (et boulevardier) qu'autre chose. Notons, pour la petite histoire de la guerre, son apport involontaire au moral des aviateurs de l'US Navy : ils appelaient « Mae West » leur gilet de sauvetage... ▲

WEST (Roland)

cinéaste américain (Cleveland, Ohio, 1887 - Santa Monica, Ca., 1952).

Cet ancien acteur de théâtre et de revue établit au début des années 20, à Hollywood, une solide réputation de réalisateur. Il signa peu de films, qu'il produisit et écrivit souvent lui-même. De ses dix œuvres, peu nous sont connues maintenant. The Bat (1926) semble avoir été son plus grand succès ; West en fit une version parlante en 1931 : The Bat Whispers. The Monster (1925), étrange comédie macabre à l'atmosphère prenante, vaut par un numéro de Lon Chaney et par un scénario qui annonce la Maison du docteur Edwardes (A. Hitchcock, 1945). Enfin, Alibi (1929) est un excellent et méconnu film de gangsters. Roland West finit sa carrière en 1931, avec Corsair, qui lui valut une critique très élogieuse.

WESTERN.

Film qui a pour cadre l'ouest de l'Amérique du Nord à l'époque des pionniers. Cette définition est imprécise à dessein. Elle a le mérite de souligner que l'Ouest est affaire à la fois de géographie et d'histoire, ces deux critères n'étant d'ailleurs pas sans incidence réciproque. Toute définition du western à l'intérieur de limites plus étroites n'aboutit en effet qu'à multiplier inutilement les exceptions. Géographiquement : il n'est évidemment pas possible de s'en tenir au territoire actuel des États-Unis. Des films comme les Tuniques écarlates (C. B. De Mille, 1940) ou Vera Cruz (R. Aldrich, 1954), situés respectivement au Canada et au Mexique, appartiennent clairement au genre, même s'ils témoignent de l'existence, sur les franges de celui-ci, d'un certain exotisme, ce qui n'a rien d'étonnant puisque l'Ouest est, par définition, « frontière ». Historiquement : on ne saurait exclure du genre ni le Grand Passage (K. Vidor, 1939), dont l'action est antérieure à la guerre d'Indépendance, ni ce qu'on a justement appelé le « western moderne », comme Seuls sont les indomptés (D. Miller, 1962), même s'il s'agit, ici encore, de cas limites et s'il est vrai que la majorité des westerns se déroulent entre 1860 et 1890 environ (mais on pourra déceler à cet égard une certaine évolution du genre). La localisation de l'Ouest n'est pas fixe : elle varie selon la date considérée. Ainsi, Sur la piste des Mohawks (J. Ford, 1939), situé à la fin du XVIIIe siècle dans ce qui est aujourd'hui l'est des États-Unis, n'en est pas moins un western. Si certains westerns jouent sur le tracé précis et comme tangible d'une frontière (notamment celle du Rio Grande entre Texas et Mexique), d'autres, en nombre important, prennent pour sujet l'expansion même, la mobilité de cette frontière, la conquête de terres qui appartenaient au moins nominalement à l'Espagne, puis au Mexique (la Rivière rouge, H. Hawks, 1948 ; Alamo, J. Wayne, 1960). Un minimum de perspective historique est donc nécessaire : il faut se souvenir qu'en 1900 l'Ouest commençait à Chicago, et qu'aujourd'hui encore de nombreux éléments de la tradition western — notamment vestimentaires et alimentaires — sont vivants dans le Texas, l'Arizona ou le Colorado.

En tant que genre cinématographique, le western est presque aussi ancien que le cinéma américain. On a longtemps cité l'Attaque du Grand Rapide (E. S. Porter, 1903) comme premier western en même temps que comme un exemple précoce de véritable découpage narratif. Tout en signalant des « vignettes » western dès 1898 (on pourrait même remonter jusqu'à 1894 et à l'enregistrement de Buffalo Bill et d'Annie Oakley par le Kinetoscope d'Edison), William K. Everson voit dans le film de Porter « le premier western avec une forme re connaissable ». Jusque vers 1920, une production abondante et qui n'est guère connue aujourd'hui que de seconde main caractérise le western, avec des bandes courtes, des arguments simples, des personnages très typés. Déjà des metteurs en scène s'illustrent dans le genre, notamment Thomas H. Ince, et des acteurs qui incarnent des « types » : Gilbert M. Anderson (Broncho Billy), Tom Mix, William S. Hart (Rio Jim). C'est en jouant dans des westerns — ou en les réalisant — que quantité de metteurs en scène promis à un grand avenir « font leurs gammes ». C'est ainsi qu'Allan Dwan dirige, à partir de 1911, Jack Warren Kerrigan dans un grand nombre de films d'une ou deux bobines. Henry Hathaway fait ses débuts (comme acteur) dans une de ces bandes. John Ford, qui sera le maître incontesté du genre, joue pour son frère Francis, puis réalise en 1917 Pour son gosse, qu'il considère comme son premier film et où il dirige pour la première fois Harry Carey (qui tournera avec lui 25 autres fois) ; le héros qu'interprète Carey, bandit chassé dans le désert qui s'amende pour s'occuper d'une orpheline, préfigure celui du Fils du désert, film que Ford dédiera trente ans plus tard « à la mémoire de Harry Carey, brillante étoile au premier firmament du western ».