Film qui a pour cadre l'ouest de l'Amérique du Nord à l'époque des pionniers. Cette définition est imprécise à dessein. Elle a le mérite de souligner que l'Ouest est affaire à la fois de géographie et d'histoire, ces deux critères n'étant d'ailleurs pas sans incidence réciproque. Toute définition du western à l'intérieur de limites plus étroites n'aboutit en effet qu'à multiplier inutilement les exceptions. Géographiquement : il n'est évidemment pas possible de s'en tenir au territoire actuel des États-Unis. Des films comme les Tuniques écarlates (C. B. De Mille, 1940) ou Vera Cruz (R. Aldrich, 1954), situés respectivement au Canada et au Mexique, appartiennent clairement au genre, même s'ils témoignent de l'existence, sur les franges de celui-ci, d'un certain exotisme, ce qui n'a rien d'étonnant puisque l'Ouest est, par définition, « frontière ». Historiquement : on ne saurait exclure du genre ni le Grand Passage (K. Vidor, 1939), dont l'action est antérieure à la guerre d'Indépendance, ni ce qu'on a justement appelé le « western moderne », comme Seuls sont les indomptés (D. Miller, 1962), même s'il s'agit, ici encore, de cas limites et s'il est vrai que la majorité des westerns se déroulent entre 1860 et 1890 environ (mais on pourra déceler à cet égard une certaine évolution du genre). La localisation de l'Ouest n'est pas fixe : elle varie selon la date considérée. Ainsi, Sur la piste des Mohawks (J. Ford, 1939), situé à la fin du XVIIIe siècle dans ce qui est aujourd'hui l'est des États-Unis, n'en est pas moins un western. Si certains westerns jouent sur le tracé précis et comme tangible d'une frontière (notamment celle du Rio Grande entre Texas et Mexique), d'autres, en nombre important, prennent pour sujet l'expansion même, la mobilité de cette frontière, la conquête de terres qui appartenaient au moins nominalement à l'Espagne, puis au Mexique (la Rivière rouge, H. Hawks, 1948 ; Alamo, J. Wayne, 1960). Un minimum de perspective historique est donc nécessaire : il faut se souvenir qu'en 1900 l'Ouest commençait à Chicago, et qu'aujourd'hui encore de nombreux éléments de la tradition western — notamment vestimentaires et alimentaires — sont vivants dans le Texas, l'Arizona ou le Colorado.
En tant que genre cinématographique, le western est presque aussi ancien que le cinéma américain. On a longtemps cité l'Attaque du Grand Rapide (E. S. Porter, 1903) comme premier western en même temps que comme un exemple précoce de véritable découpage narratif. Tout en signalant des « vignettes » western dès 1898 (on pourrait même remonter jusqu'à 1894 et à l'enregistrement de Buffalo Bill et d'Annie Oakley par le Kinetoscope d'Edison), William K. Everson voit dans le film de Porter « le premier western avec une forme re connaissable ». Jusque vers 1920, une production abondante et qui n'est guère connue aujourd'hui que de seconde main caractérise le western, avec des bandes courtes, des arguments simples, des personnages très typés. Déjà des metteurs en scène s'illustrent dans le genre, notamment Thomas H. Ince, et des acteurs qui incarnent des « types » : Gilbert M. Anderson (Broncho Billy), Tom Mix, William S. Hart (Rio Jim). C'est en jouant dans des westerns — ou en les réalisant — que quantité de metteurs en scène promis à un grand avenir « font leurs gammes ». C'est ainsi qu'Allan Dwan dirige, à partir de 1911, Jack Warren Kerrigan dans un grand nombre de films d'une ou deux bobines. Henry Hathaway fait ses débuts (comme acteur) dans une de ces bandes. John Ford, qui sera le maître incontesté du genre, joue pour son frère Francis, puis réalise en 1917 Pour son gosse, qu'il considère comme son premier film et où il dirige pour la première fois Harry Carey (qui tournera avec lui 25 autres fois) ; le héros qu'interprète Carey, bandit chassé dans le désert qui s'amende pour s'occuper d'une orpheline, préfigure celui du Fils du désert, film que Ford dédiera trente ans plus tard « à la mémoire de Harry Carey, brillante étoile au premier firmament du western ».